Sept ans après son arrivée à la Maison Blanche, George Bush s'est finalement décidé à s'emparer du dossier israélo-palestinien, dont il avait concédé jusqu'à présent la gestion aux gouvernements israéliens successifs. Il convient de saluer cet engagement américain, aussi tardif soit-il, et qui doit manifestement beaucoup à la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. Mais il faut également en rechercher les raisons véritables à l'est de Jérusalem, en Iran plus précisément.
Instruite de ses déboires en Irak, l'administration américaine semble convaincue qu'il lui faut donner des gages dès aujourd'hui sur la question palestinienne pour se retrouver dans la meilleure position possible lorsque viendra, si cela est le cas, le temps de la confrontation avec un régime iranien qui n'entend pas reculer sur la question de son programme nucléaire.
Ce pari est risqué. Washington a trop tardé, en effet. Les deux hommes qui entouraient M. Bush, mardi 27 novembre, à Annapolis, le Palestinien Mahmoud Abbas et l'Israélien Ehoud Olmert, conjuguent faiblesse et discrédit. La cassure des deux territoires palestiniens, entre une bande de Gaza régie par le Hamas et une Cisjordanie théoriquement administrée par une Autorité palestinienne identifiée au Fatah de M. Abbas, rend plus que problématique la mise en route d'un processus politique. Côté israélien, la coalition de M. Olmert ne résistera pas longtemps à l'ouverture de négociations substantielles, et le "camp de la paix" a disparu depuis longtemps.
La tâche de Mme Rice, qui va superviser les discussions israélo-palestiniennes, sera ardue. Elle ne part pas sans expérience, pour avoir déjà négocié avec acharnement, en novembre 2005, après le retrait unilatéral israélien, un accord qui aurait peut-être pu sauver Gaza de la faillite s'il n'avait pas été réduit à néant par les préalables sécuritaires imposés par les Israéliens.
Ce pari est périlleux aussi parce qu'il s'agit sans doute, pour l'Etat palestinien, des discussions de la dernière chance. La colonisation et le maillage sécuritaire israéliens imposés en Cisjordanie ont créé une situation presque irréversible. Si l'administration américaine bute là où toutes les précédentes ont échoué, la solution des deux Etats cessera d'être une option crédible.
Cet ultime fiasco provoquerait, en retour, une puissante lame de fond qui placera les alliés des Etats-Unis dans la région dans une situation intenable. Lorsque Mme Rice indiquait lors de ses visites à Jérusalem et à Ramallah que l'échec n'était pas une option, il ne s'agissait certainement pas d'une figure de rhétorique ni de l'expression d'un volontarisme de circonstance. Un revers condamnerait définitivement la Palestine et propulserait l'Iran au premier rang des puissances du Proche et du Moyen-Orient.
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Dernière chance?
Un revers condamnerait définitivement la Palestine et propulserait l'Iran au premier rang des puissances du Proche et du Moyen-Orient
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