Reprise de ma chronique parue ce mardi dans les pages du Journal de Montréal et du Journal de Québec.
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Cap sur le 19 octobre 2015. Jour de la prochaine élection fédérale. Si le pouvoir politique et économique glisse vers l’Ouest canadien, le Québec sera une cible de choix dans une élection qui s’annonce féroce et serrée.
À Ottawa, le fond de l’air est préélectoral. Pour Stephen Harper, les enjeux sont élevés. Visant un quatrième mandat consécutif, le premier ministre et chef conservateur joue son va-tout.
Sur le plan national, il espère voir libéraux et néo-démocrates se diviser le vote suffisamment pour lui donner la victoire. Faisant de l’œil au Canada anglais, il tente même de capitaliser sur la défaite cuisante du PQ.
Au Québec, le Parti conservateur est pourtant bon dernier depuis des années. Selon un récent sondage Léger-Le Devoir, chez les francophones, même le Bloc québécois est à 21%. Les conservateurs, eux, croupissent à 12%.
Le désamour est total
Bref, pour ce qui est de l’«influence» de M. Harper sur la politique québécoise, on repassera. Même l’harmonie retrouvée depuis la victoire de Philippe Couillard ne l’aide en rien.
Malgré ses 5 sièges seulement sur 75 au Québec, il visera les régions de la Capitale, du Saguenay et du Bas-du-Fleuve.
La réalité crève pourtant les yeux. Le Québec a tourné le dos aux conservateurs. Le désamour est total. La «grande séduction» folklorique qu’il lui prépare n’y fera rien.
Selon le Globe and Mail, le premier ministre tiendrait en septembre sa réunion de cabinet à Québec. Pour mousser les 150 ans du Canada à venir en 2017, il en profiterait pour vanter les Pères «conservateurs» de la Confédération. Incluant George-Étienne Cartier.
Comment peut-on être aussi déconnecté pour croire que des Québécois seraient séduits par une exhumation propagandiste évidente de la «Confédération» de 1867?
Aux obsessions militaristes et royalistes de Stephen Harper s’ajoute maintenant le folklore électoraliste. Pitoyable.
Les facteurs Bloc et Trudeau : deux inconnues
Sous Mario Beaulieu, le Bloc espère faire des gains avec un discours souverainiste clair. La chasse aux candidats potentiels est également lancée. Avec un caucus de quatre membres, l’élection de 2015 sera décisive pour le Bloc. Ou il aura un sursaut de vie, poursuivra sa lente agonie ou rendra son dernier souffle.
La vraie lutte ici se fera entre le NPD de Thomas Mulcair et les libéraux de Justin Trudeau. Avec 56 députés, l’organisation du NPD est solide. Malgré son discours vide sur le Québec, sous-estimer le facteur «charme» de Justin Trudeau serait toutefois une erreur.
Or, au-delà des forces en jeu, un constat s’impose. Les Québécois sont majoritaires à rejeter l’indépendance tout en se désintéressant de plus en plus de politiques fédérales dont l’impact sur leurs vies est pourtant majeur.
Ce qui se profile pour 2015 ne fera rien pour réveiller leur intérêt. Ni le fait que trois chefs fédéraux sont du Québec.
La «menace séparatiste» est à bout de souffle au moment même où les Québécois ne demandent plus rien à un pouvoir réel dont ils se détachent néanmoins. Pour Ottawa, c’est un cadeau.
Pour le Québec, c’est la pire des combinaisons.
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