Le négationnisme, une «fake news» que Facebook ne veut pas interdire

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Qu'est-ce qu'une « fausse nouvelle » ?

Des propos du PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, sur l'holocauste font polémique aux États-Unis, et illustrent la situation délicate du réseau social face à la désinformation en ligne.


Facebook avait promis que les journalistes pourraient aborder «les sujets difficiles». Invité à rencontrer plusieurs des responsables du réseau social à Menlo Park, en Californie, le Figaro a donc posé la question suivante: le négationnisme est-il considéré comme une «fake news»? Le réseau social a répondu par l'affirmative. Mais a ensuite ajouté une précision surprenante: nier l'holocauste est autorisé sur ses pages, sous certaines conditions.


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C'est Mark Zuckerberg qui, le premier, avait abordé ce sujet délicat. “Ces propos [le négationnisme, NDLR] sont terribles, mais je ne pense pas que notre plateforme devrait les supprimer, car les gens font parfois des erreurs. Il est difficile de comprendre leurs intentions”, a expliqué le PDG du réseau social, qui est lui-même juif, dans une interview accordée lundi au site spécialisé américain Recode. Facebook se contente donc de faire respecter les lois locales, comme en France ou en Allemagne, où les discours négationnistes sont supprimés, car illégaux.


Le dilemme des “fake news”


Ces propos ont vite fait polémique. Mark Zuckerberg est donc revenu dessus, dans une réponse envoyée à Recode mercredi soir. “Je ne cherche absolument pas à défendre les intentions de ces personnes [qui nient l'holocauste]”, a assuré le PDG de Facebook. “Ce sont des questions très complexes. Mais je pense que souvent, la meilleure manière de combattre les mauvais discours est de produire du bon discours.”


La position de Facebook, qui peut paraître choquante, surtout depuis l'Europe, résume bien la position d'équilibriste du réseau social sur le sujet des “fake news”. L'entreprise américaine est très critiquée depuis deux ans sur son rôle indirect dans la propagation de rumeurs et de désinformation. Elle refuse pourtant de supprimer les «fake news», estimant qu'il n'est pas de son rôle de veiller à la vérité sur Internet. Facebook préfère s'associer à des médias réputés, pour vérifier la véracité d'informations, ou diminuer la diffusion de certaines rumeurs.


Mercredi, le réseau social a annoncé une exception à cette règle: la désinformation «créée ou partagée dans le but de contribuer ou d'exacerber la violence physique» envers une personne ou une catégorie de personnes sera désormais supprimée de ses pages. Le but est notamment de lutter contre les phénomènes de lynchage liés à des rumeurs diffusées en ligne, comme cela a pu se produire en Birmanie ou au Sri Lanka. Facebook n'a en revanche pas précisé ce qu'il entendait par “contribuer à de la violence physique”. Hormis ce cas précis, donc, seules les “fake news” comportant des discours de haine sont supprimées. Ces derniers (racisme, antisémitisme, homophobie, etc) sont en effet interdit par les règles de Facebook. Pour le réseau social, néanmoins, le négationnisme ne rentre pas dans cette catégorie.