Québec — En faisant l’« économie du débat majeur » sur la charte de la laïcité, Philippe Couillard a cédé à la « ligne dure » du Parti libéral du Québec soufflant le chaud et le froid à Montréal, a déploré Fatima Houda-Pepin à Tout le monde en parle.
Libérée du joug de la discipline de parti, la députée de La Pinière s’en est prise durant l’émission diffusée à des heures de grande écoute à la position « purement légaliste » adoptée par le PLQ dans le débat sur le projet de loi 60. « Les droits des femmes sont aussi des droits de la personne. […] La menace pèse davantage sur les femmes, à cause de la montée des intégristes dans les différentes religions », a-t-elle dit dans un entretien diffusé sur les ondes d’Ici Radio-Canada Télé dimanche soir.
L’élue « libérale indépendante » a concentré ses tirs sur le chef du PLQ, Philippe Couillard, dont elle s’est dite « extrêmement déçue ». Sous sa gouverne, le parti est « figé dans une position négative » dans le débat suscité par la charte péquiste, a-t-elle déploré.
Le PLQ, « ce n’est pas le parti libéral de Montréal », a-t-elle fait valoir. « Le problème de M. Couillard, c’est qu’il n’a pas été capable de faire face à la ligne dure de son parti. » Elle a appelé ses confrères et consœurs de l’Assemblée nationale à « regarder la vérité en face » sur ce qui se cache derrière les tenants du discours de la liberté de religion. À ses yeux, les législateurs doivent tenir à l’écart les « tenues qui sont importées ici pour imposer de valeurs qui viennent d’ailleurs, qui viennent d’un autre siècle, et qui sont imposées au nom de la liberté de religion ».
Mme Houda-Pepin voit dans la neutralité religieuse de l’État la « meilleure garantie » afin d’assurer à la fois la liberté de conscience et la liberté de religion, en plus de « fermer les verrous à la montée de ces intégristes ».
Refusant de donner sa bénédiction à la position défendue par son chef et ses collègues sur le port des signes religieux dans le secteur public, et plus largement sur la neutralité de l’État, la députée s’être fait montrer la porte du caucus libéral lundi dernier. Depuis, les apparitions publiques de l’élue indépendante, reconnue pour son caractère fort, sont suivies avec une certaine appréhension par ses anciens collègues libéraux. Mme Houda-Pepin a accusé le directeur de cabinet de M. Couillard, Jean-Louis Dufresne, de lui avoir promis un poste de ministre dans un prochain gouvernement libéral en échange de son appui à la position du caucus, ce que la garde rapprochée de M. Couillard a nié. « Moi, je suis en politique pour servir, pas pour me servir », a-t-elle déclaré sur le plateau de Tout le monde en parle, récoltant des applaudissements nourris de l’auditoire.
L’aile parlementaire libérale se réunira mardi et mercredi à Saint-Félicien. Elle aura sans doute l’occasion de parler du départ de Mme Houda-Pepin, dont tout le monde a parlé.
LAÏCITÉ
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