Lettre - Fernand Seguin meurt une seconde fois

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Qui a donc intérêt à ce point de nous couper de notre histoire

Depuis quelques jours, l’Hôpital Louis-H. Lafontaine est devenu l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Avec ce nouveau nom, l’administration a cru bon d’abolir le nom du Centre de recherche Fernand-Seguin pour en faire tout simplement le Centre de recherche de l’Institut.
En 1992, le Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine avait vu le jour grâce à la Fondation des maladies mentales qui en a assumé les coûts. En accord avec Mme Seguin, j’avais donné le nom de son mari au centre de recherche de l’hôpital, lui qui avait reçu le prix Kalinga de renommée internationale pour l’excellence de son travail en rapport avec la science. Bien plus, je savais que M. Seguin avait travaillé dans les années 1950 comme biochimiste à Saint-Jean-de-Dieu, devenu l’Hôpital Louis H. Lafontaine, et qu’il avait quitté ce poste pour aller faire de la radio, car, comme il n’était pas médecin, les religieuses lui avaient défendu de faire de la recherche sur la schizophrénie.
Lors de l’ouverture du Centre, j’avais dit que, comme M. Seguin n’avait pu faire de recherche à l’hôpital, il en ferait maintenant chez lui au Centre de recherche Fernand-Seguin. Vingt ans plus tard, l’administration décide de le faire mourir une seconde fois. Un jour, plus personne n’aura idée de qui était ce grand homme, et le Québec tout entier aura oublié le nom de son plus célèbre chroniqueur scientifique. D’autres ont plus de respect pour leur histoire : par exemple, l’Institut Curie, l’Institut Pasteur et, plus près de nous, l’Institut Lady Davis de recherches médicales de l’Hôpital général juif. Nous avons le don de nous appauvrir même intellectuellement.


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