Les Berlinois rejettent l'enseignement religieux obligatoire

Laïcité — débat québécois

Pour les élèves de la capitale allemande, l'instruction religieuse restera une matière optionnelle : au terme d'un référendum populaire, dimanche 26 avril, l'association Pro Reli n'est pas parvenue à imposer sa revendication de faire inscrire les cours de religion au programme des écoles publiques de Berlin.
Malgré l'intense publicité menée ces dernières semaines par les partisans du "oui", 51,3 % des votants ont rejeté cette réforme, privilégiant le maintien de leçons d'éthique obligatoires pour tous les enfants. Des stars du monde du sport et du petit écran s'étaient pourtant mobilisées pour Pro Reli, soutenue par les Eglises chrétiennes de la capitale.
Même la chancelière Angela Merkel avait appelé à ce que "le plus possible de Berlinois et de Berlinoises votent oui". Pourtant, la participation est restée très faible : ils n'ont été que 29,2 % à se rendre aux urnes.
Les résultats ont montré un clivage assez net entre l'ancienne Berlin-Est communiste et l'ancienne Berlin-Ouest. L'avocat conservateur Christoph Lehmann, initiateur du référendum, a quand même trouvé un motif de consolation : "La ville de Berlin, considérée comme la capitale de l'athéisme, a discuté de religion des mois durant", a-t-il fait remarquer.
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Marie de Vergès
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Pour ou contre les cours de religion ? Les Berlinois votent
Les cours de religion, c'est formateur. Allez voter". La banderole est portée haut, en tête du cortège. Tapage, coups de sifflet, ballons multicolores frappés du mot "oui" accompagnent le long défilé qui s'élance dans le "Kudamm", la célèbre avenue de l'ouest de Berlin.
Il ne reste plus que deux jours aux militants de l'association Pro Reli pour mobiliser avant le référendum populaire organisé, à leur initiative, dimanche 26 avril. Objectif : faire inscrire l'enseignement religieux au programme des écoles publiques berlinoises.

Plus précisément, Pro Reli réclame que les élèves puissent avoir le choix entre des cours de religion, organisés séparément pour chaque confession, ou des leçons communes d'éthique, seules obligatoires actuellement. Quelque 2,4 millions de Berlinois sont appelés aux urnes pour trancher.
Les esprits sont surchauffés à l'approche de ce scrutin dont la préparation a emprunté tous les ingrédients d'une campagne électorale. Depuis près d'un mois, les murs et lampadaires de la capitale sont couverts de milliers d'affiches prônant le "oui" ou le "non". Eglises, politiques, vedettes du sport ou du petit écran ont publiquement pris fait et cause pour l'un ou l'autre camp.
"BERLIN, LA ROUGE"
D'après les sondages, les partisans du oui sont donnés avec une courte avance. Mais, pour l'emporter, il leur faut les voix d'au moins 25 % des inscrits sur les listes municipales. Pour faire grimper le taux de participation, les bonnes volontés ont été mises à contribution. Le cardinal Georg Sterzinsky a retroussé sa soutane pour aller interpeller les passants devant la porte de Brandebourg, au coeur du Berlin historique.
En Allemagne, où la notion de laïcité à la française n'existe pas, l'instruction religieuse est une matière officielle dans la quasi-totalité des Länder. Frondeuse, multiculturelle et largement athée, "Berlin, la rouge" est un cas à part. Plus de la moitié de ses habitants se revendiquent sans confession et quelque 40 % des enfants scolarisés de moins de 15 ans sont issus de l'immigration.
La municipalité de gauche défend obstinément le principe d'un cours d'éthique. Celui-ci a été rendu obligatoire en 2006 avec le but affiché de rassembler les élèves de toutes origines autour de l'enseignement de valeurs civiques et morales. Dans l'autre camp, Pro Reli a reçu les suffrages de l'opposition conservatrice et des églises chrétiennes. Avec cette idée, née des pages sombres de l'histoire allemande, que l'Etat ne peut seul inculquer des valeurs positives aux enfants.
L'histoire... Vingt ans après la chute du Mur, la bataille n'est pas loin de ressusciter le clivage Est-Ouest. Selon les sondages, les quartiers de l'ancienne Berlin-Est communiste voteraient pour le statu quo, tandis que Pro Reli l'emporterait dans l'ancienne Berlin-Ouest. Au bord du défilé, un vieux monsieur brandit un panneau : "Votez non". Un couple l'interpelle : "A vous regarder, on croirait que vous regrettez la dictature de la RDA !"
Marie de Vergès


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