J’écoutais Patrice Masbourian l’autre matin sur les ondes très schizophréniques de Radio-Cadenas. Il recevait Mme Djemila Benhabib, candidate péquiste dans Trois-Rivières. Il la présentait comme la «militante» Djemila Benhabib, connue pour ses deux essais sur la menace islamiste et sur la laïcité. Il la questionne d’entrée de jeu sur une manifestation du soir précédent qui aurait tourné à l’affrontement. Il lui balance le grelôt suivant: «on parle de vandalisme et de dix-sept arrestations.»
Prenez bien note du procédé qu’on peut assez aisément décrypter. Le choix et la suite de mots formulés pour alerter les peureux identitaires réfractaires à l’affirmation majoritaire – ces angoissés multiculturalistes/apatrides - qui font si aisément et si aveuglément le glissement ou l’association entre militante, vandalisme et arrestations. Donc, M. Masbourian l’invite pour parler de sa candidature pour le PQ dans Trois-Rivières et sa première question concerne une manifestation qui aurait mal tourné le soir précédent. On repassera pour la pertinence, mais on peut prendre note du malice implicite. Il insiste tout de même pour lui demander si elle craint que ça va donner des munitions au gouvernement Charest, ce genre de manifestation là?
Mme Benhabib a su très bien gérer ça: «Bien écoutez, il est toujours triste de constater qu’on verrouille l’expression citoyenne dans un pays démocratique. Malheureusement, Jean Charest, à travers son mépris, a alimenté au plus haut point cette confrontation et c’est ce que je déplore en premier.»
Ensuite, évoquant son franc-parler, ses positions «très tranchées, entre autres sur la question de la laïcité», il lui déclare que ça peut «surprendre un peu que vous décidiez de limiter votre liberté d’expression en vous joignant à un parti politique. Mais, y a pas des risques pour vous là-dedans?»
La question fait rire un peu Mme Benhabib qui répond: «Oui. Bien sûr, vous savez, à chaque fois qu’on saute dans l’arène politique, il y a bien évidemment un risque. Particulièrement pour moi, donc, une intellectuelle engagée. Mais, à un moment donné, si on veut traduire sa réflexion en des gestes politiques concrets, bien, il faut le faire, il faut sauter dans l’arène politique et j’en suis arrivée là dans ma réflexion.»
Affirmant que Mme Benhabib n’est pas la candidate d’une seule cause, qu’elle veut représenter les citoyens de Trois-Rivières pour le PQ, M. Masbourian lui glisse ensuite: «Reste que, la raison pour laquelle vous êtes considérée comme une candidate vedette, c’est parce que vous vous êtes fait entendre sur la question de la laïcité contre l’islamisme. J’imagine que c’est quand même une cause que vous allez pousser là au sein d’un éventuel caucus péquiste?»
Ce à quoi Mme Benhabib réplique avec beaucoup d’aplomb: «Oui, absolument et j’en profite pour dire que ce qu’il y a d’extrêmement intéressant à travers la problématique de la laïcité, c’est qu’elle est au carrefour de plusieurs problématiques. Elle est au carrefour même de la citoyenneté, du vivre ensemble, de l’intégration, de ce qu’est l’identité. De comment on accepte les différences. Quels compromis peut-on faire? Donc, voyez-vous, tous ces questionnements là sont au centre d’un projet de société. Malheureusement, M. Charest, n’a rien à nous proposer quant à ces grandes thématiques qui transendent le monde de bout en bout.»
Très embêté, M. Masbourian en ajoute: «Mais, quand même, c’est une cause que vous avez adopté, sur laquelle vous avez pris, encore une fois, des positions très très claires, très très tranchées. Vous avez parlé, entre autres, sur… dans votre livre «Les soldats d’Allah à l’assaut de l’occident», d’une alliance entre l’islam radical et une certaine gauche multiculturaliste et féministe. Vous vous en preniez, entre autres, à Québec solidaire et à la Fédération des femmes du Québec. Mais, quand même, il y a des membres du PQ qui font partie de cette gauche multiculturaliste et féministe. Est-ce que vous avez le sentiment que le PQ est en train d’adopter vos positions, ou c’est parce que vous avez mis de l’eau dans votre vin?»
Ce qui fait encore rire Mme Benhabib: «Bien écoutez, j’ai été extrêmement heureuse d’abord de savoir que le PQ a adopté une résolution quant à la charte de la laïcité. Vous vous rappellerez que c’était l’un de mes combats. Mais pas seulement, c’était également le combat du Conseil du statut de la femme, donc, qui a mis de l’avant l’égalité entre les hommes et les femmes. C’était également l’un des combats du syndicat de la fonction publique québécoise . C’est dire que finalement, cette question là de la laïcité n’est pas aussi marginale que l’on prétend. Elle rallie des forces vives du peuple québécois, de la société québécoise. Et moi, je m’y rallie. Bon, ce n’est pas ma cause, c’est celle des forces vives laïques modernes, féministes du Québec.»
M. Masbourian lui demande ensuite si elle se considère «au centre» dans ce débat là?
Elle lui réplique: «Bien, écoutez, je… avec beaucoup de modestie, je ne suis qu’une parmi tant d’autres. Alors, c’est vrai que, bon, il est arrivé que je monte au front pour revendiquer clairement ces positions. Mais, il ne fait pas l’ombre d’un doute pour moi que je ne suis qu’une parmi tant d’autres qui sont fatigués de la situation actuelle. Tant de mes concitoyennes et concitoyens québécois qui sont fatigués du pourrissement de la situation actuelle. Qui sont fatiqués du statu quo. Qui sont fatigués de nous faire dire que, bon, rien ne peut être fait par manque de courage politique, encore une fois.»
M. Masbourian, quelque peu étourdi par la réponse Mme Benhabib, conclut son entretien avec elle en lui demandant pourquoi elle a décidé de vivre à Trois-Rivières?
Elle lui explique que c’était d’abord et avant tout un choix de famille. «Nous comptions, donc, mon compagnon et moi, changer de région depuis voilà un an et demi. Donc, je voulais habiter les régions, je suis attachée aux régions. Je considère que, quelque part, l’âme du Québec se trouve dans les régions. Je suis une amoureuse de la nature. Je voulais vivre dans une ville qui a les avantages d’une ville sans en avoir les défauts. Trois-Rivières est une ville d’histoire et de culture. Je suis une amoureuse de la langue. J’ai hâte d’aller au festival de la poésie. Pour ces raisons là et pour bien d’autres, mon cœur a balancé pour la Mauricie depuis longtemps.»
Fin de l’entrevue.
La pathologie à-plat-ventriste dite multiculturelle ou interculturelle est un malaise un peu trop répandu sur notre territoire. Ça vient perturber très gravement l’esprit patriotique ou la fibre nationale d'un peuple déjà fragilisé. Les adeptes de la secte multi/inter/culturelle de gauche/droite se caractérisent par une anxiété ou une névrose identitaire variable selon le degré d’aggravation de l’aliénation identitaire ou l’assimilation culturelle ou religieuse étrangère à laquelle s’est soumise un sujet quelconque. Pour donner des exemples concrets et personnalisés de cette variable d’aliénation, je vous cite comme exemples: Françoise David; Amir Khadir; Paul Desmarais; Jean Charest; Gérard Bouchard ou son frère mieux connu par son mirroir. Il faut bien cerner que pour ceux qui sont affligés par ce carcan psychologique ou affectif, quand ils voient ou entendent des individus qui ont des idées très très tranchées ou très très claires, l’alarme est déclanchée et les renforts arrivent vite.
La culture politique et médiatique a tellement régressé que dès lors, faire la promotion de la souveraineté ou de l’indépendance de notre patrie, ou réclamer une constitution québécoise affirmant la laïcité de nos institutions publiques ou l’égalité des hommes et des femmes, c’est extrémiste. Ça doit être neutralisé ou marginalisé. Pour ces fumistes de la négation identitaire, des mots tels que république, citoyenneté ou intégration sont tabous et doivent être vidés de leur sens. Le mot d’ordre de cette caste en est un de déni national, de laisser-aller et de repli communautaire. Leur message bien constant convie à bien assimiler que le nous doit toujours être ramené à l’autre, jusqu’à nous faire loucher d’accommodements s’il le faut, cour suprême monarchiste oblige…
Daniel Sénéchal
Montréal
Le rouleau compresseur du multiculturalisme et des accommodements
Radio-Cadenas: promoteur féru de l’affirmation minoritaire et religieux
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3 commentaires
Jean-François-le-Québécois Répondre
8 août 2012«La question fait rire un peu Mme Benhabib...».
Mais oui, et il y avait de quoi, devant la malhonnêteté intellectuelle de Masbourian. Et aussi, parce qu'elle savait bien qu'elle était capable, dans le cadre de n'importe quel débat, de mettre dans sa poche le dit personnage.
Laurent Desbois Répondre
4 août 2012Non à la souveraineté multiculturaliste de Québec solidaire
La position de Québec solidaire pave ainsi la voie à la consolidation, au Québec, du multiculturalisme déjà bétonné par la constitution canadienne de Trudeau.
Ceci est la doctrine perverse du multiculturalisme et du rapport Bouchard-Taylor du NDP. Les immigrants doivent rejoindre le tronc culturel commun. Le temps n’est pas à la conciliation, mais à l’intégration fraternelle.
Ceci est la doctrine perverse du multiculturalisme et au rapport Bouchard-Taylor du NDP. « Les immigrants doivent rejoindre le tronc culturel commun. Le temps n’est pas à la conciliation, mais à l’intégration fraternelle.
"À signaler que Charles Taylor et Daniel Weinstock, défenseurs du multiculturalisme et de la laïcité « ouverte » et opposés à une charte de la laïcité, ont appuyé cette demande d’un tribunal fondé sur la charia."
http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=2316
Jean-Claude Pomerleau Répondre
4 août 2012Le multiculturalisme camouflé de QS ça donne ceci:
Françoise David sur le déclin du français à Montréal, tel que rapporté par J F Lisée:
(...)
Mon amie Françoise David a même indiqué que, puisque tant d’allophones parlent le français à la ville, on ne pourrait s’inquiéter que si la proportion de Montréalais parlant français au petit-déjeuner avec leurs enfants chutait à… 20%. Donc, pas question de sonner l’alarme avant que 80% des habitant de l’île ne parlent une autre langue en tartinant leurs roties. Et encore, ce n’est pas certain.
(...)
http://www.vigile.net/L-indignation-linguistique-Ce
...
À quoi servent les micro partis de l'ultra gauche idéologique (exemple de la France) :
Par ailleurs, l’internationalisme ouvertement revendiqué par ces organisation épouse parfaitement l’euro- mondialisme si cher à nos dirigeants UMPS.
(...)
Ce micro parti, joue la même partition que ses prédécesseurs : occuper l’espace politique dans les universités, la fonction publique, les médias, pour détourner les masses de l’essentiel (l’écrasement des nations par l’empire) et les orienter vers l’accessoire (mariage gay, polémique avec L. Deutsch, etc...)
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Gauche-anticapitaliste-Le-nanar-continue-12896.html
Au moment ou se joue le destin de notre nation, une partie de la jeunesse s’investit dans QS qui dans le contexte est cul de sac idéologique !
JCPomerleau