Gouvernement Harper

Le retour du Québec

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Pas une côte à remonter, un abysse !

Le premier ministre Stephen Harper revoit sa stratégie à l’égard du Québec. Nouveau lieutenant québécois en la personne de Denis Lebel et nouvelle adjointe pour le Québec à son cabinet avec Catherine Loubier. Reste maintenant à traduire ce nouvel intérêt pour les électeurs québécois dans des gestes concrets d’ouverture.

Quoi qu’aient pu penser ses stratèges électoraux au lendemain de l’élection du 2 mai 2011, le premier ministre conservateur, qui tourne toute son attention vers le rendez-vous électoral de 2015, ne peut se permettre d’ignorer le Québec. Si cette province n’a été pour rien dans la dernière victoire conservatrice, ce ne sera pas le cas la prochaine fois. Tous les votes compteront. Les cinq sièges québécois qu’il détient aujourd’hui pourront faire la différence, s’il réussit à les conserver, entre une victoire serrée (majoritaire ou minoritaire) et une défaite.

Stephen Harper sait bien qu’il a une côte abrupte à gravir. L’annonce qu’il a faite vendredi à Québec de la réfection de la côte Gilmour avait tout d’une métaphore, sans doute involontaire de sa part, quant au défi qui l’attend. Située dans le parc des Champs-de-Bataille, elle est l’une des plus abruptes côtes qui conduisent de la basse ville à la haute ville. Sa réfection la rendra accessible aux automobilistes en hiver.

La métaphore d’ouverture est on ne peut plus ténue, car il faudra bien plus que cette annonce pour retrouver l’attention des Québécois, qui n’a pas été aussi basse depuis des décennies. Les plus récents sondages n’accordent au Parti conservateur que 8 % d’appui. À l’élection de 2011, les 16,5 % de voix obtenues lui avaient assuré de garder cinq sièges. Si rien n’est fait pour renverser la tendance à la baisse, le Parti conservateur pourrait ne conserver qu’un ou deux sièges.

Le geste le plus significatif posé par M. Harper est sans doute la nomination du ministre Denis Lebel comme lieutenant québécois. Il est meilleur communicateur que son prédécesseur, le ministre Christian Paradis. Surtout, son expérience en politique municipale comme maire de Roberval de 2000 à 2007 lui a permis de maîtriser les subtilités de la politique québécoise. Dès sa nomination à cette nouvelle responsabilité, il a ainsi annoncé d’emblée qu’il n’entendait pas jouer au matamore face au gouvernement Marois et à sa gouvernance souverainiste. Il entend mettre l’accent sur « ce qui nous rassemble » plutôt que sur des « chicanes inutiles et futiles ».

De la coupe aux lèvres conservatrices, la distance ne sera pas facilement franchie. Ce que Denis Lebel devra expliquer à ses collègues est le sens qu’il faut donner au mot ouverture, qui ne peut se restreindre à la côte Gilmour et à quelques subventions. Comme ministre des Affaires intergouvernementales, il a l’occasion d’amener son gouvernement à revoir sa position sur la question de la formation de la main-d’oeuvre. Les provinces rejettent unanimement la stratégie mise de l’avant par Ottawa dans son budget, qui leur retire cette responsabilité et un transfert de 300 millions par année pour confier le tout aux entreprises. Un dialogue et la recherche d’un compromis s’imposent.

À l’époque où le premier ministre Harper avait fait du fédéralisme d’ouverture un mot clé de son programme, les Québécois avaient été attentifs à ses propositions. En 2006, ils lui avaient donné 24,6 % de leurs suffrages et dix députés. Que les conservateurs ne se fassent pas d’illusions. Ils ne retrouveront pas ce niveau d’appui, mais dans la bataille qui les opposera au NPD et au Parti libéral ragaillardi par l’arrivée de Justin Trudeau, c’est certainement en pratiquant ces deux prochaines années un fédéralisme d’ouverture qu’ils pourront se distinguer, pourvu qu’il s’accompagne de gestes


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