Deux soldats canadiens ont assisté lundi à l'atterrissage de l'hélicoptère du premier ministre Harper en Afghanistan.
Sean Kilpatrick, PC
Joël-Denis Bellavance La Presse - Le gouvernement Harper n'est pas le seul à devoir justifier la mission en Afghanistan à une population de plus en plus sceptique. Toutes les nations qui ont des troupes dans ce pays sont aux prises avec le même problème: des appuis de plus en plus faibles devant une mission qui tarde à donner des résultats concrets.
À la veille du sommet de l'OTAN de Lisbonne, en novembre 2010, le ministère canadien de la Défense a fait une compilation des menés dans la majorité des pays qui ont des troupes en Afghanistan. Et les résultats sont sans équivoque.
«L'appui de la population en général pour la mission est en déclin dans la majorité des pays sondés», écrit le sous-ministre de la Défense Robert Fonberg dans une note d'information rédigée à l'intention de son patron, le ministre Peter MacKay.
Cette note, remise au ministre à quelques jours du sommet de l'OTAN où l'avenir de la mission en Afghanistan était en enjeu important, a été rédigée à partir d'informations colligées par les attachés militaires des ambassades du Canada à Washington, Londres, Paris, Canberra, Berlin et Rome. Les coups de sonde datent de 2010, mais ils permettent de dresser un portrait global de l'humeur de la population dans les pays qui ont déployé des soldats en Afghanistan.
«Les pressions pour un retrait partiel ou complet se multiplient et certains gouvernements ont récemment indiqué leur intention de retirer leurs troupes plus tôt que prévu ou de revoir leur stratégie de sortie initiale», peut-on lire dans la note, que La Presse a obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.
Aux États-Unis aussi
Aux États-Unis, 38% des Américains seulement jugent que la présence de leur armée en Afghanistan est justifiée. Trois raisons expliqueraient la faiblesse de ces appuis: le coût de la mission, une guerre sans fin qui n'aura pas d'impact sur la sécurité nationale et le peu de chances qu'un État stable et pacifique émerge de cette campagne.
On soutient aussi que la tendance de plus en plus fréquente des médias à comparer la guerre d'Afghanistan à la guerre du Vietnam influence grandement l'opinion publique.
En Grande-Bretagne, un sondage publié à l'automne 2010 a démontré que seulement 33% des gens appuyaient la mission militaire. Un sondage en juin de la même année a révélé que 73% des Britanniques souhaitaient le retrait des troupes. On s'attend d'ailleurs à ce que la Grande-Bretagne emboîte le pas aux États-Unis et retire ses troupes en 2014 même si, officiellement, elle s'est engagée à maintenir des soldats jusqu'en 2015. L'aventure en Irak, aux côtés des États-Unis, explique que les Britanniques soient réfractaires à la mission en Afghanistan.
En France, la population jugeait que la situation se détériore en Afghanistan dans une proportion de 85%, selon un sondage publié au début de 2010. «Depuis le début, les Français sont hostiles à la mission en Afghanistan», peut-on lire dans la note au ministre MacKay.
En Australie, 60% de la population souhaite le retrait des troupes. En Allemagne, la mort de sept soldats en une semaine, en avril 2010, a fait bondir l'appui au retrait des troupes à 70%, indique-t-on dans la note.
Retrait
Au sommet de Lisbonne, les pays membres de l'OTAN ont adopté un plan visant à remettre la responsabilité de la sécurité aux troupes afghanes en 2014.
Le Canada, qui compte actuellement quelque 2500 soldats dans la région de Kandahar (la province la plus dangereuse), a l'intention de ramener ce nombre à 950 à compter du 1er juillet. Les troupes seront déployées dans la région de Kaboul, où elles poursuivront la formation des soldats afghans afin qu'ils puissent eux-mêmes assurer la sécurité de leur pays. Le Canada prévoit rapatrier tous ses soldats en 2014.
Mais la semaine dernière, le représentant spécial de l'Alliance militaire pour la région du Caucase et de l'Asie centrale, James Appathurai, a laissé entendre que l'OTAN maintiendrait des troupes en Afghanistan après 2014.
Le premier ministre Stephen Harper a fait une visite-surprise en Afghanistan, lundi, quelques semaines avant que le Canada ne mette fin à son engagement militaire de cinq ans dans la région de Kandahar.
Dans un discours devant quelque 500 soldats canadiens, M. Harper a affirmé que la mission canadienne avait été fructueuse. «Le monde est allé en Afghanistan, un endroit si brutal qu'il était devenu une menace pour la terre entière. Peu importe les problèmes et les défis qui subsistent, l'Afghanistan n'est plus une menace pour le monde.»
- Avec William Leclerc
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