Ottawa veut museler les artistes

Le gouvernement conservateur annule les audiences du comité qui devait étudier les compressions effectuées dans les programmes culturels

Harper et la culture


Ottawa -- Le comité du Patrimoine de la Chambre des communes qui devait étudier les récentes compressions du gouvernement Harper dans les programmes culturels ne se réunira pas avant les élections fédérales. Ainsi en a décidé le président du comité, le député conservateur Gary Schellenberger, ce qui a soulevé la colère du Bloc québécois et de certains groupes culturels.
Le comité du Patrimoine devait entendre ses premiers témoins hier, mais, vendredi après-midi, le député conservateur qui préside le comité a envoyé une lettre pour prévenir les députés de tous les partis que les audiences n'auraient pas lieu. «Il est injuste de demander aux témoins de se rendre à Ottawa à la dernière minute, écrit Gary Schellenberger dans sa lettre. De plus, plusieurs membres du comité ne peuvent pas modifier leurs arrangements de voyage pour participer à une réunion organisée à la hâte.»
Le président du comité précise que la prochaine réunion aura lieu au retour de la Chambre des communes, le 15 septembre. Or, Stephen Harper devrait déclencher des élections d'ici à dimanche, ce qui empêchera les Communes de reprendre leurs activités.
La semaine dernière, tous les membres du comité avaient pourtant approuvé la date du 2 septembre, sauf les députés conservateurs. «La vraie raison, c'est que le Parti conservateur ne veut pas de témoignages accablants avant les élections. C'est une stratégie pour bloquer les travaux du comité. On n'a jamais été consultés», soutient Claude de Bellefeuille, députée du Bloc québécois.
Martin Faucher, le président du Conseil québécois du théâtre, s'était dit prêt à témoigner hier. «Harper bafoue et méprise les institutions démocratiques», a-t-il dit au Devoir.
Selon lui, le gouvernement conservateur met en péril toutes les tournées à l'étranger des artistes canadiens en mettant la hache dans le programme PromArt (4,7 millions) dès mars prochain. La volonté de la ministre du Patrimoine, Josée Verner, de remplacer ce programme, n'est pas suffisante, dit-il. «Planifier une tournée, ça se fait six mois à un an d'avance. Mars, c'est demain pour nous. Le plus grave, c'est qu'à l'étranger, le mot commence à circuler de ne pas mettre à l'affiche des artistes canadiens, car ils ne pourront pas venir. C'est catastrophique.»
La fin d'un autre programme?
Samedi, le Globe and Mail révélait qu'un nouveau programme destiné à l'industrie culturelle ne serait pas renouvelé. Il s'agit du Fonds des nouveaux médias du Canada, doté d'une enveloppe budgétaire de 14,5 millions de dollars par année. Il prendrait fin en mars 2009.
Au bureau de la ministre Josée Verner, on qualifie cette nouvelle de «rumeur». «Rien n'a encore été décidé concernant ce programme», soutient l'attaché de presse de la ministre, Dominic Gosselin.
Ce programme, qui permet la création de contenu Web interactif, a été renouvelé pour deux ans en juin 2007 par le gouvernement Harper. Téléfilm Canada, qui gère ce programme, a toutefois commencé à prévenir ses clients de ne pas attendre de nouveaux fonds à partir de mars prochain.
Le Regroupement des producteurs multimédia s'est dit outré d'apprendre la possible disparition de ce programme, le seul qui permet d'aider les créations numériques interactives en français sans avoir besoin de présenter un projet d'émission de télévision. Tous les autres programmes semblables sont destinés au milieu de la télévision et pas au milieu du Web.
Depuis avril, le gouvernement Harper a aboli en catimini une quinzaine de programmes culturels pour un total de 45 millions de dollars.


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