Pour le crucifix, malgré tout

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Pour le crucifix, malgré tout

Sans surprise, Québec solidaire vient de lancer une autre offensive pour chasser le crucifix de l’Assemblée nationale.


QS prétend agir au nom de sa conception singulière de la laïcité et du vivre-ensemble, qui consiste à effacer les dernières traces chrétiennes de l’espace public tout en se soumettant aux accommodements provenant des religions issues de l’immigration.


Politique


Que pensent les trois autres partis sur la question du crucifix ?


On sent bien que le PQ est mal à l’aise avec lui, mais ne veut pas heurter son électorat.


La CAQ vit bien avec lui et s’y attache par conservatisme patrimonial et gros bon sens.


Quant aux libéraux, ils s’y attachent avec zèle, parce qu’il s’agit du dernier lien identitaire qu’ils entretiennent avec l’histoire du Québec.


Examinons cet enjeu pour lui-même. Situons-le dans l’histoire longue. Le Québec a la mauvaise habitude de couper son histoire en deux. Avant 1960, on ne veut voir qu’une Grande noirceur. Ensuite viennent les temps bénis de la Révolution tranquille. C’est parce que nous nous serions dégagés de la première que nous aurions pu nous engager dans la seconde.


Mais ce portrait déforme la réalité.


Certes, le catholicisme était étouffant. En 1960, il fallait s’en délivrer. Je ne suis pas de ceux qui enchantent sa mémoire et regrettent son pouvoir. Nuançons notre mémoire : notre catholicisme a eu ses grandeurs et ses misères. On ne saurait rejeter en bloc notre passé et notre héritage catholique, comme on le fait trop souvent.


Avec raison, notre peuple souhaite aujourd’hui la laïcité. Mais il n’entend pas la retourner contre ce qui lui reste de la part la plus ancienne de son identité. Il entend peut-être même faire la paix avec elle.


C’est ainsi qu’on doit comprendre l’attachement populaire à certains symboles catholiques.


Surtout, inquiétons-nous de la suite : s’il faut retirer le crucifix aujourd’hui de l’Assemblée nationale, faudra-t-il demain effacer la croix du drapeau ?


Cette proposition farfelue revient pourtant de manière récurrente au cœur du débat public. Ceux qui l’avancent prétendent nous proposer un drapeau plus inclusif parce que déchristianisé.


On touche là le cœur de l’affaire.


Majorité


Ceux qui veulent en finir avec le crucifix s’en prennent moins, dans leur esprit, à un symbole religieux qu’à un symbole identitaire de la majorité historique francophone. C’est sa dimension culturelle qu’ils attaquent.


Les Québécois francophones doivent s’effacer pour permettre à la diversité de s’exprimer. On luttera contre eux tant qu’ils s’entêteront à ne pas disparaître.


Faut-il laisser le crucifix à sa place ? La réponse, c’est oui.