La tendance se maintient et pose la question qui tue : les libéraux sont-ils vraiment aussi invincibles qu’on le croit ? Selon le dernier sondage Léger-Le Journal-Le Devoir-The Globe and Mail, la réponse est plus équivoque que jamais.
À 32 % au Québec, les libéraux ont perdu le quart de leurs appuis depuis leur retour au pouvoir en 2014. À 22 %, le Parti québécois de Jean-François Lisée s’enlise. À 28 %, la CAQ de François Legault s’installe en deuxième position. À 12 %, Québec solidaire prend un coup d’humilité.
Chez les francophones, la CAQ domine à Québec et dans les régions. Même à Montréal, elle talonne le PQ. François Legault dépasse même Philippe Couillard comme chef qui « ferait le meilleur premier ministre ».
Bref, l’image d’un Parti québécois sur le déclin, d’une CAQ devenant l’alternative aux libéraux et d’un gouvernement fragile s’incruste dans l’opinion.
Cuirasse fissurée
S’il est vrai que le résultat des élections du 1er octobre 2018 est imprévisible, la cuirasse libérale se fissure néanmoins. Au pouvoir depuis presque 15 ans, l’usure, les fantômes de l’ère Charest et l’indifférence du premier ministre sur les questions identitaires y sont pour quelque chose.
Son vrai talon d’Achille est cependant ailleurs. Ses années d’austérité ont fait mal et l’échec des « réformes » Barrette est indéniable. Pour un gouvernement dirigé par un médecin, l’ironie est que le système de santé et de services sociaux est malade.
Sous la main de fer d’un autre médecin – l’omnipotent ministre Gaétan Barrette –, les augmentations phénoménales accordées aux médecins vampirisent les services à la population. Les réformes ultracentralisatrices du Dr Barrette démoralisent le personnel médical et éloignent les nombreux « décideurs » du système des besoins criants des citoyens.
Plan concret
Les soins à domicile manquent. Les listes d’attente pour le soutien aux personnes handicapées sont interminables. Les proches aidants sont oubliés. La qualité de vie des personnes âgées dépend de leurs revenus et non de leurs besoins, etc.
Pour preuve, selon le dernier sondage Léger, les Drs Couillard et Barrette atteignent chacun un taux de « mauvaise opinion » de 56 % – de loin le plus élevé au gouvernement. Ce gâchis est d’une ampleur telle qu’il finira en enjeu électoral. C’est garanti.
Pour faire diversion, M. Couillard préfère jouer la carte de la « discrimination systémique ». Ce qui lui permet aussi de profiter de la surenchère prévisible entre le PQ et la CAQ sur les questions « identitaires » pour les accuser de xénophobie et, ce faisant, polariser l’opinion et consolider sa base.
Mais surprise ! La CAQ lance son offensive préélectorale avec une publicité attaquant plutôt les libéraux sur la santé. Les sondages le disent d’ailleurs depuis des années : c’est LA priorité des électeurs.
Or, attaquer les libéraux ne suffira pas. Il faudra proposer un plan crédible pour rescaper les services sociaux et la santé. Le parti d’opposition qui saura le faire pourrait être étonné du résultat dans l’isoloir.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé