Certains comparent le Parti Québécois à un navire rouillé qui prend l’eau ou qui a frappé quelque écueil. Je ne vois pas les choses ainsi. Le PQ m’apparaît plutôt, à l’image de certains jeux de guerres dont nos adolescents se partagent les péripéties sur internet, comme une belle caravelle qu’elle était à ses débuts et qui naviguait sur un fleuve empli d’écueils, mais dont le capitaine, expert navigateur et homme de conviction, assurait le passage sans coup férir, qui s’est peu à peu transformée en vaisseau amiral, forteresse flottante impénétrable et indifférente aux égratignures que pouvaient lui laisser les tirs ennemis jusqu’au moment où un joueur plus habile que les autres la fasse couler à pic.
L’usure du temps et la rigidité d’un exécutif peu conciliant et imposant sans discussion une ligne de parti a fini par faire fuir des membres importants de l’équipage de la noble cause du projet de pays pour lequel nous l’appuyons depuis plus de quarante ans. Le manque d’écoute des voix du peuple et du besoin qu’est le sien de savoir et de comprendre le pourquoi des choses tout autant que l’absence d’une pédagogie de l’indépendance auront eu raison du Parti Québécois.
La direction assurée par ses quelques derniers chefs n’a pas su se rallier la masse des électeurs qui ce sont de plus en plus sentis abandonnés par ceux-là mêmes à qui ils faisaient confiance et qui auraient dû faire connaître les avantages de l’indépendance et apporter les arguments propres à les convaincre de sa nécessité. Au lieu de cela, nous avons assisté avec stupéfaction au bâillonnement des voix de ceux qui, les plus habiles d’entre eux, auraient pu avoir un impact majeur sur l’opinion publique par un discours simple, direct, sans compromis et faisant l’éloge de la nation. J’en veux pour exemple la tournée du Québec des ABCD de l’indépendance dont les discours enthousiastes, les arguments convaincants et le langage à fleur de terre provoquaient partout où ils allaient renouveau et emballement.
Comparées à l’aura de mystère entourant les promesses de la politique de « gouvernance souverainiste » dont nous n’avons jamais vraiment compris le sens ou la portée, baignées qu’elles sont dans le flou d’une supposée tactique dont on ne saurait d’avance révéler le contenue aux adversaires politiques, les voix des ABCD constituaient une lutte au grand jour contre les arguments fallacieux des fédéralistes et leur alarmisme mensonger quant à notre avenir en dehors de la fédération canadienne.
Ce qui arrive actuellement au Parti Québécois n’est en rien le fruit du hasard ou d’une quelconque guerre menée par ses adversaires politiques, mais bien celui d’un manque de « leadership » à l’intérieur même de ses murs. Ce n’est pas non plus la faute exclusive de sa chef, madame Marois, c’est aussi celle de son entourage immédiat qui a manqué de flair politique et n’a pas su tirer les conclusions qui s’imposaient suite à la défaite matraque du Bloc Québécois et de son chef, M. Duceppe. Toutes les décisions politiques dont nous avons été témoins, plus particulièrement depuis les soubresauts de l’Affaire Michaud jusqu’au projet de loi pour l’amphithéâtre de Québec ne sauraient nous voir surpris de l’état dans lequel l’opinion publique, tout autant que de plus en plus d’indépendantistes convaincus et engagés tiennent le Parti Québécois.
Je suis de ceux qui croient qu’à moins d’un revirement majeur et d’un changement radical de mentalité, nous assisterons à la débâcle, voire à la disparition du Parti Québécois. Depuis plusieurs mois, plusieurs Vigiles nous font partager leurs points de vue sur la question nationale et les moyens de parvenir dans les plus brefs délais à notre indépendance. Lire et réfléchir à leurs arguments est à mon sens plus important que de nous empresser de les rejeter en nous laissant emporter par nos émotions ou notre partisanerie. En ce sens, l’intervention sans nuances, directes et parfaitement honnête de notre « webmestre », M. Frappier, nous est une occasion rêvée pour nous dire les choses, pour écouter ce que chacun a à dire et surtout, pour revenir sur ce que plusieurs ont déjà, de la même façon, exprimé. Nous devons faire montre d’ouverture d’esprit et être capables de conciliation, parce qu’un pays comme celui que nous voulons faire devra être à notre image, celle d’un peuple conciliant, accueillant et ouvert sur autrui.
C’est tous ensemble que nous ferons le pays et c’est tous ensemble que nous devons décider de la façon dont nous le ferons. À nous donc de choisir le moyen que nous utiliserons pour y parvenir.
J’ai déjà suffisamment exposé mon point de vue à cet égard depuis l’appel citoyen du 20 mai 2010 sans qu’il soit nécessaire que j’y revienne à nouveau. Par ailleurs, beaucoup d’autres points de vue ont été, depuis lors, exposés et offerts à notre réflexion et qui apportent de l’eau au moulin de notre réflexion. L’heure des choix va bientôt sonner et nous ne pourrons plus nous payer le luxe d’attendre. Ou nous nous engagerons pour la mise au monde de notre pays, ou nous disparaîtrons lentement, noyés dans la mer de nos contradictions.
Claude G. Thompson
Le Parti Québécois coulera-t-il à pic?
C'est tous ensemble que nous ferons le pays...
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