Ce qui sauve

Le rire de Dieu

Comment imaginer que Dieu ait voulu toutes ces misères humaines et ces cataclysmes naturels ?

Tribune libre 2010




J'entends souvent l'écho du rire de Dieu à l'heure du jugement
dernier quand Il constate l'immensité du mal sur la planète Terre qu'Il a
créée en six jours de dur labeur.
Tant de souffrances, tant de cruautés, tant d'horreurs sans relâche. Notre
monde est sans pitié.
La faute des hommes ? Ou à cause de la nature ?
Trop souvent, en effet, les désirs humains et les peurs s'affirment par
orgueil et cupidité. Nous percevons au quotidien violence et mensonges,
pauvreté et exclusions, corruption et abus de pouvoir. Pour le meilleur des
mondes, des hommes ont cru que la seule liberté allait tout arranger ! Et
j'en suis.
Quant à la nature, elle sévit sévèrement avec ses tremblements de terre
sans préavis, ses feux de forêts et ses volcans aveugles, ses inondations
qui lessivent des vies de rêves, ses maladies largement distribuées, ses
enfants handicapés, ses vieillards en décrépitude.
Comment imaginer que Dieu ait voulu toutes ces misères humaines et ces
cataclysmes naturels ? Ou Dieu n'est pas tout-puissant, ou il n'est pas
bon. C'est pile ou face ? Ou l'inverse !
Pourquoi Dieu rit-il en regardant l'homme ? Parce que plus l'homme s'agite,
plus son action l‘éloigne de la pensée créatrice. Voilà un beau cas
d'« attente déçue »* qui déclenchera à la fin du monde, l'hilarité
irrésistible d'un Dieu étonné de la chute de l'homme.
Rira bien qui rira le dernier, car voilà ce qui sauve, maintenant et
toujours : la beauté du monde et les essais-erreurs de l'amour de l'autre.
Là, c'est moins drôle pour nous. Plus difficile.
Si vous cherchez Dieu, vous devrez passer par l'humain. Serait-il possible
que, devant le déploiement des forces et des cycles de nos vies, ce soit
dans la mystique du rire libérateur… que réside l'émerveillement ?
Notre ciel ici-bas.
Gilles Châtillon
« Le rire naît d'une attente déçue. » selon une définition du philosophe
français Henri Bergson. Le rire vient du contraste. Il n'y a en fait rien
de plus drôle en effet que la chute d'un niveau à un autre, comme le clown
qui trébuche parce qu'il n'a pas vu les marches de l'escalier.
Note : Quelle idée saugrenue m'a pris de m'empoigner avec Dieu dans ce
blogue quelque peu laborieux et pessimiste ? Au début, tu le tutoies comme
un vieil ami. Ensuite, il devient un tyran avec ses grandes Vérités. Puis
finalement, sur le point d'accepter son autorité, il t'échappe. Et tu erres
alors entre le néant ou l'absolu. On ne peut rien dire de Dieu sans se
perdre. Épuisé, j'éclate de rire !
Vous trouvez ce billet pessimiste ? Pour ma défense, lisez cet article de
Jacques Attali : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/eloge-du-pessimisme_896430.html

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En un mot, j'aspire à être un humaniste en quête de
d'égalité et de solidarité. Une espèce rare et en perdition.

Ma vie professionnelle débute dans l'enseignement, du primaire à
l'université (1963-1970). Pour la suite, à titre de haut fonctionnaire au
Conseil exécutif du Gouvernement du Québec (1977-1984), j'ai facilité le
dialogue social et la concertation au Québec en dirigeant les Conférences
socio-économiques – les 52 « sommets » – ainsi que les dix-sept
Commissions régionales et nationale sur l'avenir politique du Québec.

De 1990 à 2006, j'ai été président-directeur général du Cercle des
présidents du Québec, un réseau sélect de 80 PDG de grandes entreprises du
Québec INC. à l'affût des signaux faibles des futurs possibles pour
éclairer leur gouvernance.

Professeur, administrateur public, dirigeant et consultant d'entreprises,
aussi carnetier sur le Web, je suis diplômé en philosophie, en pédagogie et
en administration (MBA). J'ai œuvré au sein de gouvernements, de
coopératives et d'entreprises privées.

Aujourd'hui, je suis à créer L'institut Québec – Le Monde, un lieu
de réflexion, de propositions et d'influence réunissant des experts et des
universitaires, des gens d'affaires et des artistes, des travailleurs et
des citoyens, des seniors et des jeunes, tous habités par l'idée que
l'avenir ne sait pas attendre et qu'il vaut mieux le convoquer soi-même.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juin 2010

    De croire que Dieu est l'Auteur du mal c'est le péché impardonnable contre le Saint Esprit
    Le mal n'est pas une création et seul Dieu à ce pouvoir de créer , le mal consiste à mal utiliser un bien
    Le pire mal est de considérer le bien comme un mal et le mal comme un bien souhaitable et désirable
    Et toute l'humanité est au prise dans cette terrible confusion du bien et du mal et spécialement les Québecois

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juin 2010

    L'opposé du rire est la peur.
    Celui qui rit n'a pas peur et celui qui n'a pas peur n'agresse pas son voisin, n'a que faire de la guerre, et accepte sa mort éventuelle et inévitable. Il ne cherche pas à changer le monde, il le découvre et le partage. Il ne vois pas de "mauvais côté" à ce monde.
    Le pessimiste a peur ou cherche à faire peur. Il croit ou tente de faire croire à un "mauvais côté" du monde qui doit être évité ou même changé. C'est la "menace" d'Attali.
    L'optimiste apparaît lorsqu'une personne se met à croire au "mauvais côté" avancé par le pessimiste. L'optimiste est celui qui agressera la menace (révolutionnaire) dans l'espoir de retourner dans son monde sans "mauvais côté" (réactionaire).
    Une personne qui ne croit pas à un "mauvais côté" du monde n'a aucun besoin d'optimisme et n'agresse personne. Il rit de l'optimiste qui se fait manipuler par le pessimiste.
    Chez Attali, les deux entités habitent son esprit. C'est une psychose. Le cataclysme est en lui et n'a rien de naturel.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juin 2010

    d'une certaine façon, l'optimisme est conservateur, le pessimisme est révolutionnaire.
    Etre pessimiste ne veut donc pas dire être résigné, au contraire : cela implique d'être capable de faire l'analyse des menaces, de les comprendre, de les prendre au sérieux et d'agir. Car on peut être à la fois pessimiste dans le diagnostic et optimiste dans l'action.
    Voilà ce que je retiens du texte que vous nous aviez suggéré. Habituellement je fuis les cocus contents et les gens qui se réfugient dans la pensée magique. Merci pour cette intervention dans VIGILE.
    Lorsque des gens me demandent de me définir; je leurs réponds que je suis un pessimiste optimiste.