PANNES D'ÉLECTRICITÉ

Un réseau vieillissant

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Mais surtout, des choix discutables

Au moment d’écrire ces lignes, plus de 100 000 foyers sont toujours privés d’électricité à Toronto, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Le climat est en cause, évidemment, mais devant ces pannes « exceptionnelles » de moins en moins exceptionnelles, peut-on espérer plus qu’une réaction de fatalité de la part des autorités ?

Il y a un an, le 21 décembre, 110 000 foyers des Laurentides ont été privés d’électricité pour une durée allant de quelques heures à sept jours à la suite d’une bordée de neige. En juillet suivant, des rafales atteignant 100 km/h ont privé 560 000 clients d’Hydro-Québec de courant dans plusieurs régions. Là encore, certains ont dû attendre une semaine avant d’être rebranchés.

Début novembre, 350 000 foyers (parfois les mêmes…) subissaient à leur tour une coupure de courant qui a aussi duré plusieurs jours pour des milliers d’entre eux. Et pour clore 2013, 350 000 résidences et commerces de Toronto et 278 000 du Québec ont subi des coupures de courant plus ou moins prolongées, cette fois à cause du verglas.

Devant cette revue sommaire qui n’inclut que des pannes majeures, comment ne pas trouver quelques failles à un réseau de distribution d’électricité qu’on nous présente toujours comme étant l’un des plus fiables au monde ?

Certains diront qu’on ne peut pas grand-chose contre une tempête qui laisse 35 mm de verglas sur son chemin. Pourtant, le phénomène n’a plus rien d’exceptionnel. De même pour le vent : dans certaines régions comme les Laurentides et Lanaudière, les gens sont à peu près certains de subir une panne de courant chaque fois qu’Environnement Canada annonce des rafales de plus de 70 km/h. On ne parle pourtant pas de tempête tropicale, mais de vents bien ordinaires dont la particularité est de faire tomber des branches sur des fils situés trop près.

Hydro-Québec n’est pas seule en cause. L’an dernier, un important rapport commandé par l’administration américaine en venait à la conclusion que l’ensemble du réseau d’électricité nord-américain avait vieilli et qu’il exigeait d’importants investissements pour en assurer la fiabilité dans un contexte de réchauffement du climat.

Parmi les principales recommandations, on revenait sur l’intérêt d’enfouir les fils en zones urbaines non côtières et dans les nouveaux quartiers, de remplacer progressivement les poteaux de bois par des fûts de béton et d’encourager l’installation d’appareils de production secondaire. Toutes choses que proposait aussi la commission scientifique et technique québécoise créée dans la foulée du grand verglas de 1998.

Le Québec a investi des centaines de millions après 1998 pour renforcer l’approvisionnement de son centre économique et financier. Mais pour le reste, rien !

Hydro-Québec n’est pas seule responsable puisque le gouvernement lui-même insiste pour qu’Hydro se concentre sur la construction de barrages avec de l’argent emprunté à long terme et lui verse des dividendes à court terme, au lieu de dépenser pour améliorer la fiabilité de la distribution aux consommateurs. Même les opérations d’élagage des arbres se font plus rares que par le passé.

Quant à l’enfouissement des fils, faute d’être imposée, la mesure rencontre la résistance des élus municipaux et des promoteurs qui refusent d’inclure le coût dans le compte de taxes ou le prix de vente des maisons. Pourtant, il n’y a qu’à visiter une ville comme Lorraine, en banlieue de Montréal, pour apprécier l’impact sur le paysage urbain autant que sur la fiabilité du réseau et la valeur des propriétés.

Faute de mieux, les Québécois qui dépendent plus que tout autre Nord-Américain de l’électricité pour se chauffer en sont réduits à subir les conséquences stressantes des pannes fréquentes, ou à investir eux-mêmes pour se protéger. Or, même là, ils font face à l’opposition d’élus locaux qui, comme à Montréal, militent pour interdire les appareils secondaires de combustion au bois sous prétexte de protéger la santé publique. Il serait pourtant si simple de décréter une telle interdiction les jours de smog au lieu de forcer tous les propriétaires de foyers au bois à condamner leur installation ou à la remplacer par un foyer au gaz ou un poêle à granules qui fonctionne… à l’électricité.


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