La Bourse de Paris proche de la capitulation ?

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Capitulation ? Plutôt la déroute


Les marchés européens replongent dans le sillage des valeurs bancaires. Le discours de la présidente de la Fed, mercredi, n’a pas ramené le calme sur les marchés.


« En ce moment, c’est tous aux abris. On coupe tous les risques et on va sur les dettes souveraines sûres ! ». Pour Xavier de Buhren, gérant chez Mirabaud AM, les marchés sont en plein doute, proches de la capitulation. Jeudi, la Bourse de Paris a chuté encore de 4.05 % sous les 3.900 points à 3.897 points. Elle perd plus de 15 % depuis le début de l’année et même plus de 25% depuis son pic d’avril 2015… Le Stoxx 600 en Europe a cédé 4%.


La Bourse de Hong Kong a plongé jeudi matin de 3,85% après trois jours de fermetures liés aux fêtes du nouvel an… Elle n’avait pas connu un tel début d’année depuis 1994, lorsque les investisseurs s’inquiétaient pour l’état de santé de Deng Xiaoping. Aujourd’hui, c’est la santé de l’économie mondiale dans son ensemble qui provoque une succession de vent de panique sur les marchés !

« Vous l’aurez compris, l’année 2016 va être volatile ! Entre les variations du Yuan et celle du pétrole, les risques de fin de cycle aux Etats-Unis et l’effondrement de la croissance chinoise, les investisseurs auront de quoi se faire peur, très peur », constate CPR AM. Et on pourrait ajouter les risques de retour de la crise des pays périphériques (Grèce, Portugal dont les taux d’intérêt flambent, crise gouvernementale en Espagne... ), le risque de Brexit en Grande Bretagne.

Crise bancaire

Tous ces risques ont fini par se répercuter sur les banques. Si quasiment aucun secteur de l’économie n’est épargné par la baisse depuis avril, la chute des valeurs bancaires rappelle les pires heures de l’après faillite de Lehman Brothers en 2008. Si l’indice Stoxx Europe 600 Banks perd 28 % depuis le début de l’année… il chute surtout de 42 % depuis avril ! La crainte ? Que le « secteur bancaire et financier subisse une vague de défaut (entreprises, voire Etats-pétroliers) et soit amené, en conséquence, à assécher le crédit à l’économie », constate Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities. « Si ce scénario se réalise, la croissance économique, fragile ou hésitante ans de nombreuses régions n’y résisterait pas ». Parmi toutes les craintes autour des banques, une semble « légitime », selon UBS, c’est « l’impact sur les résultats des banques de plus en plus de taux négatifs de la part des banques centrales et de rendement de plus en plus bas des emprunts d’Etat ». Mais pour le reste, le risque que « les banques soient contraintes d’augmenter leur capital » lui parait surestimé.

Si aujourd’hui, les marchés semblent se plaire à envisager le pire et à ne voir que « les ondes négatives», le problème c’est qu’ils ne sont pas aidés non plus par les discours alarmistes du FMI sur la croissance mondiale ou par les atermoiements des banques centrales. Le discours de Janet Yellen mercredi n’a pas eu d’effet sédatif sur les marchés . Elle a souligné les risques accrus sur la croissance, notamment « les incertitudes de changes » de la Chine qui «accroissent la volatilité sur les marchés financiers», mais aussi les conditions financières moins favorables aux Etats-Unis, en raison du déclin des actions et de l’appréciation du dollar, qui si elles persistaient pourraient « peser sur l’activité et le marché du travail ». Pour les marchés, c’est un peu jeter de l’huile sur le feu.

L’énigme du pétrole

En l’état actuel, qu’est ce qui pourrait faire rebondir les marchés ? Pour la plupart des stratégistes, la clé serait un rebond ou au moins une stabilisation du prix du pétrole, source de nombreux déséquilibre. Cela pourrait aussi venir des résultats des entreprises, notamment en Europe. Que les marchés prennent conscience que les entreprises européennes, désendettées, se portent mieux et bénéficient toujours de l’alignement des étoiles (taux bas, baisse de l’euro et du faible coût des matières premières). Mais le discours des entreprises n’aide pas. Logique selon Xavier de Buhren : « les entreprises ont un peu de recul. Elles voient que l’environnement économique se complique, ce qui les oblige à être prudentes pour 2016, comme pour Legrand ou Faurecia dont les résultats sont plutôt bons ».

Capitulation

Enfin, rappelait encore Bank of America Merrill Lynch, il n’y a pas encore eu une vraie séance de capitulation sur les marchés comme en août dernier ou comme en 2008. « Si l’on regarde les indicateurs techniques qui montrent si les valeurs sont surachetées ou survendues, on constate que l’on est pas encore en zone de surventes sur beaucoup de titres. Par ailleurs, les flux venant de la gestion privée et des particuliers montrent qu’il n’y a pas eu de panique », souligne Xavier de Buhren, qui estime que « techniquement, le CAC 40 peut encore tomber à 3.600 points, qui sera un gros support ».



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