«C’est pas une charte sur le linge». Voilà en quels termes aussi colorés qu’ineptes notre chère ministre de la Justice du Québec, Stéphanie Vallée, a répondu aux critiques sur le projet de loi 62 portant sur la neutralité de l’État.
Car la députée de Gatineau, responsable de la région de l’Outaouais, ne comprend pas les objections de tous ceux qui ne trouvent pas heureuse, disons-le comme cela, l’idée pour les représentants de l’État d’afficher des symboles religieux dont le voile est l’expression «soft», le tchador la version «hard» et la burqa le char d’assaut.
«Le linge» auquel fait référence Stéphanie Vallée nous donne encore une fois l’occasion de mettre en lumière la lamentable utilisation des mots par les politiciens. D’ailleurs, la ministre de la Justice en remet: «L’État, déclare-t-elle, n’a pas de croyance et n’a pas de non-croyance». Cette phrase interpelle les philosophes. On peut douter que le ministre se réclamant de sa culture générale adapte en vulgarisant la phrase «Être ou ne pas être» de William Shakespeare.
Comme les mots ne sont jamais innocents, c’est-à-dire que l’usage qu’on en fait ne relève pas du hasard, mais de la capacité intellectuelle et affective de décrire la réalité, il faut hélas! en conclure que Stéphanie Vallée est à court d’arguments!
Laïcité version québécoise
Ce projet de loi 62 parle de neutralité, ce mot évacuant celui de laïcité, lequel est chargé de sens, d’histoire et de vision. C’est une fabrication maison dont le maître d’œuvre à l’évidence est le premier ministre lui-même. Philippe Couillard, qui affiche son image rationnelle en quasi toutes circonstances, doit se réjouir d’offrir au peuple la neutralité frette et blanche comme un lavabo, comme le chanterait Robert Charlebois. À ses yeux, la laïcité est incandescente et source d’incendie social. Il laisse Jean-François Lisée se brûler les doigts et les mains et la tête, alouette, avec ces matières combustibles.
Notre premier ministre médecin mise sur le coma volontaire d’un large électorat usé par ces débats lassants. Les Québécois affichent leur statut de gens heureux selon le Code Québec et ce trait culturel est la planche sur laquelle le PLQ espère surfer vers un second mandat.
Une province comme les autres
Car ce projet de loi, du sous-produit Bouchard-Taylor, s’il anesthésie efficacement les électeurs au point où il devient loi, fera du Québec l’annexe multiculturelle d’Ottawa et une province comme les autres, c’est-à-dire sans identité culturelle, comme le proclame au sujet du Canada le fringant, optimiste et idolâtré premier ministre, appuyé par 62 % des gens, y inclus les Québécois.
La ministre Stéphanie Vallée ne saisit peut-être pas la pensée tortueuse, hautaine, mais si déterminée de son patron, celui à qui elle est redevable de son poste prestigieux. Elle est aux ordres et agit avec prudence.
N’oublions pas que Philippe Couillard l’avait désavouée lorsqu’elle avait déclaré qu’un mariage religieux n’était pas nécessairement un mariage, mais peut-être une union spirituelle sans les obligations juridiques prévues par le Code civil.
Son projet de loi 63 n’est pas «une charte sur le linge», mais avec son adoption le torchon brûlera, croient tous ceux qui ont le sens de la symbolique en matière religieuse.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé