François Legault: un moment autonomiste

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Le PQ peut-il encore incarner la défense des intérêts nationaux ?



Il y a quelque chose comme une lune de miel entre le gouvernement Legault et les Québécois, qui avaient perdu l’habitude d’avoir un premier ministre les respectant.




François Legault est bien dans son rôle. Ces dernières années, il avait flirté exagérément avec les fédéralistes radicaux, comme s’il voulait faire oublier qu’il avait longtemps été souverainiste. Mais depuis son élection, sa vraie nature remonte à la surface. Legault apparaît comme un nationaliste sincère, attaché au principe du Québec d’abord.




Autonomisme




Personne ne s’imagine qu’il redeviendra souverainiste demain. Mais il sert son pays, le Québec, qu’il ne voit pas comme une simple province du Canada.




Pour bien comprendre le gouvernement Legault, il faut l’inscrire dans le temps long de notre histoire.




Depuis près de deux siècles, le nationalisme québécois a été traversé par deux grandes options.




La première, on le sait, c’est l’indépendance. On l’associe généralement au Parti patriote, au XIXe siècle, et au combat souverainiste mené essentiellement par le Parti québécois, depuis la Révolution tranquille. Mais que fait-on lorsque l’indépendance semble profondément bloquée pour un temps, comme c’est aujourd’hui le cas ?




Il faut alors sauver les meubles.




On se rabat vers le deuxième courant, l’autonomisme. Les autonomistes cherchent à défendre notre peuple dans le Canada, qu’ils acceptent sans nécessairement l’aimer. Ils croient que le Québec peut y faire valoir ses droits et son identité. Du moins, ils veulent essayer. C’est le programme de la CAQ.




Depuis le 1er octobre, nous sommes passés d’un souverainisme de centre gauche épuisé à un autonomisme de centre droit assez vigoureux. Les Québécois, globalement, en sont là.




Surtout, avec la CAQ, les francophones ont repris le contrôle de leur gouvernement alors que depuis des années, ils se sentaient étrangers chez eux. La mission historique du gouvernement Legault, c’est de remettre de l’avant l’affirmation identitaire de la majorité historique francophone et de redonner confiance aux Québécois. La question de l’identité, et plus précisément, de la laïcité, n’est pas qu’un dossier parmi d’autres pour ce gouvernement. C’est autour d’elle que se joue le droit, pour le Québec, d’affirmer sa personnalité collective, en refusant de se laisser digérer par le multiculturalisme canadien.




Mais l’autonomisme de Legault pourrait bien rencontrer là ses limites. Comment les Québécois réagiront-ils quand ils constateront que même leurs revendications identitaires les plus modérées sont contestées par le Canada ? Le nouveau Beau risque de la CAQ pourrait avorter devant un Canada s’entêtant à nous nier comme peuple.




Dans ce contexte, même s’ils ne sont plus à l’avant-plan, les souverainistes ont un rôle important à jouer en rappelant aux Québécois que leur option est encore vivante.




PQ




On trouve évidemment des souverainistes à la CAQ, mais ils sont en dormance.




Il faut que l’indépendance retrouve des porte-parole crédibles.




Il est essentiel de ne pas en laisser le monopole aux excités de Québec solidaire. S’ils ont un rôle à jouer, ils ne sauraient incarner le leadership souverainiste.




Même si plus personne ne pense à eux, les péquistes devraient se mettre au boulot. Seront-ils à la hauteur ?