Pascal Bérubé est un excellent député et un des meilleurs orateurs de l’Assemblée nationale.
Il a le Québec à cœur, c’est un fier nationaliste et un vrai indépendantiste, un héritier, à sa manière, de René Chaloult. C’est le meilleur représentant du Parti Québécois au Parlement.
Et avant-hier, il a fait un discours essentiel, à propos de la décision insensée du gouvernement caquiste de céder, à l’initiative du PLQ, l’ancien site du Royal Victoria à l’Université McGill, alors qu’il aurait pu l’accorder à une institution francophone, comme l’UQAM ou l’UdeM, et faire un geste décisif pour l’avenir du français à Montréal.
Royal Victoria
Bérubé parle le langage de l’histoire.
Il rappelle que ce n’est pas seulement l’équilibre linguistique de la métropole qui est menacé par ce geste de soumission, c’est la présence même du français au centre-ville et son existence plus largement dans la métropole. À travers McGill, l’hégémonie anglophone sur Montréal sera parachevée.
Il se demande avec raison ce qui explique ce geste.
Est-ce parce que la CAQ souhaite séduire le vote anglophone ? Évoquons une autre possibilité. Derrière cela, notre vieux réflexe colonisé qui se réactive.
Au Québec, l’anglais demeurera la langue de prestige, et le gouvernement officiellement nationaliste de la CAQ fait ce qu’il peut pour qu’elle le soit encore davantage.
On vénère McGill sans voir qu’elle est déjà surfinancée par rapport au poids démographique de la communauté historique anglaise au Québec, sans voir, surtout, qu’elle incarne bien cette posture « montréaliste » consistant à se définir par rejet ou dédain de la société québécoise.
Redisons-le : le Québec finance à même ses fonds publics sa propre anglicisation.
Sur le plan linguistique, nous dit Bérubé, depuis le début de son mandat, la CAQ aura lamentablement échoué.
Sa loi 96 est une blagounette, un machin pour juristes qui ne pose d’aucune manière la question de l’inversion de la tendance démographique favorisant l’anglicisation.
Elle n’aura pas réduit les seuils d’immigration et consent même pratiquement à leur augmentation.
Elle n’aura pas imposé la loi 101 au cégep alors qu’une coalition exceptionnelle se mobilisait en sa faveur, et aura ainsi gâché une occasion historique de parachever la Charte de la langue française.
Indépendantistes
La CAQ peut se vanter de nous avoir donné la loi 21, d’avoir aboli le cours ECR, et François Legault, d’avoir courageusement résisté à la campagne, mais son bilan nationaliste, à un an des élections, est bien mince, pour ne pas dire ridiculement maigre. Pour ne pas dire qu’il fait pitié. Ou qu’il est gênant. Ou tout cela à la fois.
On en revient à Pascal Bérubé. Et au rôle du PQ, dirigé par Paul St-Pierre Plamondon. Devant le nationalisme de carton-pâte de la CAQ, qui cache notre régression derrière de ronflants discours patriotiques, les indépendantistes proposent une définition sérieuse de notre intérêt national et de ce que voudrait dire défendre notre identité.
Au fond d’eux-mêmes, bien des députés caquistes doivent en être conscients.