Texte publié dans Le Devoir du samedi 29 octobre 2011
***
Un des défis des « occupeurs » et « indignés » des nations et de la société-monde est de ne pas se laisser prendre au piège d’une mondialisation d’un mouvement qui emprunterait les caractéristiques-mêmes de la mondialisation néolibérale que l’on s’emploie à combattre.
Centre de Commerce Mondial
À Montréal, en particulier, le mouvement qui a son centre concret à la Place Victoria, entre les édifices imposants du Capital financier et dans le prolongement de la mythique St. James Street, avec son campement, son organisation, et les prises de paroles multiples qui en émanent, - ce mouvement semble avancer en hésitant entre deux trajectoires : celle de la marche historique du peuple québécois (avec ses traditions de lutte, et la langue française au cœur de sa culture), et d’autre part celle d’une culture-monde uniformisée et uniformisante imposant la langue anglaise comme vecteur de communication et de représentations (avec les USA comme centre de gravité et de pouvoir), et ce y compris dans les manifestations progressistes de cette culture-monde.
Reine Victoria masquée
Place du Peuple
Symboliquement, au cœur du Square renommé « Place du Peuple », la statue de la reine Victoria, figure mythique de notre oppression nationale, s’est vue attribuer ironiquement le drapeau des Patriotes …, mais aussi le masque « Anonymus » représentant un mouvement transnational multiforme qui emprunte son imagerie au film « V for Vendetta », produit culturel généré dans et par la matrice anglo-saxonne dominante. Ce détournement carnavalesque de la statue de la reine Victoria exprime bien la dualité contradictoire du mouvement « Occupy/Occupons ».
Les mythes et symboles empruntés et générés par un mouvement ne sont pas anodins, ils façonnent l’identité de ce mouvement, et implicitement ses trajectoire politiques. La grande ouverture de principe que semble manifester le mouvement « Occupons Montréal » ne doit pas exclure la recherche d’un ancrage réel dans le passé et le devenir de la nation québécoise, et ce y compris dans l’usage de la langue officielle du Québec, ainsi que dans le déploiement militant de notre imaginaire collectif.
Nous sommes le 99%
Indignés depuis 1759
Par ailleurs, tout en évoquant la fracture sociale entre 99% de la population et le 1% des individus qui dominent les nations et le monde, le mouvement « Occupons Montréal » et les cellules semblables dans les autres villes et pays, devraient éviter de « faire table rase du passé » en prétendant se constituer en représentants légitimes des populations concernées, et ce en faisant abstraction des organisations préexistantes. Le mouvement « Occupons Montréal » doit se situer à l’intérieur du mouvement social global du Québec, en non dans une situation implicitement et naïvement hégémonique.
Yves Claudé -
Citoyen d’un Québec à libérer, et d’une société-monde à construire selon les principes de la justice et de la solidarité
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
29 octobre 2011En effet, le mouvement des indignés, pour éviter d'être un feu follet, doit "se situer à l’intérieur du mouvement social global du Québec, en non dans une situation implicitement et naïvement hégémonique", comme le dit M. Yves Claudé.