Un gouvernement propose de pénaliser l’utilisation de l’anglais.
Il considère que l’anglais « rabaisse » et « dégrade » la langue nationale commune.
Il condamne « l’anglomanie », et les amendes pour les contrevenants peuvent aller de 5000 $ à 147 000 $.
Non, ce n’est pas dans le vilain Québec que sévit ce méchant gouvernement, c’est en Italie ! Oui Monsieur, si Signore !
ONLY IN ITALY
Quand j’ai lu cette nouvelle relayée par CNN, j’avoue que je suis tombée en bas de ma chaise (puisque depuis la pub du faucon pèlerin je ne dis plus « flabbergastée »).
Selon ce projet de loi, quiconque occupe un emploi dans la fonction publique doit avoir une connaissance orale et écrite et une maîtrise de l’italien.
On interdit également l’utilisation de l’anglais dans les documents officiels, ce qui comprend les acronymes et les titres des emplois dans les compagnies qui font affaire en Italie (PDG au lieu de CEO, par exemple).
Des compagnies étrangères seraient forcées d’avoir des versions italiennes de tous les règlements internes et de tous les contrats d’emplois.
Toujours selon CNN : « Le premier article de la loi garantit que, même dans les départements où on fait affaire avec des non-italophones, l’italien soit la langue d’usage. L’article 2 stipule que l’italien serait obligatoire pour la promotion et l’utilisation des services et des biens publics, partout sur le territoire national ».
Regardez ce que stipule le projet de loi : « Ce n’est pas juste une question de mode, parce que les modes passent. Mais l’anglomanie a des répercussions sur la société dans son ensemble ».
Si les Italiens se sentent menacés par l’anglais et qu’ils sentent le besoin de protéger leur langue nationale, vont-ils être accusés d’être intolérants, trop nationalistes et repliés sur eux-mêmes ?
Vont-ils se faire dire qu’ils doivent être plus bilingues, que c’est chill, cool, d’avoir la vibe, man et que la défense de sa langue nationale est dépassée, ringarde, has been ?
- Écoutez la rencontre Durocher-Dutrizac avec Sophie Durocher au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
UNE LANGUE À ASSEMBLER
Parlant d’« anglomanie », en voulez-vous une bonne ? Samedi après-midi, dans un Ikea, le préposé à la caisse m’a accueillie avec un « Suivant, next ! » puis un « Bonjour, hi ! ».
Quand je lui ai rappelé, poliment et gentiment, que le français était la seule et unique langue officielle du Québec, il m’a répliqué sur un ton cassant que « c’est ce genre de chialage qui fait qu’il y a autant de Quebec-hating ».
Demander de respecter la loi, se tenir debout et répéter une évidence, ça attise la haine... de nous-mêmes !
Vous vous souvenez, en 2020, quand Le Journal avait présenté tout un dossier sur le « Bonjour, Hi » une vendeuse de Victoria’s Secret avait raconté que « certains de ses collègues préféraient s’adresser aux clients en anglais, par crainte de représailles ».
« On est au centre-ville. Souvent, lorsqu’on accueille des clients en français, certains le prennent personnel et on se fait crier après », avait-elle expliqué à mes collègues.
Au Ikea, samedi, j’ai demandé à parler au gérant. Quand j’ai rappelé à celui-ci que même l’Assemblée nationale avait adopté à l’unanimité une motion qui invitait les commerçants à saluer leur clientèle avec uniquement le mot « Bonjour », il m’a répondu sèchement qu’on était une province bilingue.
Et ce gars-là est un francophone !
N’en déplaise aux Suédois, et pour faire comme les Italiens, je vais continuer à me battre pour ma langue nationale : le français !