Quand un système politique implose

Fa549a847f663bdc2616fdeab65a7662

L'histoire n'est pas un long fleuve tranquille

Lorsqu’un système politique ne parvient plus à canaliser les préférences populaires, il entre dans une dynamique d’implosion potentielle. Certains partis peuvent se constituer dans les marges. Et des courants autrefois associés aux coalitions dominantes peuvent faire le choix de la dissidence, en créant de nouveaux partis, qui entendent renouveler les questions qui structurent le débat public, ou alors, qui entendent y répondre de manière radicalement différente.
Parce que ces partis s’éloignent du consensus dominant dans lequel évoluent les grands partis de gouvernement, on les accusera quelquefois, et même souvent, de radicalisme, ou encore, de s’inscrire dans une logique antisystème. À raison, quelquefois. À tort, d’autres fois. Il va de soi, pourrait-on dire, que ceux qui entendent transformer les règles d’un système politique soient attaqués sévèrement par ceux qui ont intérêt à la préservation de ces règles.
C’est à cette question que s’est intéressée l’émission L’atelier du politique, diffusée sur France-Culture, en examinant particulièrement l’aventure politique de Nicolas Dupont-Aignan, qui cherche, depuis plusieurs années, à reconstituer un courant politique qui se réclame du gaullisme, autour duquel pourrait se reconstruire la vie politique française. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a encore beaucoup de travail à faire, d’autant qu’il est coincé entre la droite classique et la droite populiste. Peu à peu, il élargit son espace, mais il se pourrait bien aussi que son entreprise se retrouve dans un cul-de-sac.
Cette émission intéressera particulièrement mes amis et lecteurs, qui, ces dernières années, ont fait les paris respectifs de la CAQ, d’Option nationale (le cas de Québec solidaire est un peu différent, puisque ce parti n’est pas vraiment le résultat d’une dissidence au sein d’un grand parti – en fait, il s’agit d’un courant marginal, qui a commencé son parcours à la périphérie du jeu politique, et qui est parvenu à s’y installer).
Elle pourrait aussi intéresser ceux qui, il y a près de 50 ans, ont rompu avec le système politique des années 1960, et plus particulièrement, avec le PLQ, pour fonder le Parti Québécois – qui lui, est né, en quelque sorte, d’une alliance entre des dissidents libéraux habitués au pouvoir et un mouvement politique qui s’était constitué dans les marges du jeu politique, le Ralliement national – on peut ajouter évidemment le RIN qui, même s’il ne sera pas un des groupes fondateurs du PQ, s’y ralliera et alimentera à sa manière sa culture politique.
Comme quoi quand on s’engage dans la formation d’une alternative politique, on réunira, normalement, des anciens professionnels de la politique, qui ont fait le choix de rompre avec ce qu’ils croient être le système, et qui conservent probablement les réflexes de la respectabilité politique habituelle, et des militants plus radicaux, qui ont commencé dans les marges et qui ont peut-être un plus grand souci de pureté idéologique - je ne connote ce terme ni positivement, ni négativement.
Quoi qu’il en soit, l’émission dure 42 minutes et passionnera probablement ceux qui se demandent comment une société bloquée accouche d’alternatives politiques, comment elle cherche à se déprendre d’un carcan pour se donner un nouvel élan. Pour bien comprendre toutes les subtilités, je devine qu’il faut être un peu familier avec la vie politique française et son histoire, mais j’ai tendance à croire qu’elle sera compréhensible même aux néophytes.
On trouvera l’émission ici : http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-du-politique-pourquoi-j-ai-quitte-le-parti-le-pari-de-la-dissidence-2014-07-26


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé