Le communiqué est daté du 30 juillet 2009. Il est cautionné par trois ministres du gouvernement Harper qui ne tarissent pas d'éloges à l'égard des FrancoFolies de Montréal. James Moore, de Patrimoine Canadien estime que les FrancoFolies sont «la plus importante manifestation internationale consacrée à la musique d'expression française».
L'honorable ministre d'État Denis Lebel en rajoute en affirmant pour sa part que les FrancoFolies constituent un pôle d'attraction touristique majeur et un rendez-vous essentiel pour les artistes de la francophonie. Quant au ministre de l'Industrie et du Commerce Tony Clement, il affirme que l'octroi d'une somme de 1,5 million à l'événement est une excellente nouvelle et la preuve que le «gouvernement du Canada reconnaît le rôle important que jouent les FrancoFolies de Montréal dans l'économie locale». C'était, je le répète, l'année dernière.
Or, 10 mois plus tard, ce rôle important que les FrancoFolies jouaient dans l'économie locale, ne compte subitement plus. Héros l'année dernière, les FrancoFolies ont rejoint cette année le camp des zéros. Les organisateurs du festival ont appris vendredi que les Francos n'auraient pas droit cette année aux largesses d'Industrie Canada. Pour le plus grand festival consacré à la chanson d'expression française, il s'agit d'une perte de 1,5 million.
Les Francos ne sont pas les seuls perdants de la loterie fédérale. L'année dernière, 58 festivals et événements ont bénéficié du programme lancé par Industrie Canada afin de porter secours à l'industrie du tourisme frappée par la récession.
Cette année, la dernière du programme d'aide, il n'y a plus que 47 bénéficiaires, donc beaucoup moins d'appelés et d'élus. Parmi les «non élus» de 2010, on retrouve aussi bien la Gay Pride de Toronto que le Festival du film de Toronto privé d'une aide de 3 millions. S'ajoutent le festival Montréal en lumières qui perd un million et des poussières, le FFM de Serge Losique privé d'une aide de 446 000 $, le Festival du Nouveau Cinéma privé de 250 000 $ et le Grand Rire du Québec qui se retrouve avec un trou à combler de 953 000 $, pour ne nommer que ceux-là.
La perte des FrancoFolies demeure pour l'instant la plus dramatique parce qu'elle survient à trois semaines de la tenue de l'événement. Pourquoi personne d'Industrie Canada n'a pris la peine de prévenir les organisateurs? Surtout, pourquoi ce changement soudain d'orientation dans l'attribution des enveloppes? Autant de questions qui se sont butées tantôt au mutisme tantôt à la confusion de l'attachée de presse du ministre Clement. Celle-ci a commencé par expliquer que la décision de n'aider que deux événements par ville était mue par un souci d'équité envers les régions et envers les manifestations moins connues et plus fragiles financièrement.
«C'est pourquoi, par exemple, à Toronto nous avons privilégié le festival des arts Luminato qui est moins connu et qui a davantage besoin de notre aide. Quant au festival du film de Toronto, son immense succès, qui ne se dément pas d'année en année, en a fait un événement beaucoup plus solide qui peut très bien se passer du coup de pouce d'Industrie Canada» m'a expliqué l'attaché de presse.
Si c'est le cas, pourquoi est-ce la logique inverse qui a prévalu à Montréal, lui ai-je demandé, en lui signalant que le Festival de jazz et le Festival Juste pour rire connaissent un succès et un achalandage plus grand que les FrancoFolies? L'attachée de presse de Tony Clement a promis de me revenir avec une réponse. J'attends toujours.
Le plus ironique de l'affaire c'est que pendant que les organisateurs des Francos s'arrachent les cheveux pour trouver une solution, ceux du Festival d'été de Québec voguent en toute quiétude sur les flots bleus de la manne fédérale grâce au chèque d'Industrie Canada, qui est passé de 2 716 000 $ l'an passé à 2 895 000 $ cette année. Ironie du sort ou bonbon politique? Mystère.
Chose certaine, ce changement d'orientation qui se fait au détriment des FrancoFolies et à l'avantage du Festival d'été de Québec, mais aussi de la Royal Agriculture Winter Fair, une exposition de chevaux, et du Royal Nova Scotia International Tattoo, un festival de musique militaire, est riche en enseignements. Le message qu'il envoie au monde culturel a le mérite d'être clair: désormais ceux qui voudront s'attirer la sympathie d'Industrie Canada, auront intérêt soit à chanter en anglais soit à promouvoir la culture des chevaux et celle de la musique militaire. Avis aux intéressés.
Elle ose quoi au juste?
Hier, ELLE-Québec a invité ses lectrices à participer à la Journée sans maquillage. Pour donner du poids à sa campagne, le magazine a convaincu une douzaine d'actrices et de chanteuses de poser dans ses pages, sans maquillage. Le spécial Si belles au naturel fait 12 pages. À quoi servent les 214 autres pages du magazine? À nous vendre du maquillage. Cherchez l'erreur.
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