Pomme de discorde fédérale-provinciale, la loi sur la laïcité a donné lieu jeudi à une autre attaque frontale de François Legault contre Justin Trudeau.
Furieux, le premier ministre du Québec a accusé son homologue canadien « d’insulter les Québécois » en acceptant que des fonds fédéraux servent à financer une contestation judiciaire de la loi 21.
La Commission scolaire English-Montréal a réussi à obtenir 125 000 $ d’un programme fédéral pour attaquer devant les tribunaux la législation qui interdit aux employés de l’État en position d’autorité d’arborer un signe religieux.
Devant le tollé, l’organisation a annoncé hier en fin de journée qu’elle renonçait à cette cagnotte fédérale.
Mais selon nos informations, la commission scolaire a déjà dépensé 373 000 $ de fonds publics provenant de son propre budget dans la contestation.
François Legault, lui, n’a pas digéré que son vis-à-vis fédéral s’en lave les mains. Il demande à Justin Trudeau de veiller à ce qu’aucune somme provenant des coffres fédéraux ne soit utilisée pour contester la loi 21.
« Je pense que Justin Trudeau insulte les Québécois en finançant un recours contre cette loi qui interdit les signes religieux, qui est appuyée par une majorité de Québécois ! », a-t-il pesté avant de se rendre à la période de questions à l’Assemblée nationale.
« C’est quand même pas rien ! a poursuivi le premier ministre du Québec. M. Trudeau ne doit pas se cacher derrière un programme indépendant. »
Pas d’ingérence
Justin Trudeau a répété jeudi que les fonds fédéraux avaient été accordés par un organisme indépendant.
Une intervention de sa part pour empêcher la Commission scolaire English-Montréal de toucher cette cagnotte du Programme de contestation judiciaire aurait été synonyme d’ingérence politique, a plaidé le premier ministre canadien.
Les libéraux fédéraux se seraient bien passés de cette controverse. En coulisses à Ottawa, plusieurs sources libérales ont confié leur frustration de voir le premier ministre Legault s’attaquer personnellement à Justin Trudeau.
Selon des sources gouvernementales, ce fonds demeurera accessible à ceux qui souhaitent contester la loi 21.
Le gouvernement fédéral n’a aucune intention de s’ingérer dans les affaires de ce programme indépendant afin d’en modifier, par exemple, les critères d’admissibilité, confie-t-on.
Elle poursuivra son combat
En raison du « climat politique », la Commission scolaire English-Montréal a décidé de mettre une croix sur les fonds du fédéral pour contester la loi 21.
« À la lumière du climat politique actuel, de ce qui s’est passé au cours des 24 dernières heures [...], il n’est pas dans l’intérêt de la communauté anglophone d’accepter les fonds », a fait valoir le porte-parole, Michael Cohen.
Pas question toutefois de laisser tomber la cause. English-Montréal poursuivra son combat contre la loi 21.
— Avec la collaboration de Guillaume St-Pierre et Émilie Bergeron