Deuxième dans les sondages, derrière le Parti libéral de Justin Trudeau mais devant le NPD de Thomas Mulcair, le Parti conservateur peine à retrouver son souffle.
Le scandale récent des dépenses injustifiées réclamées par des sénateurs conservateurs, la défense sans nuances de tous les projets d’exploitation et de transport d’hydrocarbures, le préjugé trop favorable aux entreprises et l’absence de compassion à l’endroit des chômeurs des régions les plus pauvres expliquent largement la baisse de popularité de ce gouvernement que plusieurs trouvent froid, arrogant et loin des gens.
Cette perception est encore plus accentuée au Québec, où, à titre d’exemple, on a vu très peu de ministres conservateurs sympathiser avec les résidants de Lac-Mégantic, à l’exception des quelques francophones de service et du premier ministre lui-même, qui a visité les lieux dans les heures qui ont suivi le drame. Plus que jamais dans l’histoire politique contemporaine, les Québécois ont l’impression de vivre dans un pays voisin de celui que dirige l’équipe Harper.
Qu’importe, diront certains, puisque, de toute façon, ce parti venu de l’Ouest a abandonné l’idée de reconquérir le Québec à la manière de Brian Mulroney en son temps ! Or, voilà que même la base allianciste du PCC accuse le parti et son chef d’avoir perdu leur âme !
Il y a maintenant sept ans que les conservateurs dirigent le pays, dont les deux dernières à titre de gouvernement majoritaire. Sept années au cours desquelles le Canada a traversé sans trop de casse la plus grave crise économique mondiale des soixante dernières années. Ce qui explique que M. Harper ait gardé à ses côtés tous les ministres clés qui l’ont accompagné jusqu’ici dans l’aventure, malgré un remaniement qu’on nous annonçait majeur.
Ainsi, les Jim Flaherty (Finances), Tony Clement (Conseil du Trésor), Joe Oliver (Ressources naturelles) et Ed Fast (Commerce international) conservent tous leur poste à saveur économique. En revanche, Christian Paradis, l’un des deux seuls Québécois qui détenaient un portefeuille économique d’importance, celui de l’Industrie, est rétrogradé au Développement international au profit de James Moore.
Quant à Denis Lebel, de qui relevaient les Transports — et les suites à donner à la tragédie de Lac-Mégantic —, il est remplacé par l’unilingue anglophone Lisa Raitt, dont on se rappellera les bourdes commises lors de la fermeture du réacteur nucléaire de production d’isotopes médicaux de Chalk River, en 2009.
Au ministère de l’Environnement, secteur névralgique s’il en est en ces temps de confrontations entre défenseurs du modèle de développement pétrolier accéléré et leurs opposants, le premier ministre a nommé Leona Aglukkaq. Une ministre qui n’a impressionné personne, à la Santé, mais dont on espère sans doute que les origines inuites joueront en faveur du gouvernement et des sociétés pétrolières dans les difficiles négociations avec les Premières Nations.
Tous ces ministres ne sont pas des incompétents, tant s’en faut ! Le problème, c’est que malgré certains bons coups, ils ont toujours fait partie de l’équipe qui se classe aujourd’hui très bas dans les sondages. L’absence quasi totale de latitude à laquelle M. Harper les a réduits les a empêchés de se faire connaître à leur juste valeur, de sorte que malgré le temps, ils restent pour la plupart de parfaits inconnus aux yeux d’une majorité de Canadiens.
Dans ce gouvernement, un seul homme accapare le mérite du succès, mais aussi tous les blâmes. Rarement remaniement ministériel n’aura paru aussi vain au regard de l’objectif ultime poursuivi par le premier ministre : redorer le blason conservateur pour garder le pouvoir au-delà de 2015.
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