Le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, invite la classe politique québécoise à adopter une « position rassembleuse » sur la laïcité de l’État.
« On serait encore plus forts s’il y avait un consensus de toute l’Assemblée nationale », a-t-il déclaré au terme d’un caucus de deux jours des élus péquistes dans Les Pays-d’en-Haut jeudi.
M. Bérubé a invité le chef du gouvernement François Legault à prendre l’initiative de discussions transpartisanes sur le sujet.
« Si le premier ministre a envie de convoquer l’ensemble des chefs parlementaires en début de session pour en discuter, ça me fera plaisir de me rendre disponible », a-t-il affirmé, à moins de deux semaines de la reprise des travaux parlementaires.
Les programmes du Parti québécois et de la Coalition avenir Québec — qui prévoient tous deux de frapper d’une interdiction d’afficher leurs convictions religieuses les employés de l’État en « position d’autorité » — les policiers, procureurs, juges, gardiens de prison, ainsi que les éducateurs en garderie et les enseignants — sont « très près », a répété M. Bérubé jeudi.
Pour parvenir à une « position rassembleuse », le Parti libéral du Québec et Québec solidaire devront nécessairement faire des « avancées », a-t-il précisé. « L’essentiel, c’est que les personnes en autorité ne portent pas de signes religieux », a-t-il dit, exprimant une nouvelle fois sa « volonté de régler » le débat sur la laïcité de l’État une fois pour toutes.
Les ruraux « en colère »
Entouré de ses principaux officiers, Martin Ouellet et Harold Lebel, le chef intérimaire a pointé les quatre fronts sur lesquels se battront les 10 élus du PQ : la souveraineté, la langue et les intérêts du Québec ; la crise climatique ; le développement régional ; et la justice sociale.
Pascal Bérubé s’inquiète de la « colère » grandissante dans les régions du Québec, dont 9 des 10 députés sont issus. L’état d’esprit des ruraux québécois est toutefois « très différent » de celui des gilets jaunes français, a précisé le chef péquiste. Pour apaiser cette « colère », le gouvernement caquiste doit, « par équité », consentir aux régions des « éléments de développement essentiels », à commencer par un accès à des infrastructures de transport adaptées, au réseau Internet haute vitesse et de téléphonie cellulaire et à des services de proximité.
« Il y a eu un démantèlement de nos outils de développement dans les régions », a déploré le député de Rimouski, Harold Lebel.
Demande d’indulgence
Près de quatre mois après une défaite électorale qui a « fait mal, très mal », l’élue péquiste Lorraine Richard a sollicité l’indulgence des médias.
« Soyez un petit peu indulgents envers le PQ, autant que vous l’êtes avec la Coalition avenir Québec depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir », a-t-elle lancé. Le PQ, « grand parti » fondé par René Lévesque, attire l’attention médiatique « parce qu’on a toujours été dans une mouvance de chicane ». Or cette époque est révolue, a-t-elle statué.
Un test pour le « nationaliste » Legault
L’approche « nationaliste » de François Legault en matière de relations Québec-Canada subira le « test de réalité en 2019 », a soutenu M. Bérubé, pointant la demande de l’Assemblée nationale de confier à Revenu Québec le traitement d’une déclaration de revenus unique. En cas d’échec, « on va tirer des conclusions collectives, [à savoir] que la seule façon d’opérer pleinement notre vie collective, c’est d’avoir l’ensemble de nos moyens à notre disposition », a déclaré M. Bérubé.