À la veille de la réforme du Régime des rentes du Québec (RRQ), qui sera débattue en commission parlementaire à partir de mardi et durant toute la semaine, à Québec, l’économiste et consultant en politiques publiques, Paul Daniel Müller estime que la génération X et celle des Milléniaux «se font avoir».
Selon lui, la réforme proposée ne résoudra pas le problème.
En juin dernier, le gouvernement fédéral s’est entendu avec une majorité de provinces pour une réforme du régime des pensions. Le ministre québécois des Finances, Carlos Leitao, a alors présenté une proposition qui différait, et souhaitait consulter les Québécois à ce sujet. La révision, qui devait avoir lieu cet automne, a été remise en janvier.
Le beurre sans payer pour l’argent du beurre
Constat de base, selon Paul Daniel Müller: la génération de l’avant-guerre et celle des boomers n’ont pas payé leur juste part. Ils ont eu plein accès à la rente sans y avoir cotisé suffisamment. «Si les gouvernements du passé, dit-il, avaient eu assez de sens des responsabilités pour facturer le véritable coût des «promesses» qu’ils faisaient, le taux de cotisation total (employés et employeurs) serait aujourd’hui d’environ 7,3 % plutôt que de 10,8 %. »
Depuis 2010, c’est en effet 10,8 % que les contribuables paient pour assurer la survie du RRQ. «Le réajustement aurait dû être fait depuis longtemps», dit M. Müller.
Des solutions
On ne peut pas changer ce qui n’a pas été fait, mais des pistes de solutions existent, dit Paul Daniel Muller.
Le ministre Leitao lui-même y va de plusieurs propositions afin de diminuer les coûts. Il dit souhaiter que les prestations soient indexées, non plus selon le taux d’inflation au Canada, mais plutôt de celui du Québec, qui est inférieur.
«Ça va diminuer les rentes futures», dit M. Müller.
Les rentes pourraient être ajustées à la baisse en fonction de l’augmentation de l’espérance de vie. «Mais si cette mesure est appliquée uniquement progressivement, dit l’économiste, les boomers en seront exemptés, alors que c’est précisément la génération qui a bénéficié le plus de l’augmentation de l’espérance de vie.»
Québec souhaite aussi revoir la rente de conjoint survivant afin de refléter la diminution de la dépendance économique des femmes envers leurs époux. Enfin, l’âge minimum pour accéder à la retraite anticipée passerait de 60 ans à 62 ans.
L’âge normal demeure à 65 ans. «Encore une fois, dit Paul Daniel Müller, quand va s’appliquer cette mesure? Une fois que tous les boomers auront déjà pris leur retraite? Feront-ils enfin partie de la solution?»
Même s’il s’agit là de pas dans la bonne direction, estime M. Müller, le gouvernement ne révèle pas les économies que Québec pourrait faire avec de telles propositions.
Afin de «gratter un peu plus», l’économiste suggère d’abolir la prestation de décès universelle, de 2500 $, pour les 80 % de Québécois qui ont déjà une assurance-vie. «Je crois que c’est parmi les affaires les moins essentielles, dit-il. On pourrait ainsi économiser 100 millions $ par année si on gardait cette prestation pour les plus démunis seulement.»
Le RRQ, dit Paul Daniel Müller, est un programme social. Le déboursé total annuel est de l’ordre de 11 milliards $. «C’est énorme! Il faut se mettre en mode arrêt, le temps de réfléchir. On dit aux générations plus jeunes: payez plus, et vous en aurez plus. Mais déjà, ils paient plus que leurs prédécesseurs et ils en auront moins.»
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