La monarchie britannique a initié l’épuration linguistique que poursuit toujours l’État canadien

Déclaration du réseau Cap sur l’indépendance à l’intention de M. William Arthur Philip Louis et Mme Kate Middelton,

Chronique de Gilbert Paquette


Déclaration du réseau Cap sur l’indépendance à l’intention de M. William Arthur Philip Louis et Mme Kate Middelton,

En tant que représentants de la Couronne britannique, votre visite au Québec n’est pas la bienvenue. L’histoire de l’institution que vous représentez est constituée de gestes destructeurs et méprisants face à notre nation. Notre lien avec la monarchie britannique nous coûte environ 10 millions de dollars par année. Plusieurs récents sondages ont démontré qu’une grande majorité des Québécois souhaite rompre ce lien et abolir les institutions héritées de la monarchie britannique.
Cette histoire, dont vous êtes les représentants, est celle d’une épuration linguistique et d’une assimilation systématique planifiée depuis deux cent cinquante ans. L’Amérique du Nord compte des millions de descendants d’origine française ayant tout oublié de leurs racines, jusqu’à leur langue. Au Canada, en dehors du Québec, il ne reste plus que 4,5 % de citoyens de langue maternelle française dont la moitié ne parle plus français à la maison.
En 1755, plus de 12 500 Acadiens, sur une population de près de 15 000 habitants, furent déportés. En conséquence de cet exil ou en essayant d’y échapper, 7500 à 9000 moururent. Des vies furent détruites, des terres et des maisons volées. Vous avez reconnu le « drame humain de la déportation », via la gouverneure générale Adrienne Clarkson, en 2003. Vous l’avez reconnu, mais vous ne vous en êtes pas excusés.
L’histoire de ce Canada, un des joyaux de votre Couronne, dont votre grand-mère, la reine Élizabeth est encore aujourd’hui officiellement le chef d’État, est jalonnée de telles exactions, de telles tentatives pour briser toute forme de résistance à notre anglicisation, par la force au besoin.
Ainsi, vous avez réprimé dans le sang le mouvement des Patriotes de 1837-1838, qui revendiquait la démocratie parlementaire et l’émancipation nationale. Vint ensuite l’Acte d’Union en 1840. Suite aux recommandations de Lord Durham, demandant la fusion du Haut-Canada et du Bas-Canada afin de créer une majorité anglaise et éventuellement assimiler complètement les Canadiens-français, vous avez créé cette entité, ce Canada où l’anglais devenait la seule langue officielle. Vous aviez compris que la force, seule, ne pouvait nous éliminer. Il fallait la force du nombre. Il fallait se débarrasser de notre langue, de notre culture, ces vecteurs du souvenir de nos ancêtres nous permettant encore et toujours de résister à la domination britannique.
Après avoir mis en place tous les outils permettant notre minorisation, dont la constitution de 1867, l’anglicisation de l’Ouest canadien a ensuite été effectuée par l’annexion du territoire métis largement francophone. Le gouvernement de l’Amérique du Nord britannique a déraciné les métis canadien français et tué leur chef, Louis Riel.
Les mesures les plus dévastatrices ont par la suite consisté à bannir systématiquement l’apprentissage du français. Pendant plus d’un siècle et jusque dans les années soixante, toutes les provinces canadiennes à majorité anglophone ont adopté ou maintenu des lois interdisant l’enseignement en français, même comme langue seconde, dans les écoles publiques. En Ontario, par exemple, il faudra attendre jusqu’en 1968 pour assister à l’ouverture d’écoles secondaires publiques françaises, et jusqu’en 1998 pour que la gestion scolaire soit formellement accordée aux communautés francophones. Il était évidemment trop tard, l’anglicisation ayant fait son œuvre.
Succédant aux législations anti-français canadiennes, les politiques de bilinguisme officiel instaurées par le gouvernement Trudeau n’ont en rien réparé les torts causés au peuple acadien et aux communautés francophones hors Québec. Partout à travers le monde, le bilinguisme institutionnel (et non pas individuel) favorise invariablement la disparition progressive des langues minoritaires. Quant au multiculturalisme, il relègue les francophones au rang de minorité ethno-culturelle dont la langue est loin d’être la seconde en importance dans la majorité des provinces.
Le Canada anglais n’a jamais accepté la loi 101 qui ne visait qu’à établir au Québec ce qui constitue la normalité dans la plupart des États modernes. Le gouvernement canadien n’a jamais cessé d’intervenir de toutes sortes de façons, et encore aujourd’hui, pour favoriser la langue anglaise commanditant à coup de millions les groupes de pression comme Alliance Québec et son successeur : le Quebec Community Group Network (QCGN).
Certaines mesures de la constitution de 1982 ont été conçues spécifiquement pour affaiblir les mesures scolaires de la loi 101. Elles ont permis à ces groupes anglophones, financés par votre gouvernement canadien, d’obtenir de la Cour suprême plus de 200 modifications à la loi 101.
La couronne britannique s’est fait complice de ce coup de force qui a imposé unilatéralement au Québec la constitution de 1982 en permettant le rapatriement de la constitution de Londres à Ottawa contre la volonté du Québec et en récompensant ceux qui comme Jean Chrétien ont été des artisans de l’affaiblissement de la nation québécoise. Cette constitution illégitime n’a jamais été soumise au peuple québécois et aucun gouvernement québécois n’a accepté de la signer.
Le plus ironique, c’est qu’après l’épuration linguistique anti-francophone partout au Canada et l’assimilation croissante de ceux qui résistent encore courageusement, tout mouvement pour le renforcement de ce qui reste de la loi 101 se fait taxer d’extrémisme. Les Québécois ne doivent plus se laisser culpabiliser et calomnier à travers le monde par la presse anglo-saxonne. Il est plus que temps de briser le silence sur le passé anti-français du Canada anglais et de la couronne britannique, et d’exiger réparation.
Nous exigeons de votre part, à titre de représentants de la couronne britannique, des excuses pour le génocide acadien et l’épuration linguistique d’une large part de la population française hors Québec.
***
Gilbert Paquette, président des Intellectuels pour la souveraineté
Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Le réseau Cap sur l’indépendance regroupe les principaux organismes voués à faire du Québec un pays :
La ligue d’action nationale, Comité indépendantiste du Cégep du Vieux-Montréal, Comité souverainiste de l’UQAM, Conseil de la souveraineté du Québec, Fondation Octobre 70, Intellectuels pour la souveraineté, Jeunes patriotes du Québec, Aînés pour la souveraineté, Libre marcheur, Mouvement des étudiants souverainistes de l’Université de Montréal, Mouvement national des Québécois et des Québécoises, Mouvement pacifique pour l’indépendance du Québec, Mouvement souverainiste du Québec, Rassemblement pour l’indépendance nationale, Rassemblement pour un pays souverain, Réseau de Résistance du Québécois, Société nationale des Québécoises et Québécois des Laurentides, Société nationale Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine, Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie, Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et Vigile.

Squared

Gilbert Paquette68 articles

  • 99 647

Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)

Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’Assemblée nationale du Québec le 15 novembre 1976, réélu en 1981, Gilbert Paquette a occupé les fonctions de ministre de la Science et de la Technologie du Québec dans le gouvernement de René Lévesque. Il démissionne de son poste en compagnie de six autres ministres, le 26 novembre 1984, pour protester contre la stratégie du « beau risque » proposée par le premier ministre. Il quitte le caucus péquiste et complète son mandat comme député indépendant. Le 18 août 2005, Gilbert Paquette se porte candidat à la direction du Parti québécois. Il abandonne la course le 10 novembre, quelques jours à peine avant le vote et demande à ses partisans d’appuyer Pauline Marois. Il est actuellement président du Conseil d’administration des intellectuels pour la souveraineté (IPSO).





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé