Éducation

L’école d’hier et d’aujourd’hui

Tribune libre

Il est bien loin le temps où le maître accueillait tout sourire par leur prénom ses élèves à la porte de la classe tous les matins. Il est bien loin le temps où les élèves prenaient place à leur pupitre au son de la cloche en silence. Il est bien loin le temps où la grammaire et le dictionnaire faisaient partie intégrante du cours de français. Il est bien loin le temps où la bonne vieille dictée initiait quotidiennement les élèves aux méandres de la langue française. Il est bien loin le temps où le maître inspirait le respect de la part des élèves. Il est bien loin le temps où la discipline incarnait le modus vivendi de la gestion de classe. Il est bien loin le temps où les parents et les maîtres se concertaient eu égard à l’éducation des jeunes.

Puis le temps est passé, accumulant au fil des décennies réformes par dessus réformes. Aujourd’hui, il est venu le temps de l’écoute des besoins des élèves, des apprenants qui laissent leurs attentes se manifester à tout moment, reléguant la discipline aux oubliettes. Aujourd’hui, il est venu le temps de la violence des élèves envers les professeurs. Aujourd’hui, il est venu le temps des gadgets électroniques et de l’intelligence artificielle qui ont enfoui grammaires et dictionnaires au fond des tiroirs. Aujourd’hui, il est venu le temps des élèves à besoins particuliers pour qui le personnel spécialisé manque cruellement à l’appel. Aujourd’hui, il est venu le temps des tensions entre les parents et les professeurs dont l’autorité est vertement critiquée à la faveur de leurs enfants.

Aujourd’hui, l’élève s’érige en roi et maître. L’école est devenue un milieu de vie où règne la primauté de la libre expression de l’élève, laissant l’autorité du professeur derrière le rideau de scène et les élèves les acteurs principaux. Mais, diantre, qu’attendons-nous pour replacer à leur place respective les pièces sur l’échiquier et redonner à l’école sa vocation première, à savoir communiquer des connaissances à des apprenants dans un climat propice à l’apprentissage? Il en va de l’avenir de notre jeunesse québécoise qui s’enlise sans coup férir dans un monde imaginaire où règne un monde illusoire où le sens de l’effort a perdu ses lettres de noblesse.


Henri Marineau, Québec


Featured 19e390a78eaf9d290f5b6b4a1e389e83

Henri Marineau2101 articles

  • 1 478 991

Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





Laissez un commentaire



1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    10 décembre 2024

    Bonjour M. Marineau,


    Bel effort!


    La plus élémentaire des erreurs que nous commettons toutes et tous en tant qu’adultes c’est de croire (ou de penser) qu’on est arrivé : nul n’arrive jamais. Nous sommes toujours à la poursuite du savoir; nous devons, à l’exemple de Socrate, toujours nous dire que nous savons que nous ne savons pas. 


    C’est là le problème des adultes que nous sommes devenus : nous croyons maintenant savoir parce qu’on est adultes, ou parce qu’on est maintenant «vieux» ou «plus vieux». Il faut toujours demeurer naïf, prêt à s’étonner, demeurer «jeune». 


    Même les jeunes font l’erreur de penser qu’ils savent… Et ils la font très jeune.


    L’effort n’est jamais terminé : il faut à l’exemple de Sisyphe, faire son lit tous les matins avant d’entreprendre cette nouvelle journée.


    Rappelez-vous le monologue chanté de Jean Gabin : «Maintenant je sais». Il termine celui-ci en disant ceci : 


    «Maintenant je sais, je sais qu’on ne sait jamais

    La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses

    On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses

    C’est tout ce que je sais

    Mais ça j’le sais.



    François Champoux, Trois-Rivières