Récemment débarqués, environ 200 enfants d’immigrants seront francisés dans des écoles secondaires anglaises à Pierrefonds et à Pointe-Claire. En effet, la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), qui manque désespérément de locaux, doit composer avec un afflux massif de nouveaux élèves issus de l’immigration.
En décembre dernier, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, avait révélé que la commission scolaire francophone de l’ouest de l’île de Montréal louerait des classes dans des écoles de la Commission scolaire Lester-B.-Pearson. Déjà, l’annonce apparaissait incongrue. Or voilà que Le Journal de Montréal révélait lundi qu’il ne s’agissait pas de classes ordinaires pour des élèves francophones, mais de classes d’accueil pour des enfants de nouveaux arrivants qui ne parlent pas le français.
Ainsi, c’est dans deux écoles anglaises, Lindsay Place et Riverdale, que ces enfants d’immigrants apprendront le français et se familiariseront avec la culture québécoise. Ce sont évidemment des enseignants de la commission scolaire francophone qui seront dépêchés dans ces classes pour donner les cours.
Pour la présidente du Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal, Mélanie Hubert, cela ne présage rien de bon pour l’intégration de ces élèves immigrants. Déjà, les enseignants ont de la difficulté à faire en sorte que les élèves parlent le français entre eux dans la cour des écoles de la CSMB, fait-elle observer. La commission scolaire a d’ailleurs lancé une campagne intitulée « Vivre ensemble en français » pour inciter les élèves à socialiser dans la langue de Molière, eux qui, pour la plupart, deviennent parfaitement à l’aise en anglais.
Même si la CSMB compte 30 000 élèves de moins, toutes catégories confondues, que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) avec ses 76 000 élèves, elle reçoit davantage d’élèves immigrants dans ses classes d’accueil. Selon son rapport annuel 2016-2017, 4209 élèves les fréquentaient et, depuis, quelque 2000 enfants se seraient ajoutés. Les familles de nouveaux arrivants s’établissent davantage dans l’ouest de l’île que dans l’est.
En envoyant ces enfants dans des écoles anglaises, le gouvernement Legault, qui parle pourtant d’améliorer la francisation des immigrants, leur envoie un douteux message : que l’anglais est aussi important, sinon davantage, que le français au Québec.