La bassesse du serment d’allégeance à la reine anglaise

Le Québec doit se doter d’une constitution

Tribune libre

Au Québec, à la suite du scrutin, compte tenu que le Québec est l’une des parties d’un ensemble politique nommé le Canada et que cet ensemble est une monarchie constitutionnelle dont le chef d’État est Élisabeth II, Reine du Canada, les candidats élus doivent être assermentés par le secrétaire général de l’assemblée nationale pour pouvoir siéger au sein de cette institution. À cette occasion, le député prête les deux serments suivants :
-le serment d'allégeance au roi ou à la reine du Canada :
« Je, (nom du député), jure [déclare solennellement] que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth II. »
-le serment de loyauté envers le peuple québécois :
« Je, (nom du député), déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec. »
En 2003, lors de son assermentation en tant que chef de l’Opposition officielle et député réélu dans Verchères, Bernard Landry avait enluminé son serment d’allégeance par
« tant que durera le présent ordre constitutionnel et en espérant que la démocratie le change un jour ».
En ce qui concerne la Constitution du Québec, évoquée dans le serment de loyauté, elle désigne l'ensemble des règles qui régissent le fonctionnement du Québec. Toutefois, la Constitution du Québec est de nature coutumière, à savoir qu’elle n'est pas rassemblée dans un document unique, mais se compose d'un ensemble de textes dont il n'existe pas de liste officielle ni même de consensus sur la question de savoir quels documents font partie de cette constitution.
En 2007, dans son allocution au premier congrès de l'Association québécoise de droit constitutionnel, l'ancien ministre libéral des affaires intergouvernementales canadiennes Benoît Pelletier affirmait :
« L’une des premières questions qui se pose est, bien sûr, liée au contenu d’un éventuel texte fondamental dont pourrait se doter le Québec. En 2001, le comité que j’ai présidé énumérait certains éléments possibles d’une consolidation des règles fondamentales gouvernant le Québec. Ainsi, de manière générale, nous suggérions qu’un tel document puisse contenir tous les éléments, actuellement épars, qui forment la constitution matérielle du Québec. »
La même année, le constitutionnaliste et député péquiste de l'opposition de l’époque Daniel Turp déposait un projet de Constitution québécoise, soit le projet de loi 196, à l'Assemblée nationale, lequel n'a même pas passé la première lecture.
Après toutes ces années à tergiverser sur des hypothèses et des vœux pieux sur la pertinence pour le Québec de se doter d’une véritable Constitution, il est urgent que le gouvernement procède au dépôt d’un projet de Constitution québécoise qui prônerait, entre autre, un seul « serment d’allégeance envers le peuple québécois » lors de l’assermentation des députés.

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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8 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    23 décembre 2013

    Ce n'est quand même pas RIEN! Nous tous, qui pérorons ici depuis des années, avons-nous jamais porté attention aux connaissances bien ancrées de Mme Fortin? Sur le sujet de notre éventuelle Constitution, elle répète, encore une fois:
    "Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement."
    Nous n'avons donc pas à nous en prendre au gouvernement minoritaire (que nous avons élu), ni aux députés sans pouvoir, qui jurent fidélité à l'auteure de toutes nos déportations...
    Le peuple québécois n'a qu'à se concerter, se réunir sous le baobab, s'entendre et rédiger cette Constitution directement démocratique pour l'afficher aux yeux de toutes les nations.
    "Vous êtes pas écoeurés d'attendre le Père Noël, bande de... Québécois?"

  • Danièle Fortin Répondre

    22 décembre 2013

    Le dernier premier ministre québécois a avoir sérieusement envisagé de doter la nation québécoise d'une constitution n'est pas René Lévesque, pas Jacques Parizeau, ni Bernard Landry mais Daniel Johnson père en commençant par une proposition faite aux provinces canadiennes ainsi qu'à Ottawa d'un nouveau pacte fédératif établissant une république canadienne. Le chef unioniste déclarait même, à propos du BNA Act, en tant que constitution, dans son manifeste de 1965 « Égalité ou indépendance » :« QU'ON LA LAISSE MOURIR À LONDRES ! » ( les majuscules étant de l'auteur ). Ce qui me porte à croire que jamais Daniel Johnson n'aurait accepté de participer à une conférence des provinces et d'Ottawa sur le rapatriement de ce chiffon colonial signé et sanctionné à Londres.
    Si le gouvernement fédéral et les provinces refusaient sa proposition d'une république confédérale, Daniel Johnson s'engageait à consulter les Québécois par référendum. Aussi,en tant que descendant d'Irlandais, se faisait-il un point d'honneur d'admirer la république de la verte Érin, ajouté aux liens privilégiés qu'il entretenait avec le général De Gaulle. Contrairement aux péquistes, il ne rougissait pas à la seule mention du terme « république ». Aussi, savait-il combien l'idée républicaine était intimement reliée à la souveraineté du peuple :
    « Or il n’y a plus aujourd’hui de puissance coloniale. Il n’y a plus de Parlement qui soit au-dessus du Parlement canadien et des législatures provinciales. Quelle sera alors cette autorité supérieure qui pourra nous donner une constitution nouvelle ?
    Ce ne peut être que le peuple souverain, parlant par ses mandataires dans une assemblée constituante ou exprimant directement sa volonté par voie de référendum. »
    « Égalité ou indépendance »
    http://biblio.republiquelibre.org/%C3%89galit%C3%A9_ou_ind%C3%A9pendance
    -
    Or, les autorités péquistes ne sont pas dupes, ils savent fort bien que combattre la monarchie néo-coloniale et étrangère signifiera transférer l'autorité suprême de Sa Majesté, au peuple lui-même ! Et en ce 21è s., une constitution n'a pas à être rédigée par des gens exerçant le pouvoir mais par les citoyens, car comme nous l'enseignait Jean-jacques Rousseau dans son « Contrat social »: « La souveraineté ne peut être représentée par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point. [...]. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. »
    Ainsi donc la démocratie ne peut être que directe et pas autre chose. Ce serait dès lors la fin de l'aristocratie péquisto-bloquiste.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2013

    Qu'attend le PQ depuis 35 ans?
    Ces jours-ci, attend-il un fort appuis à la Charte?
    PASSONS À L'ACTION.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2013

    Désolé pour l’erreur à mon premier commentaire:
    l’assermentation de la libérale Fatima Houda-Pepin eut lieu la première fois en 1994 (élue dans la circonscription de La Pinière), évidemment suite à l’élection générale québécoise de cette même année (12 septembre) où le Parti québécois fut élu avec un gouvernement majoritaire sous la direction de Jacques Parizeau.
    Peut-être qu'il y a là un lapsus, renvoi à un autre renversement de légitimité en illégalité, celui du référendum sur la souveraineté du Québec... volé.
    CL

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2013

    Monsieur Marineau,
    Ce que vous avez omis de spécifier, c’est que l’élu politique peut prêter serment la main sur la Bible ou par déclaration solennelle (main sur le cœur).
    Comique ce Couillard qui défend le voile et l’islamisme (qui asservit l’État au religieux) et la liberté de religion, mais n’a pas eu l’audace, ni le courage lui-même de jurer sur la Bible, plutôt que solennellement.
    A-t-il honte de sa religion (chrétienne, j’imagine?)? À moins qu’il se soit converti au musulmanisme comme le prévoyant et astucieux Thomas Mulcair?
    Couillard est donc un « bluffeur » de premier ordre, pas préoccupé du tout par le religieux au sens de croyance, mais conscient du pouvoir politique derrière, qu'il instrumentalise à ses fins. En ce sens, il est encore à l’emploi des prédateurs saoudiens.
    Un cas où il y a conflit de Dieux "nationaux" et donc, de légalité, sinon de légitimité, c’est celui de Fatima Houda-Pepin. Cette libérale coraniste qui n'a pas fini de faire parler d'elle et de sa propre loi contre la Charte qu'elle a qualifiée de "ridicule".
    En 1995, lors de sa première assermentation, Mme Houda-Pepin a opté pour le Coran plutôt que la Bible ou le serment solennel sur le cœur (jugé insuffisant ou trop laïc?). Qui a permis une telle option, voilà la question. C’était le gouvernement péquiste qui était alors (majoritaire) au pouvoir, Jacques Parizeau en étant le chef.
    Ce dernier ou M. Le Hir, présent alors dans ce gouvernement, pourrait en expliquer le pourquoi en détail, de cet événement avènement, difficilement pensable ailleurs qu'au Québec.
    Pourquoi a-t-on en effet autorisé Houda-Pepin à prêter serment sur le Coran? Ce fut pour le Québec en son Parlement, le seuil traversé politiquement de notre laïcité de fait. Pour qui connaît le contenu guerrier du Coran, prônant l’asservissement de l’État au religieux, ce geste revêt un caractère non seulement offensif, mais légalement questionnable. Jurer sur le Coran, en démocratie, devrait être interdit!
    D’autant que prêter serment envers la reine Élisabeth II du Canada et de religion anglicane, sur le Coran, c'était désavouer le Dieu chrétien, le Christ soumis à Allah.
    Mme Houda-Pépin aurait non seulement commis un sacrilège, mais son assermentation de l’époque serait conflictuelle juridiquement, Bible et Coran étant 2 mondes étrangers, en guerre en fait, le Coran la déclarant ouvertement par son contenu à toute autre religion. Conflit entre 2 Dieux : Christ et Allah! Houda-Pepin a posé par son geste son Dieu au-dessus de celui du pays d’accueil, politiquement, au niveau de l’État, c’est pas rien. Allah dominerait donc l'Univers plutôt que Christ selon elle. Les religions conduisent difficilement à l'intelligence... d'un État démocratique, avouons-le.
    Reste à savoir si elle a refait le geste en 2012. C’est donc à Mme Houda-Pepin qu’il revient d’avoir converti l’Assemblée nationale du Québec au Coran, première invasion officielle de l’État par le musulmanisme via une assermentation.
    À suivre donc...
    Chrystian Lauzon

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    22 décembre 2013

    Pendant que le Canada se définit sans et contre le Québec,nous devons nous définir sans le Canada.La pièce maîtresse de cette définition, qui nourrit une dynamique de la rupture, est évidemment de doter l'État du Québec de sa propre Constitution( sur les assises de la Loi 99 -2000 ; dont la Charte des valeurs est une composant importante):
    ...
    (texte de novembre 2010)
    (...)
    La Constitution de l’État du Québec
    Donc pour contrer la Constitution canadienne il nous faut, au nom du principe de l’équivalence (doctrine d’État), adopter en grande priorité une Constitution de l’État du Québec. Constitution d’État (et non de province), incluant une Charte des droits, une Charte de la laïcité et un Code de citoyenneté. Cette Constitution pourrait être adoptée, dans un premier temps, sous réserve des articles 41 et 45 de la Constitution canadienne ; elle contiendrait une clause de rupture à être activée en temps opportun.
    Certains pensent qu’il faut plutôt attendre le lendemain du Grand Soir pour se doter d’une Constitution d’État, sinon on s’enferme soi-même dans la cage à castor canadienne. Il faut plutôt être d’avis que la vaste consultation publique menant à l’adoption de notre propre Constitution d’État (et non de province, j’insiste) serait l’occasion d’un exercice pédagogique extraordinaire, lequel permettrait au peuple de dessiner les contours plus précis d’un État souverain ; un pas concret vers la rupture.
    Il est entendu que l’Assemblée nationale postulerait que notre Constitution a préséance sur la Constitution canadienne, suivant en cela la posture prise dans l’adoption de la Loi 99 qui répudiait la Loi C 20. Il est à prévoir que cela mènerait à un conflit de légitimité entre les deux Constitutions. C’est ici que la clause de rupture prend toute sa pertinence ; le peuple aurait alors à trancher entre une Constitution qui lui fut imposée, rejetée unanimement par l’Assemblée nationale, et celle qu’il se serait donnée démocratiquement. La démocratie étant l’adhésion raisonnée et volontaire à l’État, le choix n’aura jamais été aussi clair.
    (...)
    http://www.vigile.net/Le-difficile-changement-de
    ***
    La proposition de doter le Québec de sa propre Constitution date de 2007, suite à l'adoption du Plan Larose, devenu le Plan Marois, devenu la gouvernance souverainiste. Pour ceux que cela intéresse :
    http://www.vigile.net/Pauline-l-important-c-est-Larose
    Le rapport de force charte c.charte était prévisible en 2007 :
    (...)
    la constitution du Québec qu’une majorité (démocratique) de Québécois se donnerait pour se définir comme peuple. Ce rapport de force établi sur un point précis (ex : Charte canadienne vs Charte du Québec) ne pourrait que procurer un avantage stratégique déterminant à la cause de la souveraineté.
    (...)
    http://www.vigile.net/Entre-le-nous-et-le-mou
    ...
    En 2013, la dynamique de la rupture se précise. Il s'agit de la seule voie qui mène à la souveraineté. Le mandat de gouvernance souverainiste suffit à cet effet.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2013

    "...il est urgent que le gouvernement procède au dépôt d’un projet de Constitution québécoise qui prônerait, entre autre, un seul « serment d’allégeance envers le peuple québécois » lors de l’assermentation des députés."
    Un gouvernement provincial peut-il vraiment se doter d'une constitution? La Cour de Pise ne la passerait-elle pas à la déchiqueteuse avant même que l'encre ne soit sèche?
    Le PQ pourrait fort bien rédiger une proposition de constitution pour l'éventualité où le Québec voterait OUI à un référendum. Malheureusement, pour l'instant, le PQ semble croire que le meilleur moyen pour réaliser l'indépendance est de ne pas en parler.
    Alors, attendons que les conditions soient réunies, et on en reparlera.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    22 décembre 2013

    En effet, quelle ironie, quelle infamie, quelle humiliation avons-nous ressentie au lendemain du printemps érable, la plus longue grève jamais vécue par les étudiant(e)s du Québec pour l'égalité des chances à l'éducation en entendant le plus jeune député élu prononcer à voix forte, sans bredouiller (certains choisirent de baisser ici le ton):
    "« Je, Léo Bureau-Blouin,, jure [déclare solennellement] que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth II. »
    Il avait été l'un des trois liders étudiants qui voulaient libérer leur génération de la domination étrangère... Les grands syndicats qui les appuyèrent pataugent à la Commission sur la corruption. Mais Coderre veille au grain!