Inquiétude à Québec sur les banques de données politiques

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Les données des électeurs servent à faire du profilage électoral

La ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Kathleen Weil, se dit « très inquiète » du détournement de données personnelles colligées par les géants du Web à des fins de manipulation de l’opinion publique lors de campagnes électorales.


L’élu solidaire Gabriel Nadeau-Dubois l’invite à légiférer. « La table est mise pour des dérapages », a-t-il déclaré, à six mois des élections générales. « On ne peut pas laisser ça aller. On ne voudrait pas se retrouver avec des scandales », a-t-il ajouté, faisant allusion à l’affaire Cambridge Analytica.


L’entreprise spécialisée dans le traitement de « données pour changer le comportement des masses » a mis la main sur des renseignements personnels de 50 millions de personnes obtenus grâce à une application aux allures de test psychologique autorisée par Facebook.


L’affaire Cambridge Analytica expose au grand jour comment la possession de données personnelles sur des millions d’individus « change la donne » dans une campagne électorale. « Il faut des balises », a insisté M. Nadeau-Dubois mardi.


Le député de Gouin appelle les réseaux sociaux — au premier chef Facebook — à « fai[re] partie de la solution » tout en invitant leurs utilisateurs à la prudence. « Si vous ne payez pas pour un produit, c’est que vous êtes le produit. Donc, il ne faut pas se leurrer face à la gratuité de ces plateformes-là. Il y a des pratiques de capture de données personnelles pour des raisons mercantiles », a poursuivi le député de Gouin.


Pour renforcer la « protection de la vie privée » des électeurs, le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) prône une révision des dispositions « désuètes » de la Loi électorale.


« On est préoccupés par la mise en place par les partis politiques de banques de données, qui recueillent des renseignements sur les électeurs sans que ces derniers aient consenti à cette collecte », affirme la porte-parole du DGEQ, Alexandra Reny.


À l’heure actuelle, les partis politiques ne sont pas assujettis à la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé, fait-elle remarquer.


Par ailleurs, le DGEQ propose de ne remettre les listes électorales qu’aux partis politiques s’étant dotés d’une politique en matière de protection de la vie privée recensant les « mesures adoptées pour garantir la confidentialité des renseignements » s’y trouvant. « La finalité de la liste électorale permanente n’est pas de favoriser la constitution de banques de données », dit Mme Reny.


S’il n’en tenait qu’à lui, le DGEQ réduirait la fréquence de diffusion des listes électorales aux formations politiques en dehors des campagnes électorales et les expurgerait de toute date de naissance et mention de sexe des électeurs. « Ces renseignements ne sont pas nécessaires pour communiquer avec les électeurs », fait valoir la porte-parole du DGEQ. « On recommande également de ne plus divulguer de renseignements personnels permettant d’établir l’identité des électeurs vulnérables ou de révéler leur intention de voter », ajoute-t-elle.


« Préoccupée », la Commission d’accès à l’information effectue de son côté des vérifications auprès de Facebook et d’autres compagnies afin de déterminer si des renseignements impliquant des citoyens québécois ont pu être utilisés.


Québec solidaire n’a jamais fait l’acquisition de lots de données auprès d’un tiers. « C’est un principe qui est pour nous très important : on n’achète pas de données, on mobilise les gens, puis, dans cette mobilisation-là, les gens nous donnent les moyens de les contacter », a précisé Gabriel Nadeau-Dubois. 


> La suite sur Le Devoir.



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