Exaspérées par une direction "paternaliste et autocrate", deux membres du comité exécutif du Parti québécois claquent la porte. Dominique Ollivier et Isabelle Beaulieu rompent avec un parti qui passe son exécutif au rouleau compresseur.
"L'ambiance générale au parti ainsi que l'attitude paternaliste et autocrate des dirigeants face au travail de l'exécutif nous amènent à faire ce choix", écrivent les deux démissionnaires dans une lettre transmise fin septembre à la présidente, Monique Richard.
"Ceux dont je parle vont se reconnaître", s'est contentée de dire hier Mme Ollivier, surprise que La Presse ait eu sa missive. Il ne saurait être question pour elle, comme pour Mme Beaulieu, "de faire partie d'un exécutif qui ne sert qu'à "rubberstamper" des décisions déjà prises".
D'origine haïtienne, Mme Ollivier - la fille du poète Émile Ollivier - déplore ouvertement l'absence d'ouverture aux communautés culturelles du PQ depuis l'arrivée d'André Boisclair. Son amie Isabelle Beaulieu et elle avaient été élues membres du comité exécutif du PQ au congrès de juin 2005, où Bernard Landry avait annoncé sa démission-surprise.
"M. Boisclair nous avait promis "un beau portrait de famille", des candidats reflétant la diversité du Québec. Or candidature après candidature, on voit que les gens choisis sont tous de la majorité démographique, blancs et francophones", constate Mme Ollivier.
Ex-responsable du dossier des communautés culturelles au Bloc québécois dans le passé, Mme Ollivier souligne l'apport de candidats de valeur dans le parti de Gilles Duceppe: Mmes Maria Mourani et Vivian Barbot ainsi que Maka Koto.
Mme Ollivier, ex-employée politique d'André Boisclair, n'avait pas eu son appui dans sa tentative d'obtenir l'investiture péquiste dans Gouin, en 2004, quand M. Boisclair était parti aller étudier aux États-Unis. Il avait alors appuyé Nicolas Girard, un autre de ses anciens collaborateurs politiques. Mme Ollivier avait été mise de côté aussi dans Taillon, au profit cette fois de l'ex-ministre du gouvernement Parizeau, Marie Malavoy.
Réflexe de l'homogénéité
Pour Mme Ollivier, les promesses de diversité dans la représentation du Parti québécois sont restées lettre morte. "Malheureusement, force est de constater que dans toutes les circonscriptions prenables, le vieux réflexe de l'homogénéité joue encore."
Pour elle, "les candidatures annoncées dans les bonnes circonscriptions appartiennent toutes à la majorité démographique et des personnes de talent sont reléguées à des circonscriptions difficiles et peu favorables. "
Le PQ ne ferait pas de place aux minorités
Deux membres du comité exécutif du parti démissionnent en dénonçant une direction "paternaliste"
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1 commentaire
Luc Bertrand Répondre
12 octobre 2006Mme Ollivier a parfaitement raison. La plus belle preuve du "courage" du "nouveau" Parti Québécois: André Boisclair, de son aveu même, s'est réservé le comté le plus souverainiste du Québec pour faire son retour à l'Assemblée nationale! Waw! Quelle bravoure! Et sans opposition libérale ni adéquiste non plus! Pourtant, Pointe-aux-Trembles comporte une importante communauté haïtienne qui aurait été très heureuse d'élire une des leurs pour faire le pays du Québec!
J'ai connu madame Ollivier lors de l'élection fédérale de janvier dernier. Elle était agente de liaison pour la candidate du Bloc Québécois dans LaSalle-Émard, Mme May Chiu. Son cas n'était pas unique: Mme Chiu a elle-même subi le même sort lorsqu'elle a tenté sa chance à l'investiture du Bloc à Outremont où on lui a préféré Jacques Léonard, un ancien ministre péquiste. Mme Chiu est originaire de Hong Kong et parle couramment le cantonnais et le mandarin en plus du français et de l'anglais. Elle a perdu son poste lorsque ses employeurs (d'origine chinoise) ont su ses allégeances souverainistes et son intention de faire de la politique en affrontant Paul Martin dans son comté même. Excusex-moi le langage un peu cru, mais comment voulez-vous que les communautés culturelles embarquent dans notre projet de pays si, malgré les sacrifices héroïques qu'ils consentent pour contribuer à notre cause (dont les bénéfices pour eux ne sont pas aussi évidents), on continue à les traiter comme des citoyens de deuxième zone alors que nos chefs sont aussi "pissous"? N'oublions pas que la majorité des enfants des écoles de Montréal sont maintenant issus d'immigrants qui tentent de s'intégrer à la communauté francophone, malgré les obstacles du fédéral et les coupes du gouvernement Charest dans la francisation des immigrants. Si, comme le disait Jacques Parizeau, il est vrai que le "nous" des francophones (qui constituaient 80% des électeurs) aurait dû voter à plus de 60% pour le OUI en 1995, il faudra, un jour, que nous nous intéressions à cette proportion croissante de la population qui aura le droit de voter lors du prochain référendum ou de la prochaine élection. N'oublions pas qu'en dépit des fraudes et du cafouillage des fédéralistes, il reste toujours 30% des francophones qui restent réfractaires à la souveraineté du Québec. Si nous ne trouvons pas de moyens plus sérieux pour reconnaître les efforts d'intégration des immigrants, nous risquons certainement de manquer de votes lorsque viendra le temps de nous donner notre pays!