La rencontre d’emploi réservée exclusivement aux femmes musulmanes voilées qui s’est déroulée à Québec en octobre dernier est « scandaleuse » et discriminatoire, tonne une Tunisienne d’origine qui est membre de l’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL).
Nadia El-Mabrouk a réagi vivement à la chronique publiée lundi dans Le Journal où Denise Bombardier révélait la tenue de cet évènement destiné aux femmes musulmanes voilées dans les bureaux de la Caisse Desjardins de Sainte-Foy, à Québec.
Si elle consent que l’idée de départ vient de bonnes intentions, Mme El-Mabrouk trouve scandaleux que les organisateurs, soit Option-travail et le Centre multiethnique de Québec, aient ciblé uniquement les musulmanes voilées, ce qu’elle qualifie de discriminatoire.
« Imaginez une rencontre pour l’emploi où on aurait dit : c’est juste pour les femmes qui ne portent pas le voile. Ça aurait été jugé discriminatoire. Eh bien, c’est discriminatoire de la même façon », s’insurge celle qui est membre de l’AQNAL et qui enseigne l’informatique à l’Université de Montréal. « C’est aberrant, ça remonte aux pires moments islamiques. »
« C’est sexiste »
Selon Mme El-Mabrouk, ce genre d’évènement met de la pression sur les musulmanes qu’on « encourage » à porter le voile alors qu’il faudrait plutôt les en dissuader. Elle précise que les gens ne portaient pas le voile dans les années 1970 en Égypte ou encore en Algérie et que cette vision selon laquelle les femmes doivent se cacher du regard des hommes est apparue dans les années 1980 lors de la montée de l’intégrisme politique de l’organisation des Frères musulmans.
« C’est sexiste, évidemment. C’est choquant. Après ça, on fait la lutte aux stéréotypes, mais on encourage ce symbole, ça n’a pas de sens », lance Mme El-Mabrouk, qui soutient qu’une rencontre réservée aux femmes musulmanes voilées favorise la promotion de valeurs qui vont à l’encontre de celles véhiculées par les Québécois, qui prônent plutôt l’égalité entre les hommes et les femmes en plus d’entretenir l’islamophobie.