Haro sur le Canadien-Français!
3 juillet 2019
Entièrement d’accord avec vous. Les commentateurs autorisés, c’est-à-dire ceux qui ont une tribune grand public, se voient un peu comme des pionniers, des pères de la future nation québécoise. Ils ont tous perdu l’objectif de vue : ne pas disparaître, survivre et s’épanouir.
À l’heure où la maison brûle, sachant que notre peuple sera mathématiquement éliminé d’ici 15 ou 20 ans, ces gens persistent dans leur travail de fondation d’une nation nouvelle, avec des citoyens purs et vertueux qui feront du futur pays du Québec un modèle pour l’humanité. La maison brûle, il faut sauver notre peau avant de jaser décoration, mais ils ne veulent rien savoir.
Ils veulent fonder un pays tout neuf et, quant à savoir qui seront les gens qui l’habiteront, ça semble très secondaire pour eux. Ils ne veulent pas du tout empêcher notre mort, ils veulent un pays coute que coute même si nous, notre peuple, ne sommes plus là pour lui donner sa couleur. Ils veulent reproduire un Canada au Québec.
Je trouve cela irresponsable et scandaleux. Je demande à ces gens de prendre le temps de s’informer, de voir et de comprendre l’évidence : même si nous avons jeté par-dessus bord notre appellation canadienne-française pour prendre celle de Québécois, nous sommes toujours les mêmes, les seuls pour qui l’indépendance est intéressante et vitale. Nous avons décidé qu’il n’y a plus de citoyen canadian au Québec, que nous sommes tous pareils, mais ce coup de baguette magique a dupé seulement notre peuple, les canadiens-français. Les canadians du Québec, qui existent toujours malgré notre schizophrénie collective, n’ont pas changé leur façon de voir les choses.
La québécitude continuant son œuvre destructrice, les nouveaux penseurs, de façon générale, continuent de penser dans le même moule, sauf exception. Qu’il est difficile d’admettre s’être trompé, s’être fait avoir. Qu’il est difficile de voir son propre conditionnement. Il est bien plus rassurant de se faire accroire qu’il n’y a plus de dominant ni de dominé, que nous sommes passé à autre chose, sans comprendre qu’en fait, nous sommes à présent en attente dans le couloir de la mort, et notre pas s’accélère de jour en jour, aidé par ces gens qui ne voient plus clair.