Le secteur forestier québécois vit une crise historique, une tourmente d'une ampleur sans précédent, qui risque de perdurer encore deux ans, selon le gouvernement Charest.
Accusant hier le coup d'une seconde fermeture de scierie en autant de jours, le premier ministre Jean Charest et le responsable du Développement économique, Raymond Bachand, ont tenté de se faire rassurants auprès des milliers de salariés licenciés.
"Depuis deux ans, le gouvernement a consacré beaucoup d'efforts, plus d'un milliard de dollars pour le secteur forestier. On connaît actuellement la plus grave crise de l'histoire du Québec dans ce secteur", a souligné le premier ministre Charest.
Québec répondra aux besoins des travailleurs et des régions "dans les prochains jours" par un programme d'aide "costaud", a fait valoir M. Bachand.
Mais, en marge du caucus des libéraux à Longueuil, les deux élus ont reconnu que cette industrie était loin d'être au bout de ses peines.
"L'industrie forestière du Québec va ressortir de cette période, dans 18 à 24 mois... plus forte qu'elle ne l'est aujourd'hui", a laissé tomber M. Bachand.
"La crise va prendre un certain nombre de mois... On a une période d'incertitude devant nous, c'est clair", a-t-il ajouté, comme pour nuancer ses perspectives pessimistes. Il s'est refusé à préciser combien d'emplois disparaîtront d'ici deux ans; "un seul emploi perdu, c'est un de trop", s'est-il contenté de dire.
"On va passer à travers la crise, mais on a devant nous des semaines difficiles. Il va falloir braver la tempête", a estimé M. Charest.
Selon lui, la crise que vit actuellement ce secteur a atteint un niveau historique. Plusieurs facteurs l'expliquent: la montée de la devise canadienne depuis cinq ans, la flambée des coûts de l'énergie, la pénurie d'approvisionnement, la compétition des pays étrangers, la dispute du bois d'oeuvre. "Ajoutez à ça l'effondrement des prix sur le marché américain, et vous avez la recette de ce qui est aujourd'hui une crise. C'est comme une maladie qui s'aggrave." Mais il n'y aura pas toujours 500 000 maisons invendues aux États-Unis; "c'est cyclique", un jour la demande reviendra au rendez-vous, d'expliquer M. Charest.
Selon M. Bachand, la cascade des annonces de fermeture n'est pas le résultat d'une action concertée des compagnies pour exercer de la pression sur le gouvernement réuni pour préparer le calendrier parlementaire de l'automne. "Ils ont des décisions d'affaires à prendre, ils perdent de l'argent et veulent stopper l'hémorragie, il n'y a pas de concertation", estime-t-il.
Pour le ministre des Ressources naturelles, Pierre Corbeil, "tous devront pousser à la roue" pour que cet important secteur de l'économie québécoise retrouve la santé. Les salariés devront aussi faire des compromis, accepter des relocalisations, a-t-il souligné.
Depuis des semaines, Québec annonce que son plan d'aide à l'industrie forestière sera rendu public sous peu. Les mesures annoncées dans le budget de mars dernier portaient en partie sur le bois d'oeuvre, un conflit réglé, a fait valoir M. Bachand.
Il a paru piqué au vif quand on lui a demandé si la réplique du gouvernement Charest était liée à la tenue d'élections dans quelques mois. "Je ne m'occupe pas des élections, a-t-il répliqué. Je m'intéresse aux travailleurs licenciés, aux villes mono-industrielles qui souffrent!"
Le plan gouvernemental viendra en aide aux travailleurs mis à pied, on appuiera la diversification de l'économie locale et on rendra disponible du financement aux forestières qui veulent moderniser leurs usines. Pour les travailleurs âgés, Ottawa devra être mis à contribution, a précisé M. Charest.
L'industrie forestière en crise
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