Entendez-vous ce silence assourdissant ? C’est le silence des artistes québécois depuis le débat en anglais de jeudi dernier.
Avez-vous entendu des chanteurs, cinéastes, comédiens, écrivains se scandaliser de la façon abjecte dont le Québec a été giflé à la télévision nationale ?
Oh, ils sont toujours prêts à dénoncer des micro-agressions ! Mais quand la province est la cible d’une macro-agression, ils sont aux abonnés absents !
SILENCE RADIO
On se doutait bien qu’on ne pouvait pas compter sur Émile Bilodeau, qui portait un macaron anti-loi 21 lors de la fête nationale de 2020, pour prendre le flambeau. Mais est-ce vraiment trop demander à la jeune génération que de se relever la tête et de dénoncer le fait qu’encore une fois le Canada anglais nous traite comme une bande d’arriérés racistes ?
Ces artistes supposément si fiers de travailler en français, ils ne trouvent rien à dire quand le ROC accuse le projet de loi 96 d’être discriminatoire ?
Je suis allée faire un tour sur les médias sociaux de plein d’artistes d’âge et d’horizons divers pour trouver des déclarations d’indignation, des appels à la mobilisation...
Une comédienne très engagée à gauche, constamment sur les médias sociaux, a écrit que ce soir-là elle regardait le match de tennis de Leylah Fernandez plutôt que le débat des chefs. Oui, d’accord, mais le lendemain et les jours suivants, tu n’avais rien à dire ? RIEN ?
Les animateurs, comédiens populaires, ils en pensent quoi de cette attaque frontale ? Ils sont trop occupés à vous parler de leur nomination aux Gémeaux qui ont lieu dimanche.
Elles sont où les grandes gueules chez nos artistes subventionnés ? Ils ont peur de déplaire à leur public, à leur gang, à leur clique ?
Heureusement que les humoristes existent. J’ai trouvé Guy Nantel qui a écrit : « Vos lois sont légitimes Monsieur Legault, mais c’est tout de même vous qui faites le choix d’accepter de vous soumettre à une charte que nous n’avons pas signée et de laisser un État colonial dicter notre destin. Il n’en tient qu’à nous tous de nous montrer forts et souverains ».
Et Martin Petit m’a beaucoup fait rire en écrivant : « À date cette élection qui nous coûte 600 millions sert à rappeler aux Québécois que l’establishment canadien les considère comme des attardés. J’aimais mieux avant, au moins c’était gratuit ». Et encore plus quand il a écrit : « Le jour où on pourra transformer le mépris en électricité, Toronto brillera éternellement ».
LE CONFORT ET L’INDIFFÉRENCE
Je ne demande pas aux artistes de 2021 d’être aussi engagés que Paul Piché, Pauline Julien, Michèle Lalonde, Félix Leclerc, Michel Brault. Mais je me dis quand même qu’on s’ennuie de ce qu’aurait pu dire, au lendemain du débat en anglais, un artiste comme feu Pierre Falardeau.
Aurait-il répété sa phrase célèbre : « On va toujours trop loin pour les gens qui vont nulle part » ? Ou encore : « Si tu te couches, ils vont te piler dessus. Si tu restes debout et tu résistes, ils vont t’haïr mais ils vont t’appeler monsieur » ?
Peut-être qu’il aurait écrit sur Twitter et Facebook cette citation de La Boétie qu’il avait placée dans Le temps des bouffons : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».
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