Nous connaissons bien les grèves où les employés cessent la production ; pour les travailleurs de la construction, la grève est rarement possible, outre les méga chantiers, ils cherchent constamment des emplois. Concernant M. Bernard Gauthier, je condamne les moyens employés, comme tout le monde, et je comprends l’humiliation et l’injustice ressenties par les victimes, même si elles-mêmes pouvaient avoir des choses à se reprocher. On ne peut pas attenter à l’intégrité physique ou psychologique des gens.
Il y a un malaise avec ce que Bernard Gauthier nous a dit cette semaine à la Commission Charbonneau : personne ne veut approuver ses méthodes mais la plupart des gens comprennent les intentions et les approuvent. Je ne connais pas Rambo mais manifestement, ce qu’il veut faire est noble.
Il faut faire la part des choses. Menacer les gens, les intimider, ça ne se fait pas. Cependant, pour être constructif, avant de reprocher à Rambo ses méthodes, nous serions bien avisés d’examiner et de réformer l’injustice qu’il combat. Faire la part des choses, c’est aussi examiner les dires de M. Gauthier : si c’est bien vrai qu’ailleurs au Québec, dans la majorité des cas, les employeurs en construction négocient les acquis des employés, il ne faut pas casser la Côte-Nord, il faut que le reste du Québec nous imite.
Si j'ai bien compris, actuellement la mobilité des travailleurs n'est pas seulement favorisée, elle est imposée dans les faits, au détriment des travailleurs des régions qui n'exportent pas leurs contracteurs. Comme M. Gauthier l'a suggéré, renchérissant sur la proposition de M. Renaud Lachance, il est raisonnable de penser que la loi pourrait fixer un ratio de travailleurs provenant de la région concernée, un ratio modulé selon le niveau d'emploi du moment dans la région.
Bernard Gauthier et les travailleurs en construction de la Côte-Nord se battent depuis des années pour seulement être entendus. Je connais ça.
Je n’ai aucun lien avec le monde de la construction. Je suis un fonctionnaire, je travaille aux Escoumins et quelques fois à Forestville, sur la Côte-Nord. Je vis chaque jour le spectacle désolant de l’inertie des structures, de l’incapacité de s’adapter et du gaspillage involontaire et souvent inconscient des ressources. Je ne peux pas en dire plus et ce n’est pas mon propos.
Bernard Gauthier dit et répète que lui et les travailleurs qui le soutiennent ne cesseront jamais de se battre pour se faire respecter. Je répète : ne cesseront jamais de se battre pour se faire respecter.
Ailleurs dans le monde, on dira que voilà bien un minimum pour vivre sa vie de citoyen dans un régime qui se dit démocratique. Ici, dans notre société fortement conditionnée, que dira-t-on ? Il y a un malaise, nous ne sommes pas habitués à ça, quelqu’un qui se tient debout. C’est encore chaud et les différents commentateurs officiels semblent encore hésiter à reconnaitre la justesse de ce que défend M. Gauthier.
Je pense que c’est ce que j’apprécie le plus : M. Gauthier fait vaciller quelque peu les certitudes des travailleurs de l’information, nos journalistes et commentateurs autorisés que le travail quotidien a rendus sourds et aveugles, habitués et confortables. Ces salariés qui fabriquent l’opinion publique ne se rendent pas compte, sauf exception, à quel point ils reproduisent les schèmes et favorisent l’inertie du système.
Observons dans les prochains jours la SRC, la Presse et leurs semblables, je crois bien que, dans un réflexe défensif face à la menace à l’ordre établi, ils feront la même job de bras à Rambo et aux travailleurs de la Côte-Nord qu’ils ont fait à Hérouxville.
Déterminé et prêt à assumer, Bernard Gauthier réhabilite le droit de s’indigner, de réagir et de persévérer pour contrer ce qui semble immuable. Le Québec est empêtré dans sa bureaucratie. À un moment donné, quand ça fait trop longtemps que ça niaise, tu procèdes en acceptant les troubles que ça engendre.
Imaginez un gars comme M. Gauthier à la tête du gouvernement, déterminé à faire l’indépendance du pays. Enfin quelqu’un qui a compris : quand l’adversaire triche et pèse de tout son poids pour t’écraser, tu te défends, tu prends les moyens appropriés, tu ne commences pas à jouer au puriste en tentant de respecter tout ce que l'adversaire bafoue, c'est ridicule. Surtout, tu ouvres les yeux des gens.
Quand la bureaucratie temporise
Rambo Un phénomène à comprendre
Les travailleurs veulent être entendus
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
2 mars 2014Je suis originaire de la côte-nord, de Sept-Îles.Je suis dans la région de Québec depuis maintenant plusieurs années.J'ai été un travailleur de la construction, dans mes années à Sept-Îles.Ce que Mr.Gauthier à décrit ,je l'ai vécu, c'était toujours les travailleurs de l'extérieur qui avaient les postes en premier,il fallait mettre le poing sur la table pour être embauché,c'était dans les années 70.Je dis bravo à ce monsieur ,il a défendu toute une région.
Marcel Haché Répondre
1 mars 2014Quant à moi, si c’est pas Rambo, ce sera Zorro, mais en tous les cas ce ne sera pas Manchot… Gauthier n’a sans doute pas toujours raison, mais il a ce qu’on appelle en politique de la légitimité. Et ça, je ne vous l’apprends pas Pierre Bouchard, ça fatigue les fatigués en titi.
Archives de Vigile Répondre
1 mars 2014Nous sommes tous là, les purs, à condamner la méthode Rambo. Personne ne lui conseille d'alternative. Si nous en connaissons plus que Rambo, alors qu'on lui dise comment il peut faire autrement pour obliger les entrepreneurs à engager ses gens sur les chantiers.
La juge Charbonneau: vous devrez arrêter l'intimidation; vous la remplacer par quoi , madame la juge. Un outrage au tribunal pour tout le monde?
Si le décret de la construction ne correspond pas à la réalité, alors arrêtons de jouer à la cachette et changeons-le. Si on veut que les opérateurs ou les plombiers ou les hommes de métier travaillent comme journaliers pendant un bout de temps durant la journée, négocions-le, et que les entrepreneurs cessent d'être hypocrites et appliquent le décret à la lettre. Parait-il que c'est la loi.
Et c'est ce que l'on blâme Rambo de faire.