La majorité francophone

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« Autrement dit, le Québec est un pays. Non pas légal, mais métaphorique. »


Aujourd’hui débutent à Québec les auditions publiques sur le projet de loi sur la laïcité. Or les jeux sont faits. 


Et ajoutons ceci : rien ne va plus pour les opposants au projet de loi 21, qui dans les dernières semaines n’ont pas épargné la majorité de Québécois partisane de la loi. Et c’est avec des mots cruels que ceux à qui répugne cette loi « liberticide » ont mené leur combat. Ils ont attaqué la majorité francophone favorable à la vision de la laïcité exprimée par la CAQ, qui, maintenant au pouvoir, réalise sa promesse électorale. 


Ceux qui croyaient ou espéraient que cette majorité allait diminuer sont en état de choc. Car lorsque les Québécois ont compris que défendre la laïcité proposée par le gouvernement Legault était de même nature que de défendre le français, c’est-à-dire que cette laïcité est indissociable de l’identité collective, ils se sont soudain réveillés en quelque sorte. C’est ainsi que l’appui à François Legault a pris de l’ampleur. 





Peuple distinct 


Un pessimisme certain existe quant à l’avenir des Québécois, « ce peuple en voie de disparaître ». Eh bien, le sursaut actuel autour de la loi 21 démontre que ce n’est pas pour demain. Le Québec possède encore du pouvoir. Non pas celui de faire reculer le multiculturalisme auquel s’accommode le Canada anglais, devenu un paradis postnational, mais celui d’affirmer la distinction québécoise à l’intérieur de nos juridictions. 


Il faut espérer que les diffamateurs les plus virulents de la majorité francophone vont se ressaisir, car en démocratie parlementaire, le gouvernement élu peut imposer ses lois. 








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Les adversaires préparent déjà leurs arguments pour invalider la loi 21. D’autres tenteraient même de contester la légitimité et la constitutionnalité de l’usage de la clause dérogatoire voulue par Pierre Elliott Trudeau et inscrite dans la constitution. 


De toutes les provinces, seul le Québec se définit comme une société distincte. À l’exception de l’Alberta, cette province qui a permis d’enrichir tout le Canada dans le passé avec son énergie et qui rue dans les brancards à cause de la politique environnementale du Canada dirigé par les libéraux. 


Héritage français 


Autrement dit, le Québec est un pays. Non pas légal, mais métaphorique. Sa vision de la laïcité est étrangère à celle des pays anglo-saxons. Elle conçoit la laïcité de l’État comme appartenant à son héritage historique français. C’est pourquoi au Canada anglais les élites intellectuelles et médiatiques considèrent que la France avec son interdiction des signes religieux est un pays raciste. Le pays du siècle des Lumières, celui de Voltaire, de Montesquieu et de Diderot, est dénoncé comme antidémocratique. Et, par extension, le Québec francophone aussi. 


Quelle discrimination et quelles insultes nous accablent, quelles injures s’abattent sur nous, nous qui avons été un peuple minoritaire méprisé des conquérants anglais ! Et voilà que des minorités culturelles et religieuses, venues s’installer au Québec sans tenir compte de sa distinction, reprennent en chœur les mots blessants pour nous dénaturer. 


Nous ne sommes ni racistes ni islamophobes. Rien dans notre histoire ne fait de nous un peuple dominateur, peu respectueux des lois et sans valeurs.