Véronique Hivon est une joueuse d’équipe. Malgré les appuis rachitiques au Parti québécois, la députée, ex-ministre et ex-candidate à la chefferie, tient bon. Coincés depuis des mois au 3e rang dans les sondages, les péquistes espèrent qu’en campagne électorale, l’« effet » Hivon se fera sentir.
La commande est lourde. Dans les circonstances, elle le serait pour n’importe qui. Craintifs de perdre le pouvoir, les libéraux sont nombreux à prendre la poudre d’escampette. Mme Hivon, elle, sillonne patiemment le Québec dans sa « Véroniquemobile ».
Il faut dire qu’en acceptant sa nomination comme vice-chef du PQ, elle avait déjà pris la pleine mesure du défi qui l’attendait. Véronique Hivon prend néanmoins un sérieux risque sur le plan personnel. S’il fallait qu’au scrutin du 1er octobre, le PQ ne récolte qu’une poignée de députés, se retrouverait-elle autant blâmée pour la débâcle que son chef Jean-François Lisée le serait ?
Valeur sûre
La réponse est simple : non. De un, parmi les élus, Véronique Hivon est respectée bien au-delà des frontières partisanes. De deux, qu’elle soit même réélue ou non dans Joliette, Véronique Hivon restera une des valeurs sûres du mouvement souverainiste. Et ce, nonobstant la forme qu’il prendra au cours des prochaines années.
Idem pour les Jean-Martin Aussant, Pascal Bérubé et quelques autres de la même trempe, au PQ ou à l’extérieur. Le changement de la garde, il est là. En entrevue cette semaine à l’émission Gravel le matin, Véronique Hivon en faisait à nouveau la démonstration.
Questionnée sur le « virage à gauche » du PQ, la vice-chef préférait parler en termes de « vision » et de « convictions ». S’il est vrai que ce virage vise aussi à tenter de faire oublier la mise en veilleuse de l’option souverainiste en vue des élections, dans le cas de Véronique Hivon, impossible toutefois de parler en termes de « virage ». Il s’agit en effet de la même vision humaniste qu’elle défend depuis longtemps.
L’autre virage
La politique « autrement », elle la pratique tout naturellement. Son rôle déterminant dans le dossier complexe des soins de fin de vie est amplement connu.
On oublie cependant à quel point, comme ministre déléguée à la Santé publique sous Pauline Marois, elle se préparait aussi à insuffler un virage nettement plus humaniste dans les services sociaux – une composante cruciale de la qualité de vie pour des millions de Québécois. Incluant pour les personnes les plus vulnérables.
Or, depuis 2014, sous Gaétan Barrette et Lucie Charlebois, c’est tout le contraire : austérité et déshumanisation du système. Un gâchis sans nom décrié de toutes parts. Y compris, encore tout récemment, par l’ex-ministre libéral de la Santé, Claude Castonguay.
C’est donc sur deux fronts majeurs que Véronique Hivon est devenue essentielle à la politique québécoise. Pour les souverainistes, elle fait partie de l’avenir, aussi incertain soit-il.
Pour la société, tout comme Manon Massé et Marguerite Blais, elle est aussi de celles et ceux pour qui l’empathie et la justice sociale sont de puissants carburants. Une denrée beaucoup trop rare de nos jours.