Il y avait quelque chose d’atterrant à lire hier le dossier du Journal sur la tendance qui pousse à la multiplication des chirurgies du sexe féminin, et cela, chez de jeunes femmes de 18 à 22 ans.
Jeunesse
Invités à expliquer le phénomène, les chirurgiens interviewés ont tous la même réponse : ces jeunes femmes ont l’imaginaire colonisé par les codes de l’industrie pornographique. Leur objectif : ressembler à des actrices du X.
Autrement dit, ces jeunes femmes sont étrangères à leur propre corps, qu’elles croient devoir mutiler pour le rendre désirable. Elles ne s’aimeront physiquement qu’à condition de ressembler à un modèle féminin artificiel construit pour exciter la part primitive de l’homme, et plus exactement, d’un homme qui est conditionné lui-même à désirer selon les codes du porno, au point même d’en venir à préférer les plaisirs solitaires à la rencontre d’un corps réel.
Comment ne pas voir dans cette offense faite au corps des femmes la manifestation d’une violence symbolique humiliante, qui se transforme, lorsqu’arrive le temps du bistouri, en une violence physique bien concrète ?
Une violence qui, c’est le comble, entraînera chez elle une diminution du plaisir sexuel.
Faut-il vraiment rappeler que la beauté ne s’incarne pas dans un seul modèle corporel, non plus que dans un seul type de visage ? Le désir est chose complexe, et sa reprogrammation selon les rituels du porno l’appauvrira inévitablement.
Barbarie
Dieu sait que je ne veux sermonner personne. Chacun mène sa vie comme il l’entend. Si une femme veut passer devant le chirurgien, cela lui appartient. Depuis la nuit des temps, l’être humain veut effacer le passage du temps sur son corps. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Nous parlons d’une authentique aliénation. Et rien ne devrait nous empêcher de mettre en garde les femmes contre la tentation de se laisser charcuter pour faire bander.