Réponse à l'article Mme Marois n’aura pas réussi à rassembler
Monsieur Verrier, Pauline Marois, si elle l’avait voulu, aurait pu faire même mieux que Parizeau. Souvenez-vous, après avoir contraint Pierre-Marc Johnson à quitter la tête du PQ en novembre 1987, à part les pur(e)s et dur(e)s de l’indépendance, très peu avaient une bonne image de Jacques Parizeau, qui faisait tout aussi bourgeois et hautain que Pauline Marois en 2007. Et qui avait, lui aussi, posé des gestes impopulaires (baisses de salaire des fonctionnaires de 20%) ou douteux (nationalisation de l’amiante).
Jacques Parizeau, lui, avait une vision claire du Québec qu’il voulait faire et était résolu à prendre les moyens pour y arriver. Les critiques fédéralistes l’ont traité de bulldozer, l’ont accusé de mauvaise foi et de brûler les étapes. Sa détermination, sa franchise et sa cohérence entre le discours et l’action en dépit de l’adversité lui ont valu le respect de la population à défaut de la popularité. Ses mauvais coups, lui, il les assumait. Il ne cherchait jamais à se dérober derrière un écran de fumée ou à se mettre la tête dans le sable, comme l’a démontré son renoncement, au profit de Lucien Bouchard, de la direction du camp du OUI en 1995.
Mais ce n’est pas qu’une seule question de personnalité ou de leadership. Pauline Marois a répété les mêmes erreurs de ses prédécesseurs (hormis Parizeau) : solliciter un mandat de "bon gouvernement" sans les moyens pour le faire (l’indépendance). Prétendre que promettre un référendum est de faire de la "stratégie ouverte", c’est prendre les Québécois(e)s pour des caves ou, pire, ne pas avoir compris les leçons de l’histoire ou ne pas avoir le courage d’en tirer les conclusions et celui de prendre les mesures qui s’imposent.
Le véritable problème du PQ, c’est d’accepter de dissocier la prise du pouvoir de la réalisation de l’indépendance. On en a déjà amplement parlé depuis près de 40 ans, sur Vigile.net comme ailleurs.
La gouverne provinciale, c’est, au mieux, invalider l’argument de nécessité et d’urgence de faire l’indépendance. Au pire, c’est faire la démonstration de notre impuissance et de notre inefficacité à régler les problèmes, donc de ne pas être meilleurs que les partis fédéralistes. Dans les deux cas, les fabricants d’opinion des médias - toujours fédéralistes - se chargent, bien sûr, de discréditer l’idée d’indépendance aux yeux de la population. Au mieux, elle est inutile ; au pire, elle démontre l’incompétence des péquistes à administrer la moitié de notre budget et de nos pouvoirs.
En conséquence, la seule politique possible c’est faire l’indépendance dès l’élection majoritaire d’indépendantistes à l’Assemblée nationale. En déclarant faire porter l’élection sur cet enjeu, on est clair envers la population, on est cohérent avec notre discours et on enlève toute possibilité de contestation de la légitimité de la démarche et, surtout, de la victoire.
À défaut, on accepte de bonne grâce l’opposition officielle et on profite de toutes les occasions pour confronter le gouvernement provincial avec ce qui aurait été possible en étant souverains. Cela ne peut que discréditer les prétentions que le Québec province se suffit à lui-même et ouvre les yeux à la population en lui permettant ainsi de voir le lien direct entre les "vrais" problèmes non résolus et le statut de province du Canada.
De cette manière, l’idée de souveraineté toujours avance, jamais ne recule. Et pour vrai.
Mais ne pas pouvoir épater la galerie avec sa limousine de ministre en se contentant de l’opposition, accepter un salaire de député plutôt que de ministre, c’est inacceptable pour un(e) député(e) péquiste ! Surtout après avoir léché le cul - souvent en se couvrant de ridicule - du (de la) chef pour monter dans ses bonnes grâces ! Et, dans le cas de Pauline Marois, quand on a la chance de devenir la première première ministre du Québec sans prendre d’engagement compromettant ! Quelle honte !
La seule politique possible
Le véritable problème du PQ, c’est d’accepter de dissocier la prise du pouvoir de la réalisation de l’indépendance
PQ - (Joliette-Montréal) conseil national - janvier
Luc Bertrand19 articles
Vice-président, programme et affaires politiques
Parti Québécois de L'Assomption
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