La confiance aux politiciens

Un échelon avant les vendeurs de chars usagés

Tribune libre 2009




Le dernier sondage Léger Marketing, publié le 30 mars 2009, confirme que
les citoyens du Québec ne font plus confiance aux politiciens. Les pompiers
(96 %) suivis des infirmières et des médecins (91 % et 89 %) ouvrent le
palmarès. Ils sont suivis des facteurs, des fermiers. Les enseignants
s’inscrivent par la suite avec un score enviable : 80%. Puis, suivent dans
l’ordre, les électriciens, les vétérinaires, les ingénieurs, les policiers,
les notaires, les plombiers, les sondeurs, les juges, les chauffeurs de
taxi, les économistes, les chiropracticiens, les journalistes, les
acupuncteurs et les banquiers. Les gens d’Église récoltent un maigre 30 %,
suivis des avocats avec un piètre 26 %. Puis, les courtiers d’assurance,
les vendeurs d’autos neuves, les agents d’immeuble, les publicitaires
s’accrochent à une moyenne oscillant autour de 25 %. Les syndicalistes et
les hauts fonctionnaires ne recueillent visiblement pas la cote du public.
Les premiers reçoivent la confiance de 13 % des citoyens. Les seconds, 12
%. Les politiciens sont cloués au pilori avec 6% d’appuis, tout juste
avant les vendeurs de voitures usagées. En 1989, 18 % des répondants
accordaient leur confiance aux politiciens. Vingt ans plus tard, leurs
appuis sont presque anéantis.

Toutes les professions du Québec fixent et exigent certains critères afin
d'en arriver à exercer un métier ou une profession libérale. Il est
nécessaire, par la suite, de la faire reconnaître par un comité de
sélection. Subir parfois l’épreuve d’une période d’essai. Accumuler de
l’expérience et se faire confirmer par ses pairs qu’un certain niveau de
compétence a été atteint.

Rien de tel en politique. Pour occuper un des 125 sièges de l’Assemblée
nationale, il suffit de remplir un formulaire déjà préparé par le Bureau
des élections du Québec, de le faire signer par au moins une centaine de
citoyens aptes à voter et de le déposer au bureau électoral de la
circonscription où habite le candidat. Aucun examen d’admission. Aucun test
d’éligibilité. La carte de citoyenneté permet à tout homme et à toute femme
habitant au Québec de briguer les suffrages. Il est donc possible, avec une
bonne organisation, qu'un citoyen arrive à se faire élire député d'une
circonscription, avec plus ou moins de préparation, disposant d'une
formation minimale, méconnaissant les méandres de la gouverne des affaires
de l’État, incapable d’écrire correctement sa langue maternelle, souvent
aussi incapable de s’exprimer correctement dans la langue du pays.

Y a-t-il des gens qui ont réussi à hisser leur niveau d’incompétence au
Salon de la race à Québec? Pour le savoir, il vous suffit de vous asseoir
dans un bon fauteuil, du mardi au jeudi, de 14 heures à 15 heures, afin
d’assister, en direct, à la Période de questions et réponses orales,
télédiffusées sur le Canal de l’Assemblée. Constat primaire : certains
ministres éprouvent des difficultés sévères d’élocution et de
prononciation. Bon nombre d'entre eux maîtrisent difficilement les
exigences de la langue maternelle. En cela, l’Opposition officielle n’est
pas en reste. Plusieurs vétérans massacrent constamment la langue de
Molière. Il sont suivis d'un bon nombre de jeunes loups, nouvellement élus,
qui bafouillent, à qui mieux mieux, et qui trébuchent, en interrogeant le
gouvernement, sur les mots les plus usuels du bon parler quotidien.
Certains de leurs écrits ne mériteraient pas la note de passage en 5e
secondaire. Les questions posées, les réponses données, frisent
l’infantilisme, la gueulade de ruelles, les bras-le-corps des gamins de
quartiers. L’opposition n’est jamais contente du gouvernement. Le
gouvernement n’est jamais content de ce que jadis, l’Opposition officielle
faisait lorsqu’elle gouvernait. On assiste, tous les jours, à des
gamineries dignes du réseau des maternelles.

Nestor Turcotte
Matane
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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3 commentaires

  • Christian Montmarquette Répondre

    1 avril 2009

    Je crois que ce n’est pas tant le facteur linguistique le problème, même s’il demeure tout de même le triste reflet d’un manque de compétence.
    J’irais même jusqu’à dire qu’au-delà de la compétence, nous devrions peut-être nous intéresser beaucoup plus à «l’intégrité» et aux « valeurs » de nos représentants-tes.
    Mais, la politique étant actuellement faite, que ce sont les partis et les chefs qui mènent surtout la barge.
    De plus, comme je le répète souvent, il est malsain politiquement de remettre sans cesse les mêmes partis au pouvoir. Car les citoyens s’exposent ainsi à la corruption et aux magouilles d’intérêts.
    Les vieux partis sont usés, inféodés, affairistes et bourrés de carriéristes qui n’en n’ont que pour leurs grassouillettes pensions à vie au bout de deux mandats.
    La population peut bien se plaindre de nos politiciens tant qu’elle voudra, mais il n’en demeure pas moins que très peu de gens se préoccupent véritablement de politique.
    Pourtant, comme nous disions dans la gauche… « Si tu t’occupes pas de la politique… c’est la politique qui va s’occuper de toi…» C’est d’ailleurs pourquoi nous avons créé Québec solidaire.
    Tout le monde le sait, le PQ avait l’indépendance à l’Article premier de son programme… Et pourtant… Nous attendons toujours après… Tant et tellement, que cela finira par être un enjeux désuet. C’est d’ailleurs pourquoi je défends l’idée de l’élection référendaire… Parce que normalement, un parti conformément élu, «doit» remplir son mandat ou alors, démissionner.
    À cet égard, je me demande toujours comment il se fait, que l’exécution du programme d’un parti, ne constitue pas un «engagement formel» de remplir le contrat pris avec la population en période électorale… sans quoi, la population devrait disposer du droit de le démettre… Comme il devrait d’ailleurs en être de même des députés.
    Procédure de destitution
    Nous avions d’ailleurs une telle mesure dans le programme de Paul Cliche en 2001 dans Mercier : Des assemblées citoyennes régulières de circonscriptions avec une procédure de destitution du député si nécessaire.
    Mais encore faudrait-il que les citoyens l’exigent, tout comme le suffrage proportionnel, les élections à dates fixes et tout le reste de la démocratie qu’il faudrait actualiser.
    Si on ne donne pas une bonne note aux politiciens, combien faudrait-il donner à ceux et celles qui les élisent… ?
    Mais, j’accorderai tout de même aux citoyens l’indulgence que nos gouvernements font tout ce qu’ils peuvent pour entretenir le cynisme, le découragement et la désaffection politique de notre population…
    Christian Montmarquette
    Membre de Québec solidaire
    Militant pour l’éradication de pauvreté et l’indépendance du Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    1 avril 2009

    Bonjour!
    Vous avez raison dans votre argumentaire.Beaucoup de gamineries et des élus au pouvoir et dans l'opposition qui parlent un très mauvais français.
    Mais très peu d'électeurs sélectionnent le canal TV de l'Assemblée nationale.Les élus ne sont pas inquiétés par leurs comportements langagiers.Les bonnes relations «d'affaires de comté»favorisent plus leur réélection qu'un beau langage.
    On a ridiculisé le beau langage de M.Landry,de Mme Beaudoin.
    Mais il y a pire;
    la récupération de délégués syndicaux actifs et efficaces,nommés à de beaux postes de fonctionnaires
    le «couchage» cenrales syndicales et gouvernements...la finale
    d'un film québécois.

  • Jacques A. Nadeau Répondre

    1 avril 2009

    Il y a 5 aspects qui m'interpellent dans votre texte.
    1) Le sondage Léger Marketing. Où sont donc passés les hommes et femmes d'affaires dans ce sondage? Puisqu'on parle de «gens d’Église» dans ce sondage je ne vois pas pourquoi on ne parlerait pas des «gens d’affaires» également.
    Aussi, donnez-nous svp la référence pour le sondage Léger Marketing pour qu'on puisse consulter par un lien Internet. Après tout, ce sondage est le point de départ de votre texte.
    2) C'est drôle mais j'ai la nette impression que vous n'avez pas compris qu'un sondage reflète des perceptions. Pas nécessairement la réalité. Se pourrait-il que les mêmes médias qui ont «mal interprétés» les propos du pape - ce qui était la prémisse de votre texte du 29 mars - aient également mal présentés et interprétés les politiciens et leurs propos?
    3) Votre proposition d'exiger que les futurs politiciens soient formés comme l'on forme des professionnels et qu'ils se fassent «reconnaître par un comité de sélection.» Et qu'ils subissent « parfois l’épreuve d’une période d’essai.» Qu'ils accumulent «de l’expérience et [qu'ils se fassent] confirmer par [leurs] pairs qu’un certain niveau de compétence a été atteint.» relève d'une conception d'un système politique qui n'a rien à voir avec la démocratie québécoise. Ni même avec la démocratie en général. Pouvez-vous nous donnez plus de détails sur ce système politique? Avez-vous des exemples, des références?
    4) Le gros du travail d’un politicien se déroule dans les commissions parlementaires. Et cela demande beaucoup de préparation. La période des questions devrait être perçue comme une pause pour les politiciens. Elle est destinée à un public peu portée sur l’étude approfondie des dossiers. C’est en quelque sorte un moment de détente dans la journée de travail d’un politicien. Ce n’est vraiment pas là que vous devriez vous concentrer si vous voulez comprendre ce qui se passe en politique. Surtout pas avec une formation comme la votre!
    5) Au final, votre texte contribue à entretenir le cynisme à l’égard des politiciens plutôt que d’expliquer et de mettre en perspective. Je ne veux pas être méchant (réellement pas, croyez-moi) mais ayant une formation en science politique, je ne peux percevoir votre intervention que comme un équivalent écrit de ce que l’on qualifie de radio-poubelle ailleurs. Je le répète; sans méchanceté.

    PS À l'avenir pourriez-vous svp donner des références dans vos textes. Des liens web seraient très appréciés. Merci.
    Jacques A Nadeau