Ah ces artistes !

Coupures et logique totalitaire

Harper et la culture


Ah ces artistes ! Ah ces intellectuels ! Semeurs de nouveautés, mécontents de ce qui est, cherchant conséquemment à faire les choses différemment, à voir et à concevoir autrement ce qui pourrait ou devrait être. Et l’on n’apprécie généralement pas que l’on joue dans les plates-bandes insignifiantes des inerties ambiantes.
Ce qui se passe actuellement dans les discussions sur le rôle des arts et de la culture transcende largement la conversation courante. Couper dans les contributions financières visant à l’émancipation culturelle d’un peuple ou d’une nation ne relève de rien de moins que d’un autodafé, cette forme de destruction inquisitoriale de tout ce qui pourrait aller à l’encontre d’une pensée unique imposée par les pouvoirs en place. Les exemples historiques en ce sens abondent. Le courant d’air actuel est plus subtil, plus sournois, mais non moins pestilentiel et virulent.
Il ne s’agit de rien de moins que d’une forme de coercition qui, associée aux multiples répressions sociales envisagées par le conservatisme de bon ton aujourd’hui florissant, et dont on oublie trop rapidement les épines empoisonnées dont il est porteur, ne peut s’identifier qu’à une logique de type totalitaire. Et c’est de ça dont il faut se méfier, de la stagnation inhérente à ce type de pensée, rien de moins que synonyme d’une mort annoncée, malheureusement dépourvue des « cadavres exquis » que certains surréalistes mettaient de l’avant il y a déjà longtemps, voulant ainsi montrer que d’un dessin à un autre, il pouvait être souhaitable et possible d’engendrer une série de destins accoudés les uns aux autres, solidaires et vivant dans la variété et les différences.
Jean Lauzon Ph.D.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2008

    La situation est plus aïgüe aujourd'hui sans doute, les masques tombent. Mais ça ne date pas d'hier.
    Je me souviens très bien de la méfiance des élites, et en particulier de leur sourire méchant, lorsqu'il y a de cela bien des années tu photographiais ces barbares en train de démolir la vieille gare. C'était pourtant une pièce patrimoniale importante du mobilier urbain. Sans doute ne sommes nous plus que trois ou quatre à s'en souvenir.
    Par dessus tout, ce que les pouvoirs n'aiment pas, c'est que les gens aient de la mémoire. Ça les dérange beaucoup. Alors à défaut de faire disparaître les artistes, et l'art qui coule d'eux comme la sève de l'arbre, on fait ce qu'il faut pour les réduire à l'insignifiance.
    Si une part importante de l'art c'est d'innover, sa face B si l'on peut dire n'est-elle pas de perpétuer la mémoire ? Une façon comme une autre de se rendre compte que les gens de pouvoirs d'aujourd'hui ne sont pas plus intelligents que ceux d'hier qui souvent étaient bêtes à brailler.
    Bon combat jean Lauzon.