Robert Dutrisac Québec — Le gouvernement Charest n'a pas l'intention de payer aux minières qui profiteront du Plan Nord les routes, les chemins de fer, les lignes d'électricité ou les ports en eaux profondes dont elles auront besoin. Sauf exception.
«M. Parizeau, il a raison quand il dit: “Faisons attention de ne pas investir tout l’argent des Québécois dans les routes, dans les chemins de fer au profit des minières”», a déclaré le ministre des Finances, Raymond Bachand, au cours d’un point de presse pour lequel il était flanqué de Clément Gignac, qui en est à sa 12e semaine comme ministre des Ressources naturelles et de la Faune.
Raymond Bachand faisait référence à une entrevue, publiée lundi par Le Devoir, dans laquelle Jacques Parizeau critiquait le fait que dans le cadre du Plan Nord, le gouvernement Charest investisse dans des infrastructures routières, par exemple, pour des minières sans obtenir en échange une participation dans leur capital.
Le ministre des Finances a tenu à préciser, hier, que règle générale, les minières devront payer pour leurs infrastructures dans le Nord québécois. «Ce sont les entreprises qui prennent les risques et le gouvernement, donc les citoyens du Québec, qui prend les profits et les retombées économiques. Les risques d’exploration, de construction, de marché, les chemins de fer, les aéroports et les routes, en principe, au-delà des exceptions, ce sont les entreprises qui font ça», a assuré le ministre.
Exception il y a. La dernière fois que le premier ministre Jean Charest a fait l’annonce du Plan Nord, il a aussi annoncé que son gouvernement investira 288 millions pour prolonger la route 167 jusqu’aux monts Otish, où la minière Stornoway projette d’exploiter un riche gisement de diamants. La minière déboursera 44 millions, soit 13 % des coûts seulement, et versera une somme de 1,2 million par an pour l’entretien du nouveau tronçon. «C’est un tracé stratégique parce qu’il donne accès à une communauté, il donne accès à un parc», a signalé Raymond Bachand pour justifier cette exception. Il a aussi rappelé qu’Investissement Québec est propriétaire de la compagnie à hauteur de 37 %. «Il est clair dans notre entente que les prochaines minières — parce qu’il va en avoir, deux, trois autres qui vont s’installer — vont rembourser une partie de ces routes-là.»
Valeur de 1,2 milliard
Les infrastructures publiques d’une valeur de 1,2 milliard dans le Nord québécois, comme prévu dans le dernier budget, ce sont des parcs nationaux, des logements sociaux, la réfection des aéroports publics, a fait valoir M. Bachand.
Présentement à l’étude, le projet de loi 27 crée la Société du Plan Nord «qui va ordonnancer les initiatives […] et planifier», a indiqué Clément Gignac. «Le Plan Nord, c’est pour éviter un développement débridé du Nord québécois», a-t-il poursuivi sans faire consciemment référence, il semble, aux investisseurs chinois qui attendent dans l’antichambre du Plan Nord avec des dizaines de milliards en projets.
Plus tôt en matinée, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a salué — une fois n’est pas coutume — la sortie de Jacques Parizeau. La chef péquiste trouve «excellente» l’idée de l’ancien premier ministre d’échanger des investissements publics dans les infrastructures contre des participations dans des minières.
Pauline Marois a accusé Jean Charest de faire pire que Duplessis qui, lui, «n’a jamais mis un cent dans les infrastructures pour amener les minières à aller exploiter notre fer». Elle a plaidé pour que l’État prenne des participations «importantes» dans des minières. «Nos ressources valent une fortune et les entreprises privées seront très heureuses de prendre la part que l’État voudra bien leur donner», a-t-elle avancé.
«On va être stratégique», a dit Clément Gignac des participations que l’État pourrait prendre. Rappelant le caractère fluctuant du marché des métaux, le ministre a critiqué «l’excitation et l’euphorie démontrées actuellement par certains ténors du Parti québécois».
Plan Nord
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