USA 2017 : une augmentation des inégalités sans précédent

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Avec une augmentation des tensions sociales partout dans le monde

En temps normal, il n’y aurait pas plus de raison d’en vouloir aux riches de leur richesse (tant qu’elle est honnêtement gagnée) qu’aux pauvres de leur pauvreté. Mais à notre époque de capitalisme de casino, dans toute la zone d’influence des USA, France comprise, les inégalités sociales ont augmenté jusqu’à devenir proprement obscènes. D’autant plus que l’affolante accumulation de richesses par un faible nombre d’individus – les dits « 1% », qui sont de fait bien moins nombreux – ne semble pas étancher leur cupidité. Au contraire.


Rapport sur le cas des USA.




Par Chuck Collins et Josh Hoxie

Paru sur Institute for Policy Studies sous le titre Report : Billionaire Bonanza 2017




Au cours des dernières décennies, un nombre incroyable des profits et revenus des USA ont été siphonnés par le haut du spectre économique. Les Américains du bas du spectre économique, pendant le même temps, voient leurs salaires stagner et leurs économies diminuer comme peau de chagrin.



Ce rapport [compilé par les auteurs, NdT] dévoile l’extrême richesse concentrée par les fortunes des 400 Américains les plus riches et compare cette richesse à la maigreur des possessions des différents autres segments de la société américaine. Nous tirons des données de deux sources, le récemment publié 2017 Forbes 400 et le Rapport d’étude de 2016 sur les finances des consommateurs de la Federal Reserve.


Conclusions-clés :


. Les trois individus les plus riches des USA – Bill Gates, Jeff Bezos et Warren Buffett — possèdent plus de richesse que toute la moitié inférieure de la population des États-Unis, soit un total de 160 millions de personnes ou 63 millions de ménages.


. Les 25 milliardaires les plus riches des USA – un groupe de la taille d’une équipe de baseball au complet – détiennent à eux tous 1 trillion de dollars. Ces 25 possèdent autant de richesses que 56% de la population, soit un total de 178 millions de personnes ou 70 millions de ménages.


. Les milliardaires qui entrent dans le liste complète des 400 de Forbes possèdent aujourd’hui plus de richesse que 64% du bas de l’échelle économique, soit 80 millions de ménages ou 204 millions de personnes – plus de gens que les populations du Canada et du Mexique conjuguées.


. La famille moyenne américaine possède un total net de 80 000 dollars, sans compter la voiture de la famille. Les 400 de Forbes possèdent plus de richesses que 33 millions de ces familles typiques américaines.


. Une famille américaine sur cinq, plus de 19%, ont des avoirs nets équivalents à zéro ou négatifs. Les ménages défavorisés forment une part encore plus grande de ménages de couleur. Plus de 30% des ménages noirs et 27% des ménages latinos ont des avoirs nets équivalents à zéro ou négatifs.


Ces chiffres sous-estiment nos niveaux actuels de concentration des richesses. Le recours croissant à des paradis fiscaux et à des mécanismes fiduciaires légaux ont facilité l’occultation de richesses à un niveau jamais atteint auparavant.


Pour réduire ces inégalités extrêmes, nous devons commencer par deux démarches-clés :


. D’abord, nous ne devons pas empirer les inégalités à travers de nouveaux cadeaux fiscaux aux plus riches. Les réductions d’impôts proposées par Trump pour les plus riches [NdT : ou l’abolition de l’ISF en France, qui s’appuie sur exactement les mêmes arguments], telles que prévues, augmenteraient les fortunes des 1% sans réduire les rangs de la nation défavorisée des USA.


. Ensuite, nous devons mettre en oeuvre des politiques visant à réduire les richesses concentrées. Les inégalités vont continuer d’augmenter si nous n’intervenons pas directement pour réduire les grandes concentrations de richesses privées. En taxant les ménages les plus riches, nous pourrions lever des fonds considérables, puis investir ces fonds pour étendre les opportunités de création de richesses à travers l’économie [NdT : ce qui remet au centre du débat l’importance des entreprises et investissements d’État, et non plus privés]. Nous pourrions également mieux distribuer les richesses en facilitant l’accès à la propriété des employés, les plans d’épargne et d’autres initiatives de ce type.


Le rapport complet (en anglais).


Chuck Collins est expert des inégalités aux USA. Il est l’auteur de plusieurs livres sur le sujet, dont « Wealth and Our Commonwealth » co-écrit avec Bill Gates Sr. 

Josh Hoxie est politologue et économiste. Il a travaillé en tant qu’adjoint législatif auprès du sénateur Bernie Sanders.


Traduction et notes Entelekheia

Photo Pixabay