Fabrications et relectures

L’insupportable déni de Facal et du PQ

Il faut avoir du front tout le tour de la tête

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Tribune libre

J’ai toujours apprécié l’intelligence de Joseph Facal mais je ne l’avais jamais entendu dire ce qu’il a dit dans son article Les petites colères du colonisé cocu. Sa conclusion est une relecture de l’histoire récente qui perdure chez les péquistes. Aucun des faits documentés et connus de tout le monde ne peut leur ouvrir les yeux. Je ne sais pas si c’est un étonnant manque de lucidité ou les conséquences d’un endoctrinement puissant, probablement les deux. Pour la suite je m’adresse à M. Facal et aux péquistes en général.


 


Vous concluez votre texte en disant : « Les Québécois francophones ont choisi de demeurer dans un Canada où leur poids baisse continuellement.     Il y a des conséquences à cela, mes amis.     Il aurait fallu y penser avant... ou assumer ces conséquences sans ces jérémiades minables qui suscitent un agacement compréhensible chez nos voisins.     Exiger le respect quand on plie toujours, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre. »


 


Ce que vous dites là est odieux, c’est un mensonge, une fabrication, c’est complètement faux, la réalité est le contraire : au référendum de 1995 60% des Québécois francophones ont dit Oui au gouvernement du PQ. Les Québécois francophones n’ont pas choisi de demeurer dans le Canada, vous inversez les faits, ils ont dit Oui au PQ.


 


La base électorale naturelle du PQ, les Québécois francophones, est prête depuis longtemps, depuis quelques décennies le taux d’appui à la souveraineté se maintient entre 30% et 40% bien au-dessus de l’appui au PQ. Contrairement à votre idée fixe que les Québécois francophones ne seraient pas prêts, qu’ils ne comprennent pas les enjeux, etc., ce n’est pas vrai, ils sont prêts depuis longtemps c’est très très clair, c’est le PQ qui refuse de prendre ses responsabilités et d’agir en conséquence.


 


La petite leçon que vous servez au peuple est comme une poutre que vous avez dans l’œil. M. Facal : le PQ nous a abandonné, vous n’avez pas continué le combat malgré cette victoire historique en 1995, notre première grande victoire depuis la Conquête.


 


À l’époque du référendum de 1995 et depuis ce temps, le PQ et tous les commentateurs autorisés s’en sont strictement tenus à l’analyse néolibérale (aujourd’hui on dit progressiste) binaire : l’ensemble de la population habitant au Québec a voté Non. Personne n’a insisté avec l’autre résultat plus important, le résultat fondamental dans la résolution de la question nationale, notre victoire à nous les Québécois francophones.


 


J’insiste : ce fut la première grande victoire depuis la Conquête, enfin nous affirmions formellement notre existence sur cette planète et notre volonté ferme de ne pas disparaître. Eut-il fallu faire notre affirmation nationale avec un vote à 90% ? D’où vient cette démocratie tordue ?


 


Si le PQ n’avait pas baissé les bras, s’il avait défendu et supporté notre nation qui venait d’accepter son invitation à nous battre pour la libération, aujourd’hui le Québec serait probablement un pays indépendant. Le résultat référendaire montrait clairement que les Québécois francophones voulaient que les choses changent. Le PQ a obtenu la permission demandée mais n’a pas honoré ses engagements, il nous a abandonnés.


 


À ce moment de notre histoire notre rapport de force politique était à son plus haut et le PQ a levé le nez là-dessus, il a laissé fondre ce rapport de force historique comme la neige au soleil. C’est quasiment une trahison, c’est très grave, après ça on ne peut pas donner des leçons à personne.


M. Facal il faut avoir du front tout le tour de la tête pour venir dire aux Québécois francophones d’assumer ces conséquences qui sont le fruit de l’imposture du PQ.


 


Notre victoire en 1995 était le résultat le plus contraignant. Il a donc été caché en vitesse sous le tapis au bonheur de tout le monde, tous étant trop embarrassés par les conséquences, ça les obligeaient à prendre leurs responsabilités : se battre encore jour après jour sur une base permanente, c’était leur mandat.


 


M. Facal c’est le PQ qui plie toujours, c’est lui qui voulait et qui veut toujours avoir le beurre et l’argent du beurre.


 


Les néo-nationalistes contre les Québécois francophones


 


M. Facal, pour vous comme pour les gens gagnés au néolibéralisme et au progressisme tel qu’il s’exprime au Québec aujourd’hui, la démocratie semble impossible autrement que par un référendum. Élire un gouvernement avec le mandat de faire l’indépendance, vous trouvez que ce n’est pas aussi démocratique qu’un référendum. Serez-vous enfermé pour la vie dans cette doctrine très étroite du Grand Soir?


 


Au Québec il y a (de moins en moins) un combat entre 2 nations où la plus puissante domine, contrôle et assujettit sur tous les plans, incluant l’économie, tandis que l’autre disparaît peu à peu, n’ayant jamais eu les moyens de se protéger convenablement, assez pour ne pas disparaître.


 


C’est l’équation de la question nationale : notre nation, nous les Québécois francophones, nous voulons sortir de la domination, ne pas disparaître et nous émanciper comme les autres sur cette planète.


 


Nous sommes les seuls et uniques fondateurs du Canada, les anglais nous l’ont volé, ils ne l’ont pas fondé. Nous méritons réparation pour l’immensité des torts que nous avons subis et que nous continuons de subir. Aujourd’hui nous considérons que le territoire du Québec nous appartient mais ce n’est toujours pas le cas, les faits demeurent.


 


Ce sont les termes de la question nationale, ça a toujours été ça depuis l’invasion britannique. Nation vs nation. Au référendum de 1995 la nation opprimée s’est prononcée formellement et démocratiquement pour que ça change.


 


La nation impériale canadian anglaise, dont le cœur est à Montréal et à Toronto, domine toujours. Même si aujourd’hui on n’aime pas ce genre de discours, dans notre combat national, les Québécois francophones s’opposent aux autres citoyens québécois de nationalité canadian anglaise qui refusent leur existence. Ces autres habitants du Québec font partie de la nation de laquelle on veut se libérer. Ils ont beau être des citoyens du Québec, c’est leur nationalité canadian anglaise qui importe dans un référendum sur la question nationale, ça crève les yeux, ils nous disent non à 99% à chaque fois qu’ils le peuvent comme le feraient les gens de Toronto, Edmonton ou Vancouver. Leur qualité de citoyen civique québécois est hors d’ordre, ce sont des canadian anglais.


 


Ignorer cette équation c’est dénaturer le combat, lui enlever sa raison d’être. Et c’est ce qui s’est passé. La question nationale a été détournée de son sens véritable. Au lieu de défendre les Québécois francophones on défend maintenant l’État du Québec (donc l’ensemble de ses citoyens incluant les anglais) comme s’il nous appartenait, comme si nous en avions le contrôle, comme s’il nous protégeait et assurait notre survie. Encore une fois c’est tout le contraire de la réalité puisque nous sommes en train de disparaître, vous le dites vous-mêmes M. Facal. Les études démographiques les plus critiques annoncent notre passage sous le seuil de 50% de la population vers 2035.


 


Ce détournement de sens conjugué au néolibéralisme - progressisme primaire a fini par nous tuer : référendum après référendum nous nous entêtons à demander la permission à 20% de la population qui fait partie de la nation dominatrice de laquelle il faut se libérer. Ils nous disent non à 99% à chaque fois, ils le font aussi lors de chaque élection provinciale et fédérale. Cette réalité objective est difficile à accepter mais plus vite les néo-nationalistes la comprendront et l’accepteront, plus grandes seront nos chances de survie.


Même si en 1995 tout le monde acceptait le jeu du référendum, c’était quand même un exercice organisé avec le gars des vues. Nous nous sommes fait avoir : nous, les Québécois francophones, nous nous sommes fait éjecter de l’arène politique, nous ne comptons plus dans l’équation nationale. Seule compte la nouvelle « nation québécoise » qui inclut les anglais et leurs assimiliés, ce handicap faussement démocratique qui nous paralyse et nous tue petit à petit mais de plus en plus vite.


 


Et les aveugles et les sourds s’entêtent à continuer dans la même voie, à faire toujours la même chose en espérant des résultats différents. En détournant le sens du combat national ils se sont inventé une autre mathématique mais ils nient les résultats.


 


À tous les jours on voit des situations où une chose est utile et bénéfique dans un contexte donné, mais nuisible et suicidaire dans un autre contexte. Pensez au grille-pain qui est utile au déjeuner mais qui peut nous tuer si on l’utilise dans la salle de bain. Au Québec le référendum tel qu’on le pratique est ce grille-pain dans la salle de bain.


 


L’État du Québec n’est pas au service des Québécois francophones, c’est ça la réalité M. Facal, et vous devriez reconnaître vos responsabilités à cet égard. Peu importe le parti au pouvoir l’État s’est toujours attaché à faire perdurer les effets du colonialisme :



  • Montréal est devenue une ville anglaise depuis longtemps. Et l’État s’adresse aux citoyens en anglais;



  • le poids démographique des Québécois francophones baisse inexorablement et l’État n’a aucune politique familiale et nataliste conséquente. Pire, il laisse faire le remplacement progressif des Québécois francophones par l’immigration massive, ajoutant au handicap du référendum et des élections par cette addition constante de voteurs à 99% contre les Québécois francophones;



  • le surfinancement récurrent des institutions anglaises en santé et en éducation, une pratique inéquitable envers nos institutions francophones, ce sont des milliards de dollars pompés aux francos pour le bénéfice des anglos, du pur colonialisme.


L’État du Québec ne travaille pas pour les Québécois francophones, même avec le PQ aux commandes, il travaille à maintenir le statu quo politique inégal entre les deux nations.


 


Il est temps de s’ouvrir les yeux et de reprendre le combat national. Ça veut dire s’adresser aux Québécois francophones, cesser de nous ignorer, bâtir le pays avec nous pour assurer notre existence et favoriser notre émancipation.


Aujourd’hui les gens sont à la CAQ. Ils ne voteront jamais pour un parti qui claironne vouloir le pays du Québec mais qui se fout de la langue, de la culture et de la manière de vivre de ses habitants.


 


Je ne suis plus capable de supporter cette arrogance péquiste, cette insulte à l’intelligence, cette fausse excuse odieuse pour tenter de justifier son inertie et sa lâcheté. M. Facal cessez de répéter ces mensonges qui déforment la réalité, vous faites de la propagande qui nous tue. La prochaine fois, avant de donner des leçons au peuple, gardez-vous une petite gêne et regardez-vous dans le miroir.


 



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2 commentaires

  • Catherine Doucet Répondre

    5 février 2020

    Bravo M. Bouchard, bien envoyé! 


    Quand je pense que, par la force des choses, en raison de la visibilité dont ils jouissent, ces cafards de l'actualité politique et médiatique sont les seuls modèles dont nous disposons. Pas étonnant que notre estime de soi nationale soit plus bas que terre. On en revient toujours à se demander s'ils sont concients de leur propre duplicité...


  • CArole fontaine Répondre

    3 février 2020

    Oh M.Bouchard. comme j'aime lire tout ça! vous me faites un grand bien, et il faudrait que ce discours se rpopage.J'espère voirle jour ou un leader nous parlera comme ça


    Carole