Le Québec est une formidable terre d’accueil. De tout temps. Je suis à même d’en témoigner, et je suis aujourd’hui heureux, après trente années, d’être un membre de la famille québécoise élargie. Jusqu’à preuve du contraire cependant, le Québec demeure une province du Canada et, conséquemment, il ne détient pas tous les pouvoirs en matière d’immigration.
Bon an, mal an, Ottawa augmente significativement ses seuils sans se soucier de la capacité d’accueil du Québec. Et en vérité, sur la base des accords en immigration entre les deux capitales, quand Ottawa augmente ses seuils, le Québec, province qui n’a pas la totale maîtrise de ses pouvoirs en matière d’immigration, subit la pression de la tendance dictée unilatéralement par le fédéral.
Immigration permanente
Tel que résumé dans le tableau* ci-après, il apparaît que, proportionnellement, le Québec n’a cependant admis que la moitié du nombre de personnes au Canada, comparativement à l’Ontario et à la Colombie-Britannique. Même à 51 000 admissions en 2018, cela représentait à peine 2/3 de 1 % de sa population.
* Sources : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, site Open Government et de Statistiques Canada. Chiffres de 2019
Selon les chiffres, on ne peut objectivement pas parler d’immigration massive relativement aux seuils établis au Québec. Le choix du Québec est de ne pas suivre la tendance canadienne en maintenant bas le nombre d’admissions sur son territoire, année après année.
Le cercle vicieux
En maintenant bas le nombre d’admissions économiques, le Québec fait également le choix de diminuer son poids démographique au sein du Canada, et politique au sein du Parlement fédéral, chaque année. Il y perd également en termes de calculs de certains transferts et subventions fédéraux.
Par ailleurs, suivre la tendance canadienne en termes de hausse de seuils d’immigration, sans prendre les mesures nécessaires pour notamment renforcer le français comme langue du travail, c’est exposer le Québec à une perte potentielle de contrôle sur son avenir linguistique et culturel. C’est contribuer à l’altération de sa spécificité en Amérique, car sa capacité en matière de francisation et d’intégration est relativement limitée.
Du point de vue de Québec, la recherche d’un équilibre entre la hausse et la baisse des seuils d’immigration sur son territoire s’impose alors. Et dans la quête de cet équilibre, ce n’est pas de l’émotionnel et de l’arbitraire dont on a besoin ; c’est de lucidité et de rationnel.
Or, à l’évidence, la tendance des débats entourant l’enjeu des seuils d’immigration au sein de la classe politique québécoise s’inscrit régulièrement dans l’émotion, l’ambiguïté et la toxicité. Cela empêche un débat apaisé. D’où la nécessité d’être éclairé par des sources objectives ne souffrant d’aucune idéologie ni de dérive émotionnelle, voire sectaire. Cela nous permettrait collectivement de naviguer sans chavirer.