Alliance PQ-QS : c'est encore une mauvaise idée

B93de5ad970b41f8ed6de109b971ee8c

Avec son nouveau chef, le PQ est redevenu l’unique parti vraiment indépendantiste

Il n’aura pas fallu 24 heures après la soirée électorale de lundi pour qu’un vieux serpent de mer de la politique québécoise remonte à la surface : celui voulant que le Parti Québécois et Québec solidaire doivent s’unir pour un jour prendre le pouvoir. 


Sur le papier, la proposition peut séduire. On présente généralement le PQ comme un parti souverainiste de centre gauche. Quant à QS, on le présente comme un parti de gauche radicale souverainiste. 


Les deux ne sont-ils pas appelés à s’accoupler ? 


Les choses sont plus complexes. 



  • Écoutez la rencontre Mathieu Bock-Côté et Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h via QUB radio :



Souveraineté ?


Le PQ, malgré ses mille défauts et hésitations, est d’abord et avant tout un parti indépendantiste. 


Certes, il penche au centre gauche, mais il se présente fondamentalement comme une coalition de gens de gauche, de centre et de droite réunis pour faire du Québec un pays. 


QS, de son côté, parle très peu d’indépendance, et n’y est favorable qu’à condition de la subordonner à un projet de société « de gauche », ce qui est inquiétant, en passant, sur le plan démocratique. 


Le PQ, par ailleurs, après ses errances post-référendaires, a renoué avec ce qu’on appelle aujourd’hui le nationalisme identitaire. 


Avant, ce dernier était intégré au souverainisme tout court, et au nationalisme québécois en général. Du temps de René Lévesque, Camille Laurin, Jacques Parizeau ou Robert Bourassa, tout le monde était « identitaire » selon les critères actuels. 


Quoi qu’il en soit, il n’en est plus ainsi, et QS, de son côté, est anti-identitaire, et profondément multiculturaliste. 


Les deux partis, nous dit-on, sont de gauche. 


Mais il ne s’agit pas de la même gauche. 



Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.


La gauche péquiste est sociale-démocrate, la gauche de QS ressemble à celle qui s’impose dans les campus américains. C’est une gauche woke.


Poussons plus loin : une bonne partie du PQ est mentalement et politiquement plus proche de la CAQ que de QS. Et une partie significative de QS est idéologiquement beaucoup plus proche du PLQ que du PQ. 


Voilà pourquoi j’aime surnommer l’alliance idéologique entre le PLQ et QS le PLQS. 


Si le PQ et QS s’unissaient, les deux éclateraient. 



  • Encore plus de Mathieu Bock-Côté, écoutez son édito diffusé chaque jour en direct 10 h via QUB radio : 



Gauche


On entend quelquefois l’argument suivant : le PQ et QS cohabitaient autrefois, pourquoi ne le pourraient-ils pas aujourd’hui, ou du moins, demain. C’est faire une erreur d’analyse historique. 


Le noyau idéologique et militant de QS provient de la gauche radicale québécoise. Les uns se réclamaient du socialisme indépendantiste, les autres d’un marxisme-léninisme qui s’est recyclé dans la gauche communautaire, mais les deux étaient profondément antipéquistes. 


Les électeurs issus de la gauche péquiste ne sont venus que dans un second temps. Mais jamais le noyau de ce parti n’acceptera une alliance avec le PQ, comme Jean-François Lisée en a fait l’expérience il y a quelques années. 


Tout cela pour dire que les deux partis ont peu en commun, et qu’ils ont avantage à chacun poursuivre leur aventure plutôt que se perdre dans un projet chimérique de mariage politique.