Réplique à Daniel Laprès

Option Canada : Qui savait quoi et quand?

La grande question qui reste encore sans réponse est celle-ci : Qui de la coalition pour le NON savait quoi et à quel moment?

Option Canada


En marge de l’enquête du juge Bernard Grenier déclenchée à la suite de la publication de notre livre Les secrets d’Option Canada, [Daniel Laprès->4658] demande au Directeur général des élections du Québec d’étendre l’enquête à ce qu’il appelle les « tactiques douteuses » du camp du OUI. Le problème, c’est que le DGÉ a déjà mené des enquêtes sur tous les cas soulevés et il n’avait rien à redire.
Pour s’en convaincre, M. Laprès devrait poursuivre ses recherches. En ce qui concerne les bulletins rejetés dans la circonscription de Chomedey, il devrait lire Bulletins rejetés – Marche pour l’unité, Rapport du Directeur général des élections, Référendum du 30 octobre 1995, publié le 13 mai 1996. La conclusion de l’enquête signée par feu le Juge Allan B. Gold : s’il y a eu « une problématique importante » dans quelques circonscriptions « son enquête n’a pas révélé raison de croire qu’il y ait eu complot national orchestré ».
Quant au Conseil de la souveraineté qui a reçu des fonds publics du Gouvernement du Québec avant le référendum, M. Pierre-F. Côté, DGÉ lors des référendums de 1980 et de 1995, nous a confirmé que peu après la tenue du référendum, il a enquêté sur les activités du Conseil de la souveraineté et n’a rien trouvé de suspect. Les informations sur ces enquêtes sont accessibles au DGÉ. Aussi, nous avons les notes et cassettes de nos entrevues avec M. Côté.
Pour les autres exemples donnés, il s’agit d’activités publiques lancées à divers moments par les divers organismes cités. Rien n’a été caché, ce qui n’est pas le cas pour Option Canada.
En effet, le DGÉ ignorait totalement l’existence d’Option Canada jusqu’à ce que The Gazette en révèle les grandes lignes le 22 mars 1997, soit 16 mois après le référendum. Selon les documents comptables que nous avons obtenus et qui ont été remis au DGÉ, Option Canada a dépensé près de 5,2 millions $ pour favoriser le camp du NON, dont une grande partie illégalement pendant la période proscrite par la Loi sur les consultations populaires. Option Canada avait été créé le 7 septembre 1995 par le Conseil pour l’unité canadienne car cet organisme n’avait pas le droit de débourser de l’argent pour des activités partisanes. L’argent d’Option Canada venait du Conseil privé du Gouvernement du Canada en passant par le ministère du Patrimoine canadien et son programme d’appui à la dualité linguistique canadienne. Inutile de répéter qu’il n’a pas été dépensé à cette fin!
La grande question qui reste encore sans réponse est celle-ci : Qui de la coalition pour le NON savait quoi et à quel moment?
Comme l’a souligné M. Eddy Goldenberg, ancien bras droit du premier ministre Jean Chrétien, dans son livre The Way it Works, Inside Ottawa, (M & S, 2006, pp 191-193), toutes les forces fédéralistes s’étaient coalisées dès février 1995. Ce sont lui et Jean Pelletier, du côté fédéral, et John Parisella et Pierre Anctil, du côté du Parti Libéral du Québec, qui ont planifié la création de la coalition pour le NON. Voici comment il en décrit la formation. « Nous avons commencé à établir une coalition des forces fédéralistes au Québec qui devaient coordonner la stratégie référendaire. En plus des parti libéraux fédéral et provincial, la coalition a été renforcée par le Parti progressiste-conservateur sous la direction de Jean Charest, qui avait délégué à nos réunions ses organisateurs principaux au Québec, les sénateurs Pierre-Claude Nolin et Jean Bazin, et par le Conseil pour l’unité canadienne basée à Montréal. » (notre traduction)
Le Conseil de l’unité canadienne, qui devait créer Option Canada, était donc membre à part entière de la coalition du NON dès le printemps 1995, tout comme l’étaient le Parti Libéral du Canada, le Parti Libéral du Québec et le Parti progressiste-conservateur du Canada. Et cette coalition a continué à fonctionner pendant toute la campagne référendaire d’octobre 1995. Jusqu’à quel niveau savait-on que Option Canada dépensait de l’argent en violation de la Loi sur les consultations populaires?
Le rapport d’enquête du Juge Grenier sera déposé le 31 mars prochain. Nous avons confiance qu’il jettera de la lumière sur ces événements et aidera à assurer une plus grande transparence lors de tout futur référendum au Québec.
Normand Lester et Robin Philpot,

Auteurs des Secrets d’Option Canada (Les Intouchables, 2006)


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